Prochaine planète

Publié le par Debordiana

Les constructeurs en sont perdus, mais d’inquiétantes pyramides résistent aux banalisations des agences de voyage.


Le facteur Cheval a bâti dans son jardin d’Hauterives, en travaillant toutes les nuits de sa vie, son injustifiable «Palais Idéal» qui est la première manifestation d’une architecture de dépaysement.


Ce Palais baroque qui détourne les formes de divers monuments exotiques, et d’une végétation de pierre, ne sert qu’à se perdre. Son influence sera bientôt immense. La somme de travail fournie par un seul homme avec une incroyable obstination n’est naturellement pas appréciable en soi, comme le pensent les visiteurs habituels, mais révélatrice d’une étrange passion restée informulée.



Ébloui du même désir, Louis II de Bavière élève à grands frais dans les montagnes boisées de son royaume quelques délirants châteaux factices — avant de disparaître dans des eaux peu profondes.
    La rivière souterraine qui était son théâtre ou les statues de plâtre dans ses jardins signalent cette entreprise absolutiste, et son drame.

Il y a là, bien sûr, tous les motifs d’une intervention pour la racaille des psychiatres ; et encore des pages à baver pour les intellectuels paternalistes qui relancent de temps en temps un «naïf».
    Mais la naïveté est leur fait. Ferdinand Cheval et Louis de Bavière ont bâti les châteaux qu’ils voulaient, à la taille d’une nouvelle condition humaine.

Potlatch no 4, 13 juillet 1954


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