Le capitalisme provoque des crises de nerfs justifiées

Publié le par la Rédaction


Grèce, Italie, Islande… partout les luttes accompagnent la résistance des travailleurs, avec ou sans emploi, étudiants ou lycéens précarisés refusant de subir et payer les conséquences de la crise provoquée par les gestionnaires du capital. En France, cette volonté de résister a éclaté aux Antilles où les Guadeloupéens puis Martiniquais ont montré la voie à suivre. La grève générale assumée par la population a assuré la victoire.

Partout, le climat social est tendu. Il n’y a pas une journée sans annonce de plan social ou de licenciements massifs. Lorsque les résistances surgissent et perdurent contre les différentes réformes (chercheurs, facs, éducation nationale…), leur ténacité oblige alors nos managers à devoir les désamorcer en tentant de gagner du temps, et de les reporter.

La bourgeoisie française se crispe et use du bâton, n
ayant plus de carottes sociales. Sans solution à «sa crise» elle craint que la solidarité entre travailleurs et étudiants, ne sétende, ne se rejoigne par les luttes et nen fasse plus quune généralisée.

Effectivement la combativité ouvrière se développe et met à l
ordre du jour la nécessaire convergence des luttes et des solidarités de classes. Le ras le bol dêtre des Kleenex jetables après usage provoque une radicalisation. Ainsi apparaissent les réflexes de piquets de grèves, doccupations voire de séquestration de responsables comme dans les Landes ou le Loiret à lusine 3M. Au ras le bol des uns, sajoute lécœurement des autres dentendre les annonces de ces milliards deuros, sortis de caisses de l’État, sensées être vides, pour aller au secours des gestionnaires du capital responsables de cette crise. Patrons de banques et dindustries aidés par les finances publiques, continuent avec cynisme à engranger les sur-primes et autres stocks options … tandis que le nombre de chômeurs ne cesse de croître et la misère de sétendre.

C
est ce sentiment dêtre tous et toutes dans la même galère qui marque le succès des mobilisations du 29 janvier et cinquante jours plus tard, celle du 19 mars, qui non seulement a vu plus de monde dans la rue, mais était soutenue par 75% de la population.

La participation record a démontré la volonté de ne pas rester isolé, de ne plus rester chacun dans notre usine, hosto, fac, bahut … un désir de se retrouver tous ensemble, tous unis pour gagner. Hélas, malgré quelques trop rares appels à des assemblées générales de ville après la manif, cette volonté d
aller plus loin na pas aboutie encore.

La bourgeoisie au pouvoir craint la dégradation du climat social et applique déjà son arsenal juridico-policier répressif avec une brutalité de plus en plus provocatrice, pour criminaliser toute velléité de contestation (saintNazaire, Paris ou Lyon) ou inventer des coupables d
’État (Colonna, Coupat…) Son personnel politique et les chefs syndicaux ne sont pas plus sereins. Ils appréhendent tout autant les convulsions sociales et les redoutent.

Ainsi a-t-on entendu Martine Aubry du Parti socialiste s
inquiéter de ce que «le sentiment de ras le bol des Guadeloupéens et Martiniquais se diffuse ici… Il faut tout faire pour que cela narrive pas.» Côté syndical, pendant que B. Thibault leader de la CGT laissant transparaître une détermination et une énergie sans faille face au patronat, fait diversion en contrant la méchante patronne du MEDEF : L. Parisot, son comparse F. Chérèque de la CFDT sonne la charge contre le NPA et O. Besancenot traité de «rapace», quil voit derrière chaque conflit ou action de salariés.

Cette crainte d
être débordés les a obligés à retrouver leur unité et pour ne pas perdre la face à mobiliser plus fortement public et privé en même temps. Ce que traduisent chacun dans leur rôle : la représentante de la CFTC au nom de lintersyndicale : «Nous sommes tous unis et allons tous dans le même sens» ; et des conseillers élyséens soulagés : «les centrales syndicales ont bordé lévénement». Ne nous laissons pas duper : cest la colère, la rage et lexaspération montante y compris dans leurs rangs syndicaux qui les obligent à cette unité de circonstance. Unité qui ne sert quà temporiser, étouffer et canaliser léchéance de la révolte. Si après le succès de la journée 19 janvier N. Sarkozy, tout aussi inquiet, leur avait tendu la main en proposant le sommet social du 10 février et avait permis de gagner du temps, après ce 19 mars : le vide. À la charge des bureaucraties de faire valoir cette «unité syndicale retrouvée» pour mieux faire oublier leur politique attentiste et daccompagnement du système qui les nourrit.

Cette UNITÉ est-elle le nouveau cordon sanitaire qui limitera les révoltes à venir aux seuls éléments radicaux et irresponsables que le pouvoir saura réprimer et criminaliser ? Nous pouvons déjà avancer, que pour masquer ce vide et leur immobilisme, les bureaucraties sauront nous préparer un Premier Mai combatif et revendicatif. Après, sans doute compteront-elles sur les transhumances estivales pour souffler. Que la crise s
aggrave (cest inéluctable) et avec elle, se développeront les conditions de luttes solidaires de grande ampleur. Auront-elles la forme de la révolte grecque ? Auront-elles laspect des puissants mouvements des Antilles ? Au-delà de l’incantatoire «grève générale», nous devons préparer cette riposte. Cest à nous dans nos lieux de travail et de vie de précipiter des rencontres, des AG, de développer notre solidarité et notre unité dont les buts nont rien à voir avec ceux des bureaucraties politiques et syndicales. Nous devons nous réapproprier les armes de la critique et en faire partager la conscience au plus grand nombre, pour en finir avec lindividualisme et lattentisme qui nous étouffe, pour souffler sur létincelle qui mettra le feu à la plaine. Sarkozy et la bourgeoisie en appellent à lunité nationale pour la France ; répondons par une solidarité de classe pour leur crier que nous ne payerons pas leur crise.

Organisation communiste libertaire - Caen, le 25 mars 2009
Éditorial de Courant alternatif no 189, avril 2009.

Publié dans Colère ouvrière

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