En faveur des Grecs
Une adresse en faveur des Grecs,
en particulier ceux qui se sont insurgés
I. Les évènements qui, en Grèce, depuis le 6 décembre 2008, ont accentué une subversion générale de la société moderne, détiennent un évident caractère universel rendu tangible par l’écho des solidarités internationales, et de par la nature même du déploiement des forces critiques incontrôlées qui les constituèrent.
II. La généralisation spontanée des émeutes à l’échelle géographique, sociale et temporelle, conjuguées au mouvement massif des occupations de multiples édifices publics, ont été constitués par une part de ces forces critiques agissant dans leurs expressions les plus hautes. La propagation instantanée des révoltes et l’intensité des affrontements, jours et nuits perpétués, ont créé un remarquable climat d’agitation permanente d’où personne n’a pu s’absenter, impliquant au contraire toute la société civile, dans une diversité de plus en plus grande, ayant fait exploser par son mouvement même tous les rôles de la passivité. Ces forces belliqueuses, rendues possibles par les occupations dont elles sont la source et considérées comme les pôles puissants des processus de luttes, doivent aboutir à l’exigence insurrectionnelle de la question territoriale, et sa conquête en zones tenues et défendues qui les nourrissent et les rendent effective. Sa poursuite et son salut résident dans la constitution d’une puissance auto-organisée capable d’étendre son pouvoir jusqu’à paralyser les mécanismes fondamentaux qui assurent la stabilité et la vie même de la société moderne. Cette opération nécessite au préalable la consolidation durable des positions conquises. Le moment qui nous contient est celui où elles menacent d’être perdues. Et c’est ce moment qu’il s’agit de saisir dans toute son énergie.
III. L’ampleur du soulèvement, plus qu’une simple protestation contre l’arbitraire policier, s’étend bien au-delà, et apparaît davantage comme une attaque radicale contre l’arbitraire d’une civilisation, dans tous ses aspects également nocifs. C’est le lent assassinat des vies concrètement niées qui est la véritable base de ces révoltes, et leur plus vrai foyer. Ce phénomène aboutit logiquement à être reconnu au-delà des limites de son casus belli et des frontières restreintes qui le contiennent, où le particulier est le portrait du général. La reconnaissance mondiale d’une misère commune et partagée pose simultanément la nécessité d’une révolte mondiale qui soit au-delà d’une simple réaction de soutien aux évènements. Il s’agit d’incarner les évènements dans son mouvement centrifuge.
IV. Ces troubles rassemblent dans leur action une subversion diffuse, dont ils catalysent les phénomènes particuliers, en lui donnant corps au travers d’une même pratique. Ils sanctionnent l’esprit d’une époque dans l’intense moment où ils surgissent, pareils à l’acteur oublié dont la péripétie vient bouleverser les tréteaux d’une scène monotone. L’on trouve à présent, dans n’importe quel geste isolé comme dans des perturbations plus conséquentes, une remise en cause de l’entièreté de la civilisation et de ses raisons de vivre. C’est pourquoi le système est maintenant acculé à se défendre tout entier, dans une implication toujours plus totale de ses forces, par l’affirmation brutale et idéologique de son excellence illusoire dont les raisons de vivre, en tant que raisons d’être, se trouvent précisément d’ores et déjà ruinées. Ce monde sans prestige a perdu confiance en ses capacités à régner.
V. L’épisode répressif du «pogrom d’Exarchia», le 5 janvier 2009, montre par ricochet le désarroi du vieux monde. Nous assistons à la formation des prémisses d’une stratégie de la tension, commune à tous les pouvoirs combattus capables de mener une semblable guerre. La disproportion de l’attaque armée face à l’indigence de ses résultats, la prompte réaction de la police dans la mise en place de l’encerclement du quartier visé, le rapport balistique instantanément fourni, la prophétie médiatique de l’imminence de tels actes ; tout cela ne fait que rendre irrecevable la version officielle. Son démenti n’apparaîtra que dans la marche insurrectionelle qui fera des armes un usage plus libre et plus véridique. Sa vérité doit venir à son heure.
en particulier ceux qui se sont insurgés
I. Les évènements qui, en Grèce, depuis le 6 décembre 2008, ont accentué une subversion générale de la société moderne, détiennent un évident caractère universel rendu tangible par l’écho des solidarités internationales, et de par la nature même du déploiement des forces critiques incontrôlées qui les constituèrent.
II. La généralisation spontanée des émeutes à l’échelle géographique, sociale et temporelle, conjuguées au mouvement massif des occupations de multiples édifices publics, ont été constitués par une part de ces forces critiques agissant dans leurs expressions les plus hautes. La propagation instantanée des révoltes et l’intensité des affrontements, jours et nuits perpétués, ont créé un remarquable climat d’agitation permanente d’où personne n’a pu s’absenter, impliquant au contraire toute la société civile, dans une diversité de plus en plus grande, ayant fait exploser par son mouvement même tous les rôles de la passivité. Ces forces belliqueuses, rendues possibles par les occupations dont elles sont la source et considérées comme les pôles puissants des processus de luttes, doivent aboutir à l’exigence insurrectionnelle de la question territoriale, et sa conquête en zones tenues et défendues qui les nourrissent et les rendent effective. Sa poursuite et son salut résident dans la constitution d’une puissance auto-organisée capable d’étendre son pouvoir jusqu’à paralyser les mécanismes fondamentaux qui assurent la stabilité et la vie même de la société moderne. Cette opération nécessite au préalable la consolidation durable des positions conquises. Le moment qui nous contient est celui où elles menacent d’être perdues. Et c’est ce moment qu’il s’agit de saisir dans toute son énergie.
III. L’ampleur du soulèvement, plus qu’une simple protestation contre l’arbitraire policier, s’étend bien au-delà, et apparaît davantage comme une attaque radicale contre l’arbitraire d’une civilisation, dans tous ses aspects également nocifs. C’est le lent assassinat des vies concrètement niées qui est la véritable base de ces révoltes, et leur plus vrai foyer. Ce phénomène aboutit logiquement à être reconnu au-delà des limites de son casus belli et des frontières restreintes qui le contiennent, où le particulier est le portrait du général. La reconnaissance mondiale d’une misère commune et partagée pose simultanément la nécessité d’une révolte mondiale qui soit au-delà d’une simple réaction de soutien aux évènements. Il s’agit d’incarner les évènements dans son mouvement centrifuge.
IV. Ces troubles rassemblent dans leur action une subversion diffuse, dont ils catalysent les phénomènes particuliers, en lui donnant corps au travers d’une même pratique. Ils sanctionnent l’esprit d’une époque dans l’intense moment où ils surgissent, pareils à l’acteur oublié dont la péripétie vient bouleverser les tréteaux d’une scène monotone. L’on trouve à présent, dans n’importe quel geste isolé comme dans des perturbations plus conséquentes, une remise en cause de l’entièreté de la civilisation et de ses raisons de vivre. C’est pourquoi le système est maintenant acculé à se défendre tout entier, dans une implication toujours plus totale de ses forces, par l’affirmation brutale et idéologique de son excellence illusoire dont les raisons de vivre, en tant que raisons d’être, se trouvent précisément d’ores et déjà ruinées. Ce monde sans prestige a perdu confiance en ses capacités à régner.
V. L’épisode répressif du «pogrom d’Exarchia», le 5 janvier 2009, montre par ricochet le désarroi du vieux monde. Nous assistons à la formation des prémisses d’une stratégie de la tension, commune à tous les pouvoirs combattus capables de mener une semblable guerre. La disproportion de l’attaque armée face à l’indigence de ses résultats, la prompte réaction de la police dans la mise en place de l’encerclement du quartier visé, le rapport balistique instantanément fourni, la prophétie médiatique de l’imminence de tels actes ; tout cela ne fait que rendre irrecevable la version officielle. Son démenti n’apparaîtra que dans la marche insurrectionelle qui fera des armes un usage plus libre et plus véridique. Sa vérité doit venir à son heure.
Nous, venus de divers pays jusqu’en Grèce pour y jeter là-bas notre propre action dans une commune mêlée, appelons à une large offensive dans ce qui a déjà été fait : pour la reprise, le maintien et l’intensification des occupations et des combats. Nous appelons également, au niveau international, à la saisie d’un état de crise pour apparaître dans toute notre force. Le 17 janvier 2009, journée d’actions internationales, nous aurons à poursuivre ce qui partout déjà commence. Et l’hiver ne passera pas sans que l’on se souvienne de nous.
Fait le 9 janvier 2009,
Groupe des Internationaux en Grèce
Indymédia Nantes