La Martinique craint un embrasement, accord en vue en Guadeloupe

Publié le par la Rédaction


La Martinique, paralysée par une grève générale depuis une vingtaine de jours, redoutait un embrasement jeudi, les autorités appelant à ne pas sortir le soir, tandis qu'une sortie de crise semblait se dessiner dans l'île voisine de Guadeloupe.

La Martinique est en grève générale depuis le 5 février, un mouvement lancé au départ contre la vie chère, sa voisine des Antilles françaises étant paralysée par un conflit social similaire depuis le 20 janvier.

Après deux nuit d'émeutes et de pillages en Martinique, le préfet Ange Mancini a lancé un "appel solennel" à la population martiniquaise pour qu'elle reste chez elle après 19H00 (23H00 GMT), sauf "motif valable", qualifiant la situation d'"extrêmement grave".

Se refusant à parler de "couvre-feu", il a reconnu devant la presse redouter "un drame" si les violences se poursuivent.

Plusieurs témoignages ont fait état de groupes de jeunes armés, menaçant des automobilistes avec des fusils à pompe ou à canon scié pour leur voler leur voiture.

Le préfet a aussi lancé un appel solennel au "collectif du 5 février", organisateur du mouvement, pour lui demander de "suspendre" les barrages et les blocages des zones industrielles mis en place depuis le début du conflit.

Trois gendarmes et neuf policiers ont été blessés, dont deux policiers atteints par balle durant les deux nuits de violences. Autre signe de l'aggravation de la situation, il y a eu 28 interpellations la première nuit et 67 la seconde.

Une centaine de gendarmes mobiles supplémentaires ont été dépêchés jeudi en Martinique, portant à quelque 400 les effectifs envoyés en renfort depuis le début de cette crise.

Serge Letchimy, député-maire de Fort-de-France, a réclamé un accord rapide sur les prix et salaires, en soulignant les risques d'un "embrasement général". La veille, il avait estimé que l'Etat n'avait pas pris "la mesure" de la crise.

Ces incidents surviennent au moment où un accord semblait à portée de main en Guadeloupe qui a aussi connu plusieurs nuits de violences marquées notamment par la mort d'un syndicaliste tué par balles.

Des grévistes du collectif intersyndical LKP qui mène le mouvement ont envahi jeudi les locaux de la chaîne RFO, en grève illimitée et dont les programmes sont interrompus depuis une semaine.

Plusieurs grévistes ont pris la parole à l'antenne pendant une demi-heure. L'un d'eux, Alex Lollia, a affirmé que les négociations LKP-patronat "butent sur l'intransigeance du Medef" qui refuse de "se prononcer sur un accord interprofessionnel", en privilégiant "des accords de branches dans des branches qui n'existent pas".

Le Premier ministre François Fillon a confirmé jeudi le versement par l'Etat, à titre transitoire jusqu'à début 2011, d'un revenu supplémentaire de 80 euros par mois à tous les salariés touchant moins de 1,4 Smic (salaire minimum), à l'issue d'une réunion à Paris avec 31 élus d'outre-mer.

Guadeloupe et Martinique, deux départements français d'outre-mer, accumulent les maux sociaux: le chômage y dépasse les 20%, les prix des produits de grande consommation, en majeure partie importés de France métropolitaine, sont très chers.

Le conflit social réveille des tensions raciales entre la population noire et la minorité blanche, dont les familles de "békés", descendants des colons esclavagistes, qui contrôlent une bonne partie de l'économie locale.

Presse bourgeoise :
AFP, 26 février 2009 (20h54).
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