Appel à la solidarité internationale avec les travailleurs en lutte du Mali


Les ouvriers grévistes auto-organisés des usines HUICOMA occupent la Bourse du travail de Bamako depuis quatre mois.





Lancé fin janvier par les délégués de la «sous-commission communication et mobilisation» et le comité de soutien animé par le «Mouvement des sans-voix» (que les léninistes maliens ont de toute façon déjà dénoncé comme étant composé de dangereux provocateurs «anarchistes», de «rastaman» ultrarévolutionnaires et autres «faiseurs de coups d’État»), l
eur Appel à la solidarité internationale, relayé par le Jura Libertaire le 9 février, est visible en ligne depuis le 5 mars sur TV Bruits.

Aux dernières nouvelles (le 2 mars), les grévistes de HUICOMA occupent toujours la Bourse du travail de Bamako, avec cette même détermination qui force l’admiration. Leur Appel à la solidarité internationale… commence à tourner notamment parmi «les sans-papiers» de la région parisienne (dont la grande majorité se compose de «Maliens» au sens large du terme, incluant Sénégalais, Ivoiriens ou Burkinabés de culture malinké ou dioula) — qui sont malheureusement divisés à un degré caricatural par d’innombrables querelles entretenues d’abord par la féroce concurrence des récupérateurs-manipulateurs de tout acabit, qui, on s’en doute, n’aiment guère entendre parler d’auto-organisation, ni d’expression autonome des acteurs des luttes. C’est dire que cet Appel

garde toute son actualité, alors même que le spectacle voudrait faire du Mali un désert où les méchants terroristes d’Al-Qaïda rançonnent le gentil personnel humanitaire de la DGSE.
JL, 8 mars 2010.





Voici des liens permettant de prendre connaissance de ce film de vingt minutes, réalisé les 23, 24 et 25 janvier 2010 à Bamako par le collectif des travailleurs licenciés et non licenciés de HUICOMA et son comité de soutien :





Occupation de la Bourse du travail de Bamako par les travailleurs de HUICOMA

Aujourd’hui, 10 novembre 2009, nous, travailleurs de HUICOMA, licenciés depuis 2005 et non licenciés avons décidé d’organiser un sit-in à la Bourse du travail pour une fois de plus nous faire entendre auprès des autorités de la République du Mali et expliquer à l’opinion nationale et internationale la situation qui prévaut au sein de HUICOMA et des villes (Koulikoro, Koutiala, Kita) qui abritent ses différentes unités industrielles.

Ce sit-in n’est que la suite de la lutte que nous menons depuis bientôt cinq ans contre le groupe Tomota qui a repris 84,13% des actions de HUICOMA détenues par l’État suite au protocole d’accord de cession signé avec prise d’effet le 2 juin 2005.

Pour rappel, le groupe Tomota n’a jamais respecté un seul article du cahier des charges, au grand dam du gouvernement de la République du Mali malgré les multiples avantages (non payement de taxes pendant huit ans, exonérations douanières, baisse du prix de la graine de coton, cession de HUICOMA à 9 milliards alors que celle-ci était estimée à plus de vingt milliards FCFA) que ce dernier lui avait accordés, qui le favorisait et l’assurait de l’avenir même de HUICOMA. Le politique du silence du gouvernement de la République du Mali vis-à-vis du groupe Tomota n’engage-t-elle pas sa responsabilité dans cette tragédie ?

Ce qui nous pousse nous citoyens honnêtes et travailleurs intègres à nous demander si Alou Tomota et son groupe ne sont pas au dessus de la loi ? Ou Alou Tomota et son Groupe seraient-ils des mercenaires venus en mission pour fermer la machine qu’est HUICOMA ?

Tant de questions que nous nous posons à juste titre et dont nous exigeons des réponses de la part de ceux-là qui ont cédé HUICOMA pour une bouchée de pain !

Après la marche du 24 septembre, le meeting du 24 octobre 2009 à Koulikoro et la marche du 6 octobre 2009 à Koutiala, nous avons remis des déclarations au Gouverneur de la région de Koulikoro et au préfet de Koutiala dans lesquelles, nous posions nos revendications afin qu’ils transmettent à qui de droit, exigeant des réactions dans un délai de deux semaines car cela fait déjà cinq ans que nous attendons dans des conditions inhumaines.

Force est de constater que le gouvernement a montré sa bonne volonté en invitant à la table des négociations toutes les parties (Tomota et les travailleurs), mais Tomota qui n’a aucun respect pour le gouvernement et les honnêtes travailleurs qu’il martyrise depuis cinq ans ne s’est même pas donné la peine de répondre à ladite invitation préférant envoyer ses sbires !

Aujourd’hui, nous sommes de retour pour montrer notre volonté et notre détermination à réclamer l’implication des tous les acteurs. Ce sit-in donne le coup d’envoi d’une série d’actions directes que nous projetons jusqu’à ce que Tomota et l’État malien plient et tiennent leurs engagements vis-à-vis des travailleurs tous confondus ainsi que vis-à-vis du peuple malien.

Nous appelons toutes les bonnes volontés (politiques, sociales, individuelles, collectives, religieuses, coutumières) à nous soutenir parce que la question de HUICOMA est une question de taille nationale, et qu’il y va l’honneur et de la dignité du peuple malien ainsi de que son intérêt supérieur.

Nous exigeons :
- La renationalisation sans délai et sans condition de Huicoma ;
- Le paiement sans délai et sans condition du plan social 2003 de la CMDT amélioré, adopté pour les travailleurs de la CMDT et des mesures d’accompagnement à partir de la date du rachat le 16 Mai 2005 ;
- La reprise sans délai et sans condition des activités de l’entreprise.

Nous sommes ouverts au dialogue et à toute initiative visant à résoudre cette question qui a assez duré.

Nous appelons le Chef de l’État, Président de la République à s’impliquer personnellement pour que justice soit rendue à tous les enfants du pays et que nul ne soit traité différemment.

Tomota doit rendre compte de ses actes devant la justice et l’État doit prendre sa responsabilité pour signifier la fin de l’impunité, du laxisme, du népotisme, du clientélisme et de la corruption.

Bamako, le 10 novembre 2009
Les travailleurs et le collectif de soutien


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Mali : Soutien aux travailleurs de l’HUICOMA

LA CNT se porte aux côtés des travailleurs en lutte de l’Huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA).

En raison de la fermeture de cette société qui assurait la production d’huile de coton et de tourteaux destinés à l’alimentation du bétail à partir des graines dans plusieurs usines du pays, les travailleurs de HUICOMA ont décidé d’organiser le 10 novembre 2009 un sit-in illimité à la Bourse du travail de Bamako pour une fois de plus tenter de se faire entendre par les autorités maliennes et expliquer à l’opinion nationale et internationale la situation scandaleuse.

Car ce sit-in est l’ultime épisode d’une saga qui dure depuis de nombreuses années, car la plupart des salariés présents sur le site faisaient partie des quelque 411 licenciements en juin 2006 pour des motifs économiques injustifiés.

Ces licenciements intervenaient dans le cadre de la privatisation de la HUICOMA. (En 2005, l’État malien vendait 84,13% des parts de HUICOMA à des capitalistes maliens, le groupe Tomota, dont la gestion s’est avérée calamiteuse, malgré de nombreux avantages accordés).

Le groupe Tomota, dont une partie des actions appartiennent à la première dame du pays, a constamment violé le cahier de charges et a arbitrairement licencié les travailleurs. Depuis lors les travailleurs se battent pour que justice leur soit rendue. D’autres travailleurs en activité sont sans salaires depuis six mois et l’usine est complètement en arrêt total d’activité.

En tant que syndicalistes révolutionnaires, nous ne pouvons que soutenir la lutte de nos camarades qui n’hésitent pas à recourir à l’action directe. Une nouvelle fois, nous apercevons, d’un continent à l’autre, d’une couleur à l’autre, les mêmes excès, la même exploitation.

Un coup contre l’un d’entre nous, est un coup contre nous.
Solidarité avec les travailleurs licenciés de Huicoma.

À leurs côtés, nous réclamons :
- La reprise sans délai et sans condition de l’HUICOMA par l’État au groupe Tomota ;
- Le paiement sans délai et sans condition du plan social conformément à celui des travailleurs de la CMDT qui a été adopté en 2003 et amélioré tout récemment ;
- La reprise sans délai et sans condition des activités de l’entreprise ;
- Le paiement immédiat des arriérés de salaires des travailleurs qui sont en activité (six mois) et celui des saisonniers ;
- Le versement immédiat des cotisations à l’INPS ;
- La régularisation administrative de la situation des travailleurs (avancement, reclassement) ;
- Le paiement immédiat des indemnités de licenciement des 31 travailleurs arrêtés, emprisonnés en juin 2006 et licenciés après.

Le groupe de travail Afrique
du secrétariat international
de la CNT, 8 décembre 2010.

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