Affaire de Tarnac : L'acharnement

Ce mardi 28 avril, dans le cadre de l’enquête «anti-terroriste» sur le sabotage des lignes SNCF en novembre 2008, Tessa Polak a été violemment interpellée dans son véhicule, arme sur la tempe, et son domicile perquisitionné. Depuis, elle est maintenue en garde à vue.
Membre d’un comité de soutien «aux inculpés du 11 novembre», il semble lui être reproché d’avoir prêté sa voiture à des personnes mises en garde à vue dans cette affaire, d’avoir des lectures subversives, de fréquenter le «groupe de Tarnac» et d’être amie avec plusieurs des inculpés. Pour ces faits Tessa Polak risque d’être inculpée d’association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste, ce qui veut dire concrètement une peine allant jusqu’à vingt ans de prison et justifiant une garde à vue de 96 heures sans pouvoir voir d’avocat !
De manière opportune, cette interpellation intervient la veille d’une nouvelle demande de libération de Julien Coupat (qui reste le seul détenu dans cette affaire) et en même temps que de nouvelles «révélations» dans la presse.
Il y aurait beaucoup à dire et plus encore à dénoncer : le dossier vide, la crétinisation de la presse, les constructions spectaculaires de la police, le mauvais feuilleton à répétition, le harcèlement de l’État… Mais nous voulons parer au plus pressé en appelant à une solidarité active et entendue avec Tessa.
Son interpellation participe de toute une série de dispositifs répressifs qui se multiplient en Europe et qui vont du délit de solidarité avec les sans-papiers à la condamnation des grèves sauvages, redessinant les contours plus ou moins élastiques de ce qu’on entend par «terrorisme» ou «association de malfaiteurs». Un acharnement !
Nous prenons aux mots les accusations dont on nous affuble pour faire peur en affirmant que nous sommes les amis de Tessa, qu’il nous est arrivé de croiser l’une ou l’autre personne de Tarnac avec qui nous sommes solidaires, que nous lisons des livres subversifs (qu’il nous arrive parfois de prêter), que nous ne dénonçons pas les sans-papiers aux forces de l’ordre. Nous rejetons le faux dilemme qui nous est imposé d’être innocents ou victimes, en renonçant à notre pouvoir de désobéissance et de subversion. Surtout, nous prenons le parti de cette amitié, de cette solidarité, de cette politique contre vos lois et votre gouvernement.
L’attaque contre nos volontés de lutter, de s’entraider, se poursuit avec sa logique d’isolement et d’intimidation : nos amitiés désormais répréhensibles n’en seront pas brisées pour autant.
Nous exigeons la libération immédiate de Tessa Polak, de Julien Coupat et la levée des poursuites envers les neuf inculpés du «11 novembre».
Rassemblement jeudi 30 avril à 18 heures,
devant l’église de Jourdain
(Paris XXe, Métro Jourdain)
«La garde à vue de la femme de 36 ans, interpellée mardi dans l’enquête sur des sabotages de lignes TGV commis en novembre 2008, a été prolongée jeudi de 48 heures, a-t-on appris de sources proches du dossier. (…)»
Leur presse (AFP), 30 avril 2009.