Sur la venue de Sarkozy à la BNF

Publié le par la Rédaction


Aujourd'hui, Sarkozy s’est rendu à la Bibliothèque nationale de France pour un colloque sur la maladie dAlzheimer. Voici le texte qui a été diffusé au sein du personnel de la BNF à loccasion de sa venue par la section CNT-BNF.

Le président de la République en visite à la BNF ou quand la publicité sert à cacher des attaques contre les travailleurs !

Nous sommes au service des usagers,
pas des profits du MEDEF et de ses alliés !

Il y a quelque chose d
indécent à voir le président de la République, en fait avant tout au service des patrons, venir faire sa communication dans un établissement public, comme la Bibliothèque nationale de France aujourdhui ou la Cinémathèque au mois de juin, alors même que la politique capitaliste quil mène vise ni plus ni moins à détruire le service public.

En effet, derrière la poudre aux yeux des annonces contre la maladie d
Alzheimer comme «grande cause nationale», la réalité est quil fait faire sa publicité par un établissement public quil est en train de démanteler. Car, entre la Révision générale des politiques publiques (RGPP) qui vise à faire des services publics des établissements autonomes fonctionnant comme des entreprises privées et le projet de loi sur la «mobilité des fonctionnaires» qui vise à détruire les statuts de ceux-ci, sans compter le salaire «au mérite», la loi Pécresse sur lautonomie des universités et la disparition des corps de magasiniers et dassistant des bibliothèques, ce qui est en œuvre est la transformation de services publics répondant aux besoins essentiels de la population gratuitement ou à peu de frais, sans tenir compte de critères de rentabilité ou de marché, en entreprises sous-dotées en effectif, remplies de personnels précaires et ne pouvant plus satisfaire les besoins des usagers, mais seulement ceux des personnes pouvant payer et qui sont rentables.

C
est dans ce sens que vont la réforme du Haut-de-Jardin et lapplication de la RGPP à la BNF, qui ont pour but de transformer la culture de service public de notre établissement en une culture dentreprise, loin de ce que devrait être notre véritable rôle de bibliothèque publique au service des lecteurs et offrant de bonnes conditions de travail à ses agents.

De même, si la lutte contre la maladie d
Alzheimer doit être réellement une priorité, il faudrait commencer par dégager des budgets notables pour la recherche, en prenant sur les profits des grands groupes pharmaceutiques par exemple et en confiant cela à des organismes publics, qui eux essayeront de soigner toutes les maladies et pas simplement celles qui peuvent rapporter de largent, comme cest actuellement le cas de la part des sociétés pharmaceutiques privées.

Mais cette casse des services publics que mène de concert le gouvernement et le patronat est encore plus inacceptable alors que commence une crise économique dont les principales victimes sont comme toujours les travailleurs.

En tout cas, cette crise financière et économique nous montrent bien ce qu’est le système capitaliste : construit sur du vent et la recherche de profits.

Ces derniers jours, ce sont des centaines de milliards d’euros qui ont disparu. Des milliers de milliards depuis un peu plus d’un an. Pfffuuiiiit, envolés ! Aujourd’hui, ironie du sort, les ultralibéraux d’hier deviennent interventionnistes. Le pauvre qui ne peut payer son loyer est expulsé… mais le capitaliste qui fait disparaître des milliards, lui s’en sort tranquillement et les gogos de contribuables paieront. Qui a dit que les capitalistes étaient contre l’intervention de l’État ? Ils sont contre quand il est question de budgets publics et sociaux, mais ils sont pour quand il s’agit que l’État mène des opérations militaires dans leur intérêt, leur verse des subventions dantesques ou vole à leur secours quand ils ont tout perdu dans l’économie-casino ! Les centaines de milliards de dollars injectés ces derniers jours par l’État américain et certains États européens vont permettre à ces joueurs, car il s’agit de joueurs, de continuer leur fuite en avant. C’est comme leur redonner l’occasion de refaire une partie aux frais de la princesse. Et pour cause : c’est avec notre travail qu’ils jouent, et ils s’en donnent à cœur joie ! Au final, ce sont les travailleuses et travailleurs qui vont payer.

Et quand la crise sera passée, que les banques recommenceront à dégager du profit, les États en feront cadeau aux capitalistes. C’est cela, la privatisation des profits et la socialisation des pertes.

Dans ce contexte, que penser d’une privatisation de la Poste, avec introduction en bourse ? Que penser de la casse de l’école publique, du système des retraites en incitant les gens à capitaliser pour s’assurer une fin de vie correcte lorsqu’on en est à attendre le prochain krach boursier ? Que penser de toutes ces entreprises qui licencient, délocalisent, pour augmenter la marge de leurs actionnaires ? Que penser de la hausse du prix des matières premières, mettant en péril les populations les plus pauvres et les plus exploitées de la planète ? Que penser de la hausse des prix des denrées de première nécessité alors que les salaires stagnent ? Ces exemples pourraient être multipliés.

Car la récession touche en premier les plus démunis pendant que d’autres trinquent au champagne. Il faut nous préparer : les drogués du profit ne décrocheront pas tout seuls. Il va falloir les aider ! Il n’y a pas de solution dans l’interventionnisme de sauve-qui-peut que mènent les États, qui cherchent juste à sauver l’équilibre capitaliste. Il faut remettre en cause en profondeur un système qui n’a comme ligne de conduite qu’une fuite en avant centrée sur le profit de quelques uns et l’exploitation du reste de l’humanité. Nous assistons au bal des hypocrites avec un gouvernement qui demande au MEDEF (ses amis) de légiférer pour éviter les parachutes dorés. Il n
y aurait pas d’argent pour les services publics : écoles, lycées, facs, hôpitaux, Poste… mais l’État est capable de trouver des milliards d’euros pour remettre à flots des banques qui ont spéculé en engrangeant d’énormes bénéfices pendant des années. On assiste en réalité à une privatisation des bénéfices dans le cas de la Poste et à une socialisation des pertes dans le cas des banques.

La seule solution à la crise est anticapitaliste et révolutionnaire. Face à un système qui ne produit que misère, guerre et désastre écologique, il est temps de le changer et dinstaller un autre système, fondé sur la gestion de la production par les travailleurs eux-mêmes, par la prise en compte des besoins humains comme principal critère de fonctionnement, sur la propriété collective de léconomie. Abattre le capitalisme nest pas un choix, cest une nécessité.
Mais pour cela, il va falloir nous organiser, nous mettre en lutte, multiplier les manifestations et les grèves, nous opposer à toutes les attaques contre nos droits, renforcer les organisations de lutte, à commencer par les syndicats.
Et pour débuter, refusons la casse de la BNF à travers la RGPP et la réforme du Haut-de-Jardin et disons clairement que nous napprécions pas la visite dans nos murs du dirigeant qui est responsable de nos difficultés.

Publié dans Colère ouvrière

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