Jean-Marc Rouillan réincarcéré... pour ce qu'il n'a pas dit !
Il y a deux jours, le 1er octobre, le Parquet de Paris annonçait qu’il demandait la révocation du régime de semi-liberté auquel Jean-Marc Rouillan était astreint depuis dix mois, et qui devait l’amener à une libération conditionnelle en fin d’année. Cette demande doit faire l’objet d’une audience judiciaire le 16 octobre prochain.
Or, on apprenait hier soir qu’une ordonnance de justice décidait sa réincarcération «à titre provisoire», pour «éviter tout nouveau contact avec les médias et sans préjuger de la décision du tribunal».
Il est vrai que certains médias ou des journalistes à la recherche d’un scoop [Ce qui fait écrire justement à Michel Henry : «Quand, à la suite d’une interview, un homme est menacé de perdre sa semi-liberté, […] quelle est la responsabilité du journaliste ?» (Libération, 3.10.08)] ont pu déformer ou falsifier les propos réellement tenus par Jean-Marc Rouillan, fabriquant dans la précipitation une interprétation mensongère qui lui vaut aujourd’hui de rester en prison. Mais cette caisse médiatique ne doit pas détourner l’attention du contenu littéral de l’interview de Jean-Marc Rouillan et prétendre, sans attendre l’audience sur le fond, le sanctionner par avance… pour ce qu’il n’a pas dit !
Sa mise en cause sur la base du prétexte trouvé par l’État n’a en effet aucun fondement juridique. Comme Jean-Marc Rouillan l’a déclaré à L’Express : «J’ai pris connaissance de la demande du parquet de Paris de révocation de ma semi-liberté. Ma première réaction, c’est de penser qu’il s’attaque là au droit à la liberté de parole. Dans l’entretien que je vous ai accordé, je n’ai enfreint aucun des termes des quatre conditions qui régissent ma semi-liberté. Selon ces termes, je dois payer mes amendes et continuer à rembourser les parties civiles, je ne dois pas parler des faits pour lesquels j’ai été condamné et je ne dois ni porter ni détenir une arme. Si, après 20 ans de prison, on doit me coller une “perpét’” pour ce que j’ai affirmé dans cette interview, cela en dira long sur l’état de la liberté de parole en France.»
Jean-Marc Rouillan a été jugé et condamné, il a purgé sa peine. Nous n’accepterons pas qu’on rejoue une deuxième fois son procès. Après plus de vingt ans de résistance dans le système carcéral, il a intégralement respecté toutes les conditions très restrictives de sa semi-liberté. Il n’y a non plus aucun fondement juridique à exiger de lui qu’il renie son engagement politique, passé, présent ou à venir. Nous dénonçons l’acharnement de l’État qui se poursuit par cet odieux chantage aux regrets, dont le but est de l’empêcher de parler et d’avoir une activité politique.
Le collectif «Ne laissons pas faire !» et Défense active
Paris, le 3 octobre 2008.
Écrivez à Jean-Marc Rouillan, 147575, CP Marseille, Centre de semi-détention, 230 chemin de Morgiou, 13404 Marseille cedex 20.
Libération des prisonniers d’Action directe !