Bons baisers de Calais ! Des nouvelles du camp NoBorder

Quelques infos à l’arrach sur la situation à Calais, où se tient le camp No Border.
La ville : Littéralement occupée par les flics. Un militant d’une asso d’aide aux migrants dit qu’il n’a jamais vu autant de flics de sa vie, même en 68 ; et une mamie en ville disait que ça lui rappelait la guerre (occupation allemande). Air (hélico qui survole le camp), mer (vedettes dans le port), à cheval, à moto (ah tiens j’en ai pas vu à vélo :-) et une collection hallucinante d’unités CRS et de BACeux venus d’un peu partout. Le seul moyen pour ne pas voir un bleu, c’est de regarder vers la mer, et encore. Dès qu’on a «le look no border», c’est minimum deux contrôles avec fouille assurés pour faire l’aller-retour camp-centre ville. Si pas de chance, beaucoup plus. Hier matin par exemple, en sortant du camp vers 9 heures trois personnes ont été contrôlées au moment d’entrer dans le bus, par une unité complète (deux fourgons de CRS). D’autres ont été contrôlés à 50 mètres d’intervalle. Ça rappelle beaucoup un certain 2 juin 2006 à Grenoble, en encore pire… mais comme ils trouvent strictement rien sur nous, pas ou très peu d’interpellations liées à ces contrôles depuis. Ça sent la frustration côté flics ! Les Calaisien.ne.s sont très partagé.e.s, entre indignation face à cette occupation (pas facile pour les quartiers, plutôt populaires, juste à côté du camp ! Les CRS font chier les gamins à vélo, et ils ont jamais autant vu la BAC de leur vie…), soutien chaleureux au camp No Border (beaucoup d’habitants des quartiers autour mais pas seulement qui viennent nous voir régulièrement), et peur liée à la manif de samedi véhiculée par les médias. Cependant, même les médias locaux pourris (Nord-littoral par exemple) ont depuis deux à trois jours un discours moins caricatural, plus critique vis-à-vis du déploiement de forces jugé très disproportionné. Ça ne les empêche pas d’être la voix fidèle de la pref, et de véhiculer des infos fausses ou approximatives sur les arrestations et leur motif. Je trouve personnellement le contact avec les Calaisien.ne.s facile et chaleureux, illes sont globalement intrigué.e.s par le camp, curieux.ses, et pas dupes sur les flics. Problème : differ le moindre tract en ville, était quasiment impossible hier aprem ; un rassemblement de trente personnes pour differ a été intégralement embarqué au bout de cinq minutes ; la presse parle aussi d’un commerçant qui a dû retirer, sous pression des flics, l’affichette NoBorder qu’il avait mis sur sa vitrine. No coment.
Le camp : Beaucoup d’arrivées entre mercredi aprem et aujourd’hui vendredi matin, difficile de dire combien on est (et puis j’ai pas très envie vu que les RGs seront mes plus fidèles lecteurs :-) car il y a aussi pas mal de migrants (Afghans principalement), et des jeunes du coin. Belle organisation, AGs quotidiennes, beaucoup de tentes, bouffe et sanitaires qui assurent, cinéma, tente de bienvenue, tente informatique, tente médicale, Legal Team, Trauma Team (soutien psychologique)… Aujourd’hui on va voir un peu plus de journaleux, c’est le créneau qui leur a été donné pour rentrer dans le camp (mais pas partout), conf de presse, match de foot prévu avec des migrants comme symbole du quotidien qu’on partage (un peu) avec eux depuis quelques jours. Par exemple hier soir, belle soirée «boum» sur de la musique iranienne, qui a rassemblé migrants, campeureuses et Calaisien.ne.s.
Les actions :
Une trentaine de personnes se sont enchaînées au centre de rétention de Lesquin (près de Lille) mercredi matin pendant un peu plus de deux heures, toutes relâchées avec un simple rappel à la loi après un peu plus de 24 heures de gardav (empreintes digitales demandées et refusées par la plupart, par contre ADN pas demandé !!).
Tentative de diff de tracts collective en centre-ville réprimée hier (jeudi) aprem, les gen.te.s ont tou.te.s été relâché.e.s dans la soirée, certain.e.s ont une convocation au commissariat aujourd’hui.
Ce matin (vendredi) un gars s’est «englué» presque à poil, sur la porte de la mairie de Calais, pour réclamer des douches pour les migrants. Il a été relâché très vite, pas de poursuites a priori (à confirmer).
Les interpellations : Pour affichage en ville mercredi aprem (sur des panneaux d’affichage libre…), et cinq personnes dans une bagnole contenant une machette (ou hachette ?), un jeu de pétanque et un pied de biche. Toutes ces personnes ont été relâché.e.s, a priori pas de poursuites mais à confirmer. Et puis quelques autres, pour vérification d’identité, avoir un fumigène sur soi, ce genre de trucs…
Ce matin, aux dernières infos de la Legal Team plus personne n’est en gardav !
À part ça la plage est belle (si on arrive à oublier les BACeux qui lèchent leur glace derrière nous), le soleil brille, les frites sont bonnes.
Deux questions sont très présentes sur le camp aujourd’hui : la manif de demain, et que va-t-il se passer pour les migrants après notre départ…
À suivre ! Bises camarades.
Indymedia Toulouse, 26 juin 2009.