Prolongation de garde à vue pour trois personnes dans l'enquête Coupat
La garde à vue de trois personnes, interpellées lundi matin dans la région rouennaise et considérées par les enquêteurs comme des proches de membres du groupe Coupat, a été prolongée de 24 heures, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
S’agissant d’une enquête antiterroriste, la garde à vue de ces deux hommes et de cette femme âgés d’une vingtaine d’années, est susceptible de durer 96 heures.
Ils ont été transférés lundi dans les locaux de la Sous-direction antiterroriste à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) et seraient peu diserts lors des interrogatoires, selon une source proche de l’enquête.
Résidant dans la région rouennaise, ils sont considérés comme des proches de plusieurs des mis en examen du dossier des sabotages des lignes SNCF également originaires de cette région.
Ces trois personnes se trouvaient à Thessalonique (Grèce) en septembre 2008 à l’occasion de la Foire internationale, selon cette source.
Les enquêteurs cherchent à connaître leurs liens éventuels avec Julien Coupat, principal mis en examen du dossier, qui se trouvait aussi à Thessalonique pendant cette période et serait à cette occasion entré en contact avec des autonomes (extrême gauche) allemands.
Des neuf mis en examen dans cette enquête antiterroriste, Julien Coupat reste le seul en détention provisoire, six mois après sa mise en examen.
Leur presse (AFP), 19 mai 2009.
Sabotages SNCF : Trois Rouennais placés en garde à vue
Les policiers de la section antiterroriste de la DCRI à Levallois-Perret ont interpellé, lundi matin à Rouen, trois personnes soupçonnées d’être des proches de Julien Coupat.
Rebondissement dans l’affaire dite de Tarnac. Les policiers parisiens de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) et du Service régional de police judiciaire (SRPJ) ont procédé, hier au petit matin, à trois nouvelles interpellations à Rouen. «À trois endroits différents sur la rive droite», indique une source policière.
À l’issue des perquisitions menées au domicile des suspects, deux hommes et une femme, âgés entre 20 et 30 ans, ont été placés en garde à vue dans les locaux de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
«Ils sont entendus dans le cadre de l’enquête sur les sabotages de lignes TGV commis à l’automne dernier. Ce sont des proches de Julien Coupat, le principal mis en cause, confie une autre source proche de l’affaire. Ils appartiendraient à la mouvance ultra-gauche, à un groupe anarcho-autonome. Pour l’heure, nous ne savons pas exactement à quel degré ils sont impliqués dans les sabotages des lignes TGV. La garde à vue devrait permettre d’en savoir un peu plus.»
Les trois jeunes gens arrêtés hier connaissent bien Bertrand, Elsa, Mathieu et Aria, arrêtés eux aussi à Rouen au mois de novembre dans le cadre de la même enquête. «Ce sont des gens qui partagent le même idéal de vie, le même idéal politique. Ils forment, ce que l’on peut estimer être, une communauté.»
Au total, dans ce dossier, neuf personnes, âgées de 22 à 34 ans, sont toujours mises en examen, soupçonnées d’avoir participé — de près ou de loin — aux sabotages des lignes SNCF. Seul Julien Coupat, considéré comme le «cerveau» des opérations, est toujours placé sous mandat de dépôt. Il a été incarcéré le 15 novembre. Mardi dernier, il s’est vu refuser pour la quatrième fois une demande de remise en liberté par la chambre de l’instruction de la cour d’Appel de Paris.
Mes Philippe Lescène et Dominique Vallès, avocats à Rouen, pourraient être appelés à prendre la défense des trois Rouennais arrêtés hier matin. «Je crois que l’État ne veut pas perdre la face, c’est pour cela que de nouvelles arrestations ont eu lieu. Certes, il y a bien eu des actes de sabotage. C’est indéniable. Pour autant, est-ce que toutes les personnes mises en cause aujourd’hui sont concernées ? Je ne le crois pas. Loin de là. Il n’y a pas de preuve dans le dossier. Cette affaire d’État et de terrorisme n’existe pas», estime Me Lescène.
La semaine dernière, les deux avocats, qui assurent déjà la défense de Mathieu, Bertrand, Elsa et Aria, ont déposé une requête en nullité concernant la qualification pénale retenue à l’encontre de leurs clients. Me Vallès argumente : «On parle d’association de malfaiteurs. On parle de terrorisme. Ce sont des faits graves. Pour moi, il n’existe pas d’indices graves et concordants en l’état actuel de l’enquête. Les charges ne sont pas suffisantes, la qualification pénale totalement disproportionnée. C’est pour cela que j’ai demandé la nullité. Avec cette nouvelle vague d’interpellations, on repart pour un tour…»
S’ils sont choisis, Mes Lescène et Vallès ne pourront voir leurs clients avant la soixante-douzième heure de garde à vue. En matière de terrorisme, elle peut durer jusqu’à 96 heures.
Mis en examen, Mathieu témoigne :
«Rien à voir avec les sabotages»
Comme un goût de déjà vécu. Hier, les policiers ont fait irruption chez Mathieu à Rouen à 6 heures, comme le 11 novembre dernier, afin d’arrêter un de ses colocataires. Deux autres Rouennais ont aussi été interpellés en même temps. Une «demi-surprise», assure-t-il «tant le fonctionnement de la justice est chaotique d’une semaine sur l’autre». Toujours mis en examen dans l’enquête sur les sabotages SNCF, Mathieu revient sur la matinée d’hier, qui l’a replongé six mois en arrière.
Que s’est-il passé hier matin ?
Mathieu : «Les policiers sont arrivés à 6 heures. Ils n’ont pas eu à utiliser leur bélier pour défoncer la porte puisqu’elle était ouverte. Toujours mal aimables, ils étaient néanmoins moins nombreux (seulement six fonctionnaires) et moins speed que la première fois. Ils n’ont pas non plus tout retourné dans la maison comme en novembre. Ils ont fouillé dans des papiers d’un des colocataires, puis l’ont emmené.»
Cette arrestation vous a-t-elle surpris ?
«Oui et non car on a récemment vu ce dont était capable la police récemment à Paris (une jeune femme a été braquée au visage avant d’être arrêtée), simplement parce qu’elle fait partie du comité de soutien aux neuf de Tarnac. Ce dont je suis certain, c’est que les trois Rouennais arrêtés n’ont rien à voir avec les sabotages.»
Comment interprétez-vous ces nouvelles arrestations ?
«Que cette enquête, menée par le juge Fragnoli, est menée à l’envers, c’est-à-dire après les arrestations. Aujourd’hui, sans éléments nouveaux, le juge fait arrêter les personnes qu’il veut entendre alors qu’une simple convocation suffirait. S’il doit arrêter les 200 personnes citées dans le dossier, cela risque de lui prendre du temps !»
Propos recueillis par Paul Mouchel
Leur presse (Baptiste Laureau, Paris Normandie), 19 mai 2009.