La police allemande a les altermondialistes dans le nez

Publié le par la Rédaction


Les services de sécurité allemands ont recueilli les odeurs d’activistes anti-G8 considérés comme dangereux, pour permettre aux chiens policiers de les repérer.
    L’hyperprotection policière du sommet du G8 qui doit se tenir début juin à Heiligendamm dans le nord de l’Allemagne n’en finit pas de prendre des allures féodales, macabres et terrifiantes.
    Après avoir bunkérisé à outrance l’ensemble de la station balnéaire où se déroulera la rencontre des huit chefs d’État les plus riches du globe, la presse locale a révélé que la police allemande a mis en place une sorte de banque des données olfactives des altermondialistes jugés virtuellement les plus dangereux.
    Le but ? Permettre à des chiens spécialement dressés de les repérer dès les premières manifestations. Un officiel a confirmé la véracité du reportage mais n’a pas voulu entrer dans les détails, laissant seulement entendre que «plusieurs personnes ont été identifiées de cette façon».
    Cette banque des odeurs — d’un nombre inconnu d’altermondialistes — est constituée d’effets personnels que les fins limiers en charge de la sécurité ont méticuleusement rassemblé dans des bocaux étiquetés aux noms des individus suspectés d’être potentiellement violents.
    Dès que la presse a fait état de cette prouesse scientifique des fonctionnaires, la nouvelle a suscité en Allemagne un véritable tollé. Cette tactique était en effet utilisée par la trop célèbre Stasi, lorsque cette redoutable police secrète de l’ex-RDA pourchassait les dissidents.
    Après la chute du Mur, on retrouva des milliers de flacons renfermant les «odeurs» d’opposants. La Stasi les classait après avoir ordonné à ceux qu’elle avait arrêtés de serrer une gaze stérile entre leurs cuisses pendant une dizaine de minutes, le plus souvent lors des interrogatoires musclés.
    Cette escalade dans les méthodes policières a été immédiatement dénoncée par Petra Pau, une deputé du parti de l’opposition Die Linke, qui voit dans cette pratique de la sécurité préventive à tout prix «une grave dérive par rapport à la démocratie fondé sur l’État de droit».
    «Un État qui adopte les méthodes de la Stasi se vole à lui-même sa légitimité», a-t-elle fait remarquer. Mis au parfum par cette indiscrétion des médias, les altermondialistes ne s’en montrent pas plus intimidés, puisqu’ils cherchent déjà des parades épicées pour échapper aux molosses que l’on veut lancer à leurs trousses.
    Mais la tension est montée d’un cran outre-Rhin. Plusieurs douzaines de voitures ont été incendiées ces deux dernières semaines, dont celle du rédacteur en chef du quotidien populaire Bild, à Hambourg, dans la nuit de lundi à mardi. Dans la même ville, un hôtel de luxe et l’appartement d’un responsable de la compagnie aérienne Lufthansa ont été vandalisés. Le quotidien berlinois Tageszeitung fait état d’une lettre arrivée à sa rédaction qui revendique la responsabilité de ces raids destructeurs et qui signe son message d’un «MG» vengeur, pour «Groupe Militant».
    Le ministre de l’Intérieur, Wolfgang Schäuble, a demandé l’instauration d’une législation d’exception pendant le sommet pour pouvoir mettre en détention préventive pendant deux semaines les plus radicaux des altermondialistes.

Pierre Rouchaléou, Rue89



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