C comme Carreyrou
«On ne frappe pas un ennemi à terre.
— Mais alors quand ?»
Lucien Guitry.
Lorsque Jean-Marc Rouillan d’Action Directe a vu son régime de semi-liberté suspendu pour avoir prononcé dans L’Express une phrase aussi banale que «en tant que communiste, je reste convaincu que la lutte armée à un moment du processus révolutionnaire est nécessaire», on a vu rappliquer sur le devant de la scène médiatique quelques journalistes donneurs de leçons dont Gérard Carreyrou. Ce dernier, dans sa chronique de France-Soir s’est emporté contre son confrère Christian Barbier, le directeur de L’Express, coupable à ses yeux d’avoir donné la parole à l’«assassin» Rouillan. Une «faute» inexcusable d’après Carreyrou.
L’ex-directeur de la rédaction et de l’information de TF1 donnant des leçons de déontologie à ses petits camarades ! On croit rêver… On parle bien du Gérard Carreyrou à l’origine de la pétition de soutien à Patrick Poivre d’Arvor lors de l’affaire de l’interview bidonnée de Fidel Castro par PPDA, celui qui prétendait que la rédaction de TF1 était «attachée plus que tout autre à une déontologie et à une conception pluraliste et sans complaisance de l’information» [Le Monde, 28 janvier 1992]. Ce même Carreyrou qui n’a pas moufté quand PPDA — encore lui — a été inculpé dans l’affaire Botton pour avoir bénéficié de cadeaux du conseiller de l’homme politique Michel Noir. Gérard Carreyrou au salaire mirobolant (2,8 millions de francs par an à TF1) mais néanmoins logé par la mairie de Paris dans un appartement de 140 m2 dans le XVe arrondissement. Enfin, Carreyrou producteur avec l’ex-militaire et fils de militaire Charles Villeneuve du Droit de savoir sur TF1, l’émission «où les journalistes mettent souvent les pieds là où on ose à peine mettre les mains» [Interview de Charles Villeneuve par Michel Denisot dans «Télé-dimanche» (Canal +) lors des débuts de l’émission] mais peu pressée d’explorer les zones d’ombres de l’appareil répressif français, que ce soit l’administration pénitentiaire, la police ou l’armée.

Dans sa chronique de France Soir, Carreyrou explique que Jean-Marc Rouillan aurait «lâchement assassiné» le général Audran «parce que son nom de famille commençait par la première lettre de l’alphabet». Puis ce fut au tour du PDG de Renault, Georges Besse, «dont le nom commençait par un “b”». Enfin, il lâche à l’adresse de Jean-Marc Rouillan : «Vous vous prépariez à un autre assassinat dont le nom de la victime aurait commencé par un “c”». C comme… Carreyrou ?