Avec ou sans

Publié le par la Rédaction

Avec ou sans,

Tous à la manifestation contre la précarisation
samedi 8 décembre à 14h République
(Paris)

À Besançon, 14h30 place du 8-Septembre

Le travail, on nous bassine avec. On nous dit qu’il en faut plus, plus pour manger ailleurs qu’aux Restos du cœur, plus pour être enfin dignes, plus pour réussir, plus pour sauver la croissance et la France ; plus et plus longtemps pour avoir droit à une retraite, à une allocation de chômage, pour payer le docteur et les médicaments, le loyer et l’avocat, plus pour ne pas être un de ces assistés qui se la coule douce pendant que les autres produisent pour lui, pour pas mettre la honte à ses mômes, pas être un perdant. De l
’Assemblée nationale au gouvernement, du yacht de Bolloré au C.A. de lUnedic et à lAnpe, ça passe en boucle dans les machines à boucles qui nous enserrent. Entubage cathodique et capital partout. Il y a même des syndicats pour soutenir ça, des faux représentants toujours prêts à brader ce qui avait été concédé, à contribuer à toutes les «réformes», du chômage à lécole, contre les grévistes et autres contestataires qui disent abrogation, contre les premiers concernés qui refusent ces lois.

Le travailler plus, on veut nous l
imposer, non seulement comme condition de survie, devoir tout accepter à nimporte quel tarif, mais comme croyance, on sy réaliserait… Sauf que le travail, cest nous qui le faisons. Et nous ne marchons pas dans la combine. De cachets payés au lance-pierres en stages quasi gratuit, de mission dintérim en boulot de caissière, de bilans de compétence en période dessai, de fin de contrat sans droit à alloc en prospection free-lance à nos frais, nous ne sommes pas des partenaires sociaux mais des salariés confrontés à la discontinuité de lemploi, à la précarisation. On la vu avec lUnedic et le protocole régissant lintermittence du spectacle, ils sont décidés à casser toute forme de mutualisation. Ceux qui sont employés sans ouvrir droit au chômage financent les bénéfices des employeurs et les salariés les mieux payés dont les allocations augmentent. Ils veulent une société dinégalités, de concurrence, et fabriquent les outils pour limposer. Toujours plus. Voilà pourquoi les intermittents et précaires ont inventé un modèle dindemnisation du chômage qui pose comme base le droit à une allocation quotidienne au moins égale au SMIC jour. Voilà contre quoi nous nous sommes battus depuis juin 2003.

Leur système ? Jouer des différences, en faire des oppositions, tracer des frontières et nous attaquer séparément, avec ou sans papiers, avec ou sans emploi, avec ou sans parcours scolaire attesté jusqu
au «supérieur». Nous ne sommes pas hypnotisés par les formules du pouvoir. Nous voulons vivre. Les lycéens et les étudiants en lutte, nous les invitons à participer à cette manifestation, un autre pas vers dautres possibles. Il faut en être. Pourquoi ? Parce quun quart des lycéens de Seine Saint-Denis occupe déjà un emploi, parce que la grande majorité des «étudiants» est déjà précaire, passe par lemploi discontinu, lemploi déguisé en stage, le travail de formation gratuit (sauf les boursiers… et les «fraudeurs» du RMI). Parce que ce nest pas demain que le capital, avec la LRU, va investir létude et chercher à se soumettre la vie entière des scolaires, cest déjà en route. Être là, avec dautres, cest un contre-pied au «travailler plus» et à la «réforme» des minima sociaux quils nous préparent (contrat unique dinsertion, disent-ils) et un pas-de-côté hors lisolement catégoriel de cette affaire détudiants ou de jeunes et qui va bientôt se clore dont nous bassinent les média, lorsquils évoquent le conflit en cours.

Revendiquer ne serait-ce que le RMI pour les djeun
s et les diants-diants, ça semble minable vu le montant ? De la grenaille, comme à Villiers-le-Bel ? Il nempêche, cela protègerait de certains emplois que lon pourrait alors refuser, ça ça compte, pour aujourdhui et demain, pour chacun et pour tous ; ça semble une revendication intégrée, il nempêche, une base matérielle pour ceux qui nhéritent de rien, pas même de leur(s) histoire(s), cest la moindre des choses ; ça semble une revendication farfelue, il nempêche, le dire depuis lécole, cest manifester une solidarité enfin concrète avec les millions dallocataires des minima et du chômage (que les scolarisés seront aussi, par intermittence ou de façon plus durable). On nous a assez fait savoir que ces feignasses dassistés sont nuls, pas employables, des parasites, si des scolarisés, pas des zexclus, pas des déchets sociaux, mais la ressource majeure de leur capitalisme cognitif, disaient, sans misérabilisme ! Un revenu même si minimum, il nous le faut (Tanguy ? Non merci !), eh bien la stigmatisation des pauvres en prendrait un sacré coup.

Depuis près de dix ans des mouvements de précaires manifestent chaque fin d
année contre la précarisation et pour de nouveaux droits. Aujourdhui, nombre de nantis reçoivent des milliers deuros du Trésor public pendant que des millions de fauchés espèrent une maigre «prime de Noël». Larrogance réactionnaire semble ne plus connaître de limites. Cest à chacun, maintenant, de prendre position, activement. Comme sur le toit du MEDEF, à la Star Academy, au C.A. de lUnedic, au J.T. de France 2, prenons parti, ne laissons pas dire à notre place. Avec ou sans, comme dit la chanson : contre la barbarie, groupons nous !

Vive les coordinations !
Rejoignons chômeurs et précaires dans la rue.



Rdv à Paris, 14h près du manège, sur le terre-plein de la place de la République
À Besançon, 14h30 place du 8-Septembre.


Lire aussi : L’appel des organisations à l’initiative de la manifestation (AC!, Apeis, Mncp, CGT chômeurs) — Le tract du SIPM.

Publié dans Colère ouvrière

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