Un an ferme pour conduite sans permis
«Quand un individu se trouve sur votre chemin, on ne sait même plus comment l’appréhender. On est mal disposé au départ et si jamais on se ressaisit, on se fie au collègue… Avant qu’il prenne sa course, ses yeux indiquent la direction dans laquelle il va courir.»
Peter Hankle, L’angoisse du gardien de but au moment du penalty.
Ce soir nous voulons vous parler de Daniel, un compagnon anarchiste qui vient d’entrer à la prison de Valence pour y purger une peine d’un an ferme. Il avait conduit une 125 sans en avoir le permis, afin d’aller voir son fils qui l’appelait à l’aide, un jour où il n’y avait pas de transport en commun.
Il est condamné par le système social et économique actuel, fait de violence et d’exploitation. Dans ce système, conduire une moto sans permis est un acte «délinquant», selon leurs critères idéologiques et politiques d’organisation et de discipline. Les personnes délinquantes, les insoumis et ceux qui luttent sont les premières victimes de l’autorité, qui impose le «consensus social» par le terrorisme étatique. Le contrôle constant, la répression et la justice maintiennent la division de classe.
L’incarcération est le reflet de la capacité de l’autorité à définir les limites du comportement et les droits. L’autorité de l’État consiste à éliminer tous ceux qui sont une menace pour elle. La prison, l’usine, l’école et l’asile psychiatrique sont les produits d’une même matrice. Briser l’individu et ses résistances potentielles sont leurs objectifs.
Mais certains liens ne peuvent être ni expliqués ni brisés. Ceux qui se battent pour changer ce monde de radioactivité et de misère affective trouvent des complices dans cet étrange univers, fait de luttes présentes et d’histoires qui viennent de loin, d’amis fraternels avec lesquels rêver, et d’inconnus avec lesquels continuer à s’insurger, de cris d’amour et de rage qui dépassent les murs et les barreaux, de barricades auxquelles se joindre au cours de la révolte qui viendra.
Tout cela se nomme solidarité, un mot inconnu pour les consommateurs et acheteurs acharnés.
Je veux aussi dire qu’ils ne prendront jamais notre bonheur au piège, et que même derrière les barreaux, ils ne nous arracheront jamais notre liberté. Comme le disait Georges Orwell dans son livre 1984 : «Nous devons être conscients de notre force et avoir la force de descendre dans la rue». En étant dans la rue, nous en faisons une belle démonstration. Ce n’est pas en portant un pistolet et une matraque à la ceinture qu’ils pourront briser nos idées. Aujourd’hui, nous ne sommes même plus criminalisés pour des actions : Daniel a été condamné pour le fait de parler et de s’expliquer d’égal à égal avec le juge. La liberté d’expression ne fait pas partie de leur vocabulaire, c’est un terme qu’ils ne connaissent pas. C’est clair qu’ils ne se sont jamais exprimés librement.
L’incarcération est une barbarie !
Daniel incarcéré a besoin de notre soutien.
Tenez-vous prêts pour venir manifester devant la prison.
La police est partout, la justice la soutient !
Enfermeurs on vous surveille !
LIBERTÉ !
Collectif solidarité prisonnier-e-s, 20 juin 2008.