Permis de tuer à Draguignan
La justice bourgeoise avalise les exécutions sommaires
On pensait que ce genre de «justice» pour le moins expéditive, était réservée aux dictatures, ou aux pays en guerre, que la France adore sermonner parce que les Droits de l’Homme et bla bla bla… Et bien pas du tout : la cour d’assises du Var a décidé, en partie grâce au zèle d’un avocat général qui se serait bien vu dans l’armée française, d’acquitter le gendarme ayant exécuté un jeune homme en 2008, qui avait osé s’enfuir de la gendarmerie de Draguignan… Mais le gendarme s’est dit «désolé» par tout celà… On pensera à dire la même chose lorsqu’un flic se fera descendre… Pas de justice, pas de paix.
Indymedia Lille, 17 septembre 2010.
Acquittement du gendarme qui avait tué un gitan à Draguignan
Le gendarme Christophe Monchal qui avait tué par balles Joseph Guerdner, un gitan de 27 ans qui s’était enfui de la brigade de Draguignan (Var) dans la soirée du 23 mai 2008, a été acquitté vendredi matin par la cour d’assises du Var, conformément aux réquisitions de l’avocat général. Poursuivi pour «coups mortels par personne dépositaire de l’autorité publique», le militaire de 43 ans encourait une peine de 20 ans de prison.
À l’énoncé du verdict, les parents et les proches de la victime ont laissé éclater leur colère et ont pris à partie les nombreuses forces de l’ordre venues sécuriser ce procès sensible. «La justice n’a pas été rendue, on va se venger, il a été assassiné !» ont notamment crié une vingtaine de gitans qui ont du être évacués hors du palais de justice par les CRS. À l’extérieur, ils ont proféré de nouvelles menaces et de nouvelles invectives devant les nombreux journalistes venus couvrir ces cinq jours d’assises.
«C’est une bavure absoute, un permis de tuer, une sorte de décoration judiciaire pour un gendarme au-dessus des lois», a commenté Me Jean-Claude Giudicelli, l’un des avocats des parties civiles. «C’est un verdict inquiétant et je suis inquiet pour le maintien de l’ordre public.»
Assis dans la salle, les nombreux gendarmes venus soutenir leur collègue n’ont pas bronché à l’énoncé du verdict. «Je suis là pour témoigner du respect de la gendarmerie envers la famille et sa douleur», a déclaré le général Marc Mondoulet, commandant de la région PACA, venu parler au nom du Directeur général de la gendarmerie. «Les gendarmes du groupement du Var mais aussi l’ensemble de la communauté des gendarmes ont suivi avec attention les débats qui ont été denses, rigoureux, transparents et dignes.» Selon le militaire, les jurés ont confirmé que Christophe Monchal avait utilisé son arme conformément à la loi. «Les circonstances de cet usage ont nécessité un examen approfondi, fouillé, rigoureux et précis», a-t-il ajouté.
En début de matinée, le président Jean-Luc Tournier avait tenu à laisser une dernière fois la parole à l’accusé avant le délibéré. «Je n’ai qu’un mot à dire : désolé», avait déclaré l’accusé, vêtu d’une chemise blanche, qui était protégé tout comme ses avocats par des gardes du corps.
Soupçonné d’avoir participé en avril 2008 avec deux autres personnes au braquage d’un camion chargé de matériel vidéo et de téléviseurs, dont le chauffeur avait été enfermé et séquestré dans le coffre d’une voiture, Joseph Guerdner avait été interpellé un mois plus tard par les gendarmes de la Brigade de recherches de Draguignan. Ceux-ci avaient trouvé dans le fourgon de cet homme, déjà condamné à six reprises pour vols, 12,5 grammes de cannabis ainsi qu’un pistolet de calibre 45.
Lors de sa garde à vue, le suspect, menotté et entravé au niveau de sa cheville droite, avait été conduit vers 21h30 par Christophe Monchal dans l’escalier de la brigade près d’une fenêtre afin de fumer une cigarette. La lumière s’étant éteinte, le jeune homme avait fait un saut dans le vide de 4m60 avant de se mettre à courir vers la clôture d’enceinte. Le gendarme avait alors tiré à sept reprises sur le fuyard qui avait été touché par trois balles dont l’une mortelle au niveau du thorax.
Leur presse (AP), 17 septembre.