Deuxième communiqué de presse du Comité de soutien aux inculpés de Chambéry
Le vendredi 29 mai, au Tribunal de Grande Instance de Paris (quai des Orfèvres), Mike, Rafou et Lucas [pseudonymes] comparaissaient devant le juge de la détention et des libertés pour une requête de remise en liberté. Ils restent mis en examen dans l’affaire de l’explosion de Cognin qui a coûté la vie à Zoé, la nuit du 30 avril au 1er mai, inculpés d’«association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes et de nuire à la sécurité de l’État», «destruction de preuves» (pour Lucas et Rafou) et «fabrication et détention d’explosifs» pour Mike.
Mike, après un séjour à l’hôpital Édouard-Herriot à Lyon, au service des grandEs brûléEs, a été placé en détention le 14 mai dans un centre médico-pénitentiaire, il s’est vu refuser sa demande de remise en liberté.
Rafou a été placé en détention provisoire, il est emprisonné à la maison d’arrêt de la Santé depuis un mois, il s’est vu refuser sa demande de remise en liberté.
Lucas, après avoir passé deux semaines en détention provisoire à la maison d’arrêt de Fresnes, a été libéré sous contrôle judiciaire, et astreint à ne quitter son domicile que pour aller travailler et pointer au commissariat.
Ces mesures de mise en examen extrêmement sévères, permises par les dérogations propres à la juridiction anti-terroriste, n’ont pourtant rien à voir avec l’ampleur de l’affaire. L’enquête n’a révélé aucune preuve d’une quelconque entreprise terroriste, ou projet d’attentat. Mike s’est exprimé à ce sujet et a déclaré n’avoir agi avec Zoé que par curiosité scientifique, sans intention particulière ni projet. Rafou et Lucas ont pu établir leur alibi pour le soir de l’explosion, et ils ont été également disculpés par les déclarations de Mike.
Nous, Comité de soutien aux inculpés de Chambéry, sommes indignés par les procédés de la Sous-direction anti-terroriste, qui se permet sans aucun motif valable, si ce n’est des soupçons, de déployer des dispositifs policiers démesurés, de mener des enquêtes à charge, d’exercer une surveillance constante, d’inculper et de prendre des mesures coercitives contre des personnes sans aucune preuve contre elles.
Nous sommes également choqués que les médias n’aient pas respecté l’anonymat dû aux personnes inculpées.
Nous pensons que l’utilisation de l’anti-terrorisme dans les différentes affaires qui ont fait l’actualité ces dernière années constitue une tentative de criminalisation des modes de vie et des pensées critiques, ce qui participe plus généralement à une politique de la peur et à une intimidation pesant sur chaque individu, et que derrière les discours qui la justifient en tant que prévention d’une résurgence des mouvements de gauche violents, c’est en réalité le délit d’opinion qui fait son retour, et c’est la liberté de penser qu’on attaque.