Préface à l'édition argentine de "L'insurrection qui vient"
L’insurrection qui vient édité en Argentine
Avec un peu de retard, il est vrai, l’Argentine découvre L’insurrection qui vient. Une édition locale vient de voir le jour, j’ai rencontré l’éditeur. Entretien.
Sais-tu qu’en France ce livre a fait beaucoup de bruit ?
Oui, bien sûr. J’ai suivi l’affaire autour de ce livre, mais ce n’est pas pour ça que nous l’avons édité. Cette affaire, même si elle est révélatrice de choses qui sont dites dans l’Insurrection, n’est pas une bonne raison pour le lire. Ce serait faire beaucoup de cas aux flics. Mais je dois dire que nous avons quand même raconté l’histoire de Tarnac dans la préface , comme une phase dans l’histoire éditoriale du livre.
J’ai l’impression que cet essai, bien qu’il soit très français par bien des aspects, dit des choses au reste du monde. Il résonne avec beaucoup de choses ici, des analyses d’intellectuels mais aussi des situations très concrètes. Cette guerre sociale que mène l’État par exemple, beaucoup d’Argentins la vit au quotidien. La police se comporte comme une armée d’occupation, rapine comprise, dans bien des quartiers. Mais je pense qu’ici la résistance est plus forte. Des processus qui sont décrits dans le livre, on les voit, mais ils ne sont pas aussi achevés que là-bas. Il existe ici beaucoup de solidarité, ce qui explique aussi que la violence soit plus crue. Les flics assassinent tous les jours ici. Les camps me semblent plus tranchés, mais je ne connais pas la France, j’y suis allé une fois, en touriste. À l’époque je faisais ce genre de conneries, le tourisme je veux dire.
Comment as-tu obtenu les droits d’auteur ?
Les droits d’auteur ? Non, nous n’avons pas de droits d’auteur. En fait, c’est une entreprise collective l’édition que nous avons faite. D’habitude nous sommes plusieurs maisons d’édition très petites, et nous sortons des livres à très peu d’exemplaires, parfois 50. Là, on s’est réuni, parce que nous étions plusieurs à trouver le texte vraiment bien et n’étions pas contents de la traduction que nous avons récupéré sur Internet. Alors on a retravaillé ça, doucement parce que nous sommes beaucoup, et nous nous renvoyons le fichier avec les corrections expliquées. Nous discutions, et c’est allé assez loin puisque nous avons aussi discuté avec un Mexicain qui devrait sortir aussi une édition papier là-bas.
Mais tu me parlais de droit d’auteur. C’est une autre discussion qui anime notre petit monde d’éditeurs indépendants. Personnellement, je m’en fous un peu, j’estime qu’un vrai travail d’éditeur est une entreprise à perte. Nous bossons tous à côté, et nous dépensons notre argent en éditant. L’édition est une entreprise incompréhensible pour le capitalisme. Ou alors il faut trouver un best-seller de temps en temps pour faire vivre financièrement la maison d’édition. Mais s’il fallait que j’édite un seul livre pour une raison économique, alors rien de ce que je fais n’aurait de sens. Pour moi, il faut trouver l’argent d’une part, et écrire, éditer, imprimer de l’autre.
J’aime bien ce qu’en dit Julien Coupat, un des emprisonnés soupçonné d’avoir écrit ce livre. Il dit quelque chose comme quoi la fonction d’auteur est essentiellement policière. Je ne sais pas si ça a directement à voir avec ce que vous appelez les droits d’auteur ; mais j’imagine.
Dans ce cas particulier, il faudrait surtout veiller à ce que les droits élémentaires des auteurs soient respectés, je veux dire leur liberté.
Donc vous n’avez pris aucun contact avec la maison d’édition de Paris ?
La Fabrique ? … non, pas vraiment. C’est-à-dire que nous leur avons envoyé un exemplaire, en espérant qu’ils le transmettent aux auteurs. On voulait en envoyer plus mais c’est cher la poste.
Et vous ne craignez pas qu’ils viennent réclamer… ?
Oh, non, au contraire, qu’ils viennent. Chez moi ce n’est pas bien grand, mais trois personnes peuvent rester à la maison sans problème. Je ne sais pas combien ils sont, mais ils sont très bienvenus.
Je voulais dire pour les droits.
Ha, oui, les droits. Et bien nous nous arrangerons avec les gains (rires). Tu ne penses tout de même pas que je vais leur demander qu’ils contribuent à l’édition ? J’imagine que si ça se vend, on pourra sortir plus d’exemplaires. Là ce sont déjà 500 exemplaires, pour nous c’est énorme. On verra ensuite.
Tu as l’air de dire que vous n’empocherez pas un rond, pourtant vous avez même un code barre au dos de la couverture. C’est tout de même commercial.
(Rire). Non, c’est un truc qui nous a fait rire, on a mis un code barre, mais je ne sais pas si ça fonctionne. On a rempli des chiffres (ISBN) comme ça nous venait. Entre autres, 1789, en hommage à la Révolution française qui a été une très bonne idée.
Johan Sébastien - Mediapart, 30 août 2010.
PRÓLOGO
“This is a dangerous book”…, quizás no se pueda encontrar una mejor promoción que esta frase histérica con la que el cronista de Fox News, Glenn Beck, presentó este ensayo político. Pero el sorprendente destino editorial de este libro empezó antes.
Originalmente lo publicó el pequeño sello parisino La Fabrique en 2007, y tuvo una venta normal (cerca de 2000 ejemplares) para esta casa editorial conocida por su seriedad a la vez que por su posición crítica, en la tradición de la mítica y fallecida Maspero. Lo más seguro es que este libro se hubiera hundido en el océano editorial, sólo rescatado por un reducto de lectores atentos. Pero el Ministerio del Interior francés, con sus fabulosos recursos mediáticos, se ocupó de su promoción, y todo cambió.
Esta fase empieza el sábado 8 de noviembre, con un sabotaje que inmovilizó durante varias horas 160 trenes-balas en Francia. Tres días después, el 11 de noviembre, un gran operativo policial concluyó con el arresto de diez personas. Ese martes, a las 6 de la mañana, 150 policías de las brigadas anti-terroristas llegaron a Tarnac, un pueblo de unos 350 habitantes, para llevarse a unos jóvenes de entre 23 y 34 años. No faltaron los helicópteros de los principales canales de televisión, y la nube de periodistas invitados para seguir “en directo” las fuerzas del orden en acción. Y hasta la ministra del Interior participó en el show, asegurando que todos los detenidos formaban parte de un movimiento de “ultraizquierda de tendencia anarco-autonomista” (categoría hasta este momento desconocida, y sin ninguna definición).
Ahora bien, dentro de las muy escasas “pruebas” (de un sabotaje que se califico de “terrorista” y que no tiene nada de tal, pero eso es otra cuestión) el fiscal anunció que hallaron un libro. Se trataba de este libro que presentamos. Hacía mucho tiempo que en Francia no se mandaba a nadie a prisión por leer un libro, habría que remitirse a la época del gobierno pro-nazi de Vichy (40-44) o al siglo XIX. De manera que los lectores franceses se alegraron de reanudar con esta antigua tradición del delito de opinión, y compraron en masa L’insurrection qui vient. El libro en poco tiempo se convierte en un best-seller dentro de su categoría y entre tanto, los jóvenes a los que la policía anti-terrorista no encuentra la menor prueba contundente continúan presos. Así es como con mucho pesar y muy lentamente, durante los siguientes meses (diciembre-enero 08-09) se libera a los supuestos terroristas. Pero no a todos, continúan deteniendo al que aseguran es el autor del libro: Julien Coupat.
Pero esta autoría es complicada para la cabeza obtusa de un policía de “elite”. Pues el libro está firmado por el Comité Invisible, el cual se autodefine como un “colectivo imaginario”, lo que el fiscal traduce como “célula invisible” en pos de armar atentados terroristas. Es fiscal, no semiólogo. Pero el propio Julien Coupat, desde su celda, aclara un poco el caso en una entrevista publicada en Le Monde (25 de mayo del 08), “por desgracia no soy el autor de L’insurrection qui vient — y toda esta historia tiene que convencernos del carácter esencialmente policial del concepto de autoria”.
Coupat fue por fin liberado en junio del 09, en espera del juicio. Todos esperamos con mucha impaciencia la función, cuando llegue a los estrados, de esta comedia judicial que, seguramente, nos hará reír aún más que los primeros actos de esta gran farsa. Todos nos preguntamos angustiados ¿será que Julien es culpable de la autoría de La insurrección que llega? Mientras tanto, les proponemos leer este temible ensayo.
Y es que también en Argentina se podría decir que La Insurrección… tiene un curioso trato editorial. Pues, cualquier francés que se pasea un tiempo en Buenos Aires se sorprende de la presencia de la intelectualidad parisina: periódicos, estantes en los libreros y charlas están repletos de libros y referencias a lo que se supone pasa en París. Cualquier novedad que provenga de la capital francesa parece suscitar un entusiasmo descomunal en los porteños. A pesar de eso, no se encuentra la menor mención a este libro, y mucho menos respecto al destino de sus sospechosos de autoría. Periódicos correctamente de izquierda, universitarios siempre pregonándose de la vanguardia del radicalismo que citan Rancière, Foucoult, Deleuze y otros, no le encontraron ninguna gracia al Comité Invisible. ¿Será que hay ciertos códigos de respetabilidad “revolucionaria” parisina que faltaron? Es en verdad curioso, si Guy Debord fuera totalmente desconocido en el Río de la Plata podríamos pensar que L’Insurrection no entra en categorías conocidas, y que por lo tanto no procuraría interés para esos intelectuales golosos en categorizar. Pero ese no es el caso, los situacionistas han sido y son leídos acá. Así que sigue el enigma.
Coupat, desde la prisión, sugiere a los “foucaultianos, en vista de lo que hacen desde hace veinte años de los trabajos de Foucault”, de irse a vivir un tiempo en cana. Es probable que el se dirija a esos circulitos parisinos que van publicado, año tras año, obras que rinden culto al maestro muerto. Pero quizás podríamos extender la sugestión a sus socios argentinos, aunque parece que ya se encerraron por si solos más de lo necesario.