No Border Calais : La manif du 27 juin
La grande manifestation s’est plutôt bien passée, malgré un dispositif policier ahurissant et un parcours de manif qui nous a fait passer dans des zones désertiques du port de Calais et de la commune de Blériot. Pour tout dire, nous avions à peine fait 100 mètres en dehors du camp, que chacun-e d’entre nous était fouillé individuellement. Nous avons ainsi attendu au moins une demi-heure, le temps que les policiers ouvrent tous les sacs et confisquent les sweat shirt et les batons de nos drapeaux et banderoles, avec des vagues promesses de restituer ça plus tard. C’est bien évidemment illégal (enfin, en temps normal).
Aujourd’hui nous avons vu : des centaines de CRS armés de leurs «bétaillères» à chaque carrefour, un hélicoptère bourdonnant en permanence au-dessus de notre tête, des gardes mobiles, des flics en civil dans notre cortège, la police montée, des flics en bateau, des flics postés aux fenêtres et sur le toit des immeubles HLM, et jusque dans les jardins des maisons, etc.
Ce fut ainsi quelque peu chaotique pour rejoindre le lieu de la manifestation : nous avons bien marché 1h30 jusqu’au phare, puisque ce sont des dizaines de CRS qui nous ont contraint, à chaque carrefour, à choisir les chemins qui évitaient le centre-ville, histoire que nous allions brayer avec les canards. Cela ne nous a cependant pas empêché de distribuer le journal du camp dès lors que notre route croisait celle de quelques maisons.

Mais l’impression dominante reste un constat d’impuissance face à un dispositif policier et médiatique qui, depuis le début du camp, invisibilise le contenu politique de nos actions pour ne focaliser les regards de l’opinion que sur un aspect sécuritaire monté de toutes pièces. Encore ce matin Nord Littoral titrait : «No Border, ça marche ou ça casse», avec en sous-titre «L’heure de vérité». Jamais telle opprobre n’aura à ce point été jetée a priori. Depuis mardi, les journalistes préparent médiatiquement les éventuelles interventions de flics. C’est bien simple : dès qu’il s’agit de mettre l’accent sur un supposé penchant prononcé pour la guerre de rue, nous sommes clairement des anarchistes, mais dès qu’il s’agit de décrire la réalité bon enfant du camp et sa dimension ouverte sur l’extérieur, nous redevenons d’inofensifs «altermondialistes».
En attendant, il y avait aujourd’hui autant de flics que de manifestant-es et une ville transformée en caserne… Pas d’arrestations et une prise de parole d’un Afghan à la fin de la manif. Avec la tension qui régnait hier soir sur le camp, c’est toujours ça de pris…
Indymedia Lille, 27 juin 2009.
9h35 : Départ pour la manif
Après une nuit dans un camp assiégé par les flics, nous partons vers le phare de Calais, début prévu de la manifestation.
Sauf que nous n’avons même pas fait 200 mètres dans la zone pavillonaire que nous sommes bloqués par un important barrage policier. :-(
On nous annonce qu’afin de pouvoir passer, nous allons tous subir une fouille…
Maintenant, sachant que nous sommes plus de 500, qu’il n’y a que deux flics pour faire les vérifications, et que ça prend au moins une minute par personne, pourrez vous nous dire si nous pourrons rejoindre la manif lorsqu’elle fera son deuxième passage par le phare ?
10h05 : En route vers le phare
Finalement, quelques flics se sont mis en renfort pour fouiller les manifestants, et nous avons pu enfin repartir vers le phare, où nous attendraient déja plus de 2000 personnes.
Quoi qu’il en soit, cet arrêt nous aura encore permis de discuter avec quelques voisins, toujours aussi solidaires face à un déploiement policier aussi disporportionné…
Au passage devant les HLM près du centre commercial Mi-Voix, les manifestant crient aux habitants nous regardant aux fenêtres de nous rejoindre.
Le centre commercial est bien ouvert (tiens, ils n’ont pas suivi les consignes de madame le Maire), mais un des «cars de ramassage» parisiens est garé bien en évidence sur le parking…
Arrivé au phare d’ici 30 ou 45 minutes.
11h25 : Divagations policières
On se demande si les flics regardent le plan de la ville à l’envers ou s’ils cherchent vraiment à ce que tout dégénère…
Alors que nous aurions pu prendre un chemin assez direct et relativement sûr de leur point de vue (avec très peu de commerces), ils nous font prendre tout une série de chemins détournés…
Le pire, c’est qu’arrivés pres du début de la rue Molien, presque vers le lieu de la distribution des repas de midi (en fait plutôt vers 14h, ce qui explique qu’il n’y a actuellement personne), les flics nous forcent à faire un détour et passer juste au contact de la maison des Éclusiers (le squat des Érythréens), puis nous reforcent à rejoindre la rue Molien, alors que d’ici, il faut prendre un pont pour rejoindre directement le phare…
Encore pire, ils nous bloquent quelques dizaines de mètres plus loin… Assez violemment, puisque les BAC balancent quelques coups de matraques sur les premiers rangs, qui cherchent à passer.

Nous sommes donc devant le squat des Érythréens, dans une situation très tendue, car les flics sont au contact de la maison et entravent les déplacements aussi bien des manifestants que des Érythréens…
12h00 : Arrivée au Phare
Bon, on dirait que les flics lillois ont enfin compris qu’ils étaient encore en train de lire le plan de Lille, et qu’ils ont eu la bonne idée de demander aux gens de l’hélicoptère de leur indiquer le bon chemin…
Nous sommes donc enfin arrivés au phare, où nous attendent les autres manifestants. Pas 2000 comme je l’avais malheureusement dit, quand même pas loin d’un millier.
Après une petite prise de parole pour décrire aux autres les conditions de notre parcours, nous partons directement pour la manifestation officielle.
Au delà des barrières, loin de nous, une bonne centaine de Calaisiens nous regardent.
14h30 : Fin de manif
Avec dispersion au phare, alors que nous devions aller jusqu’aux ferries. La longueur du trajet, le soleil de plomb, et probablement le désir de ne pas se retrouver dans une souricière si nous continuions jusqu’aux ferries comme cela était prévu.
Prises de paroles, avec notamment un migrant afgham et une personne de Calais qui héberge un migrant.
Maintenant, puisque nous n’avons pas accès aux restaurants locaux, il ne nous reste plus qu’à retourner au camp.
En espérant que les flics nous permettent un retour moins tumultueux que l’aller…
ZPAJOL liste sur les mouvements de sans-papiers, 27 juin.