C'est show avec la CGT !
Ce texte montre comment les confédérations syndicales réformistes (ici la CGT) utilisent leur appareil afin de contrôler la contestation. Ainsi les manifestants, le peuple est contraint, par des moyens de communication, à rester à sa place ; c’est-à-dire ne pas remettre en cause l’essence de ce système à savoir le capital et l’État.
C’est show avec la CGT !
Il y a quand même foule ce jeudi d’octobre devant la mairie d’Alès, alors que les médias et le gouvernement veulent nous faire croire que le mouvement s’est essoufflé, en nous rabâchant que bon nombre de grévistes sont retournés au turbin, prisonniers de leurs crédits, qu’ils ont une famille à nourrir et que trois semaines sans salaire c’est le début de la misère ! Comme si nous n’étions pas assez confrontés à la réalité pour le savoir.
Près de 5000 personnes abasourdies par les DJ de la CGT, qui balancent de la techno en guise de bienvenue, sont venus manifester leur mécontentement tandis que les orateurs de la Déesse syndicale échauffent leurs voix. Et puis, arrive le grand discours des manches longues du patronat, au volume sonore assez fort pour que même les caissières de Cora puissent l’entendre ! Comment cette voix qui vocifère peut-elle s’exprimer au nom de 5000 personnes ? Mais quelle est cette créature qui pense à notre place ? Le grand Communicateur de la pensée unique nous hurle qu’il n’est pas content lui non plus et que pour exprimer le mécontentement, il y a une solution : faire du bruit ! Non, mais ! C’est alors que le grand communicateur laisse le micro à l’un de ses condisciples, le grand Chauffeur de foule, et c’est parti ! Tout le monde avance d’un pas décidé sur la route de la révolte musicale et le chauffeur de foule scande : «Vous n’êtes pas fatigués ?», puis le public réplique : «On n’est pas fatigués !» C’est une véritable discothèque ambulante qui anime cette ballade citadine ! Et l’on espère que ça va changer quelque chose ! C’est comme ça que les syndicats nous permettent de communiquer ! Ce ne sont pas des manifs, orchestrées et contrôlées par les syndicats et leur milice, sous les regards assermentés des Playmobils en uniforme, que redoute le gouvernement.
Tant qu’on ne fait que du bruit et qu’on n’enraye pas trop la machine à fric, ils se marrent ! Sinon, bien sûr, fini de jouer ! C’est bien gentil tout ça mais il faut de l’essence pour partir en vacances et continuer à entretenir les finances sur le dos des braves gens !
Ce que craint le plus l’État, c’est que nous nous organisions ensemble, que nous nous exprimions réellement malgré le pouvoir, afin de conjuguer nos efforts et de faire face ensemble aux difficultés pour répondre à nos réels besoins, sans les syndicats qui se réapproprient et infantilisent nos révoltes en verrouillant la communication. Nous ne sommes pas révoltés seulement le temps d’une manifestation animée et dirigée par une seule voix ! Quand est-ce que nous en aurons assez de faire du bruit sans qu’aucune parole ne sorte de notre bouche ? Il est temps de faire taire ce micro qui nous musèle et de prendre ensemble réellement le temps de s’exprimer.
Bulletin de Contre-Info
en Cévennes no 11, avril 2011.