Gwadloup, 18 février 2009

Après une nouvelle flambée de violences dans la nuit de mardi à mercredi en Guadeloupe, où trois gendarmes ont été légèrement blessés par balle, le gouvernement a réitéré mercredi son appel au calme.
Le chef de file du collectif contre la vie chère et les surprofits (LKP) Élie Domota a de son côté imputé l’embrasement de l’île à l’État, qu’il accuse dans un entretien publié mercredi par le quotidien Libération de vouloir «casser du nègre».
Dans l’île, paralysée depuis un mois par une grève générale, plusieurs bandes de jeunes, cagoulés, armés, parfois sous l’emprise de stupéfiants, pour certains âgés de 15 ans, ont à nouveau pris d’assaut les rues mardi soir.
De violents affrontements ont notamment eu lieu dans la ville de Baie-Mahault entre forces de l’ordre et casseurs.
Dans l’agglomération de Pointe-à-Pitre, un magasin de pneus a été incendié et de nombreux autres commerces ont été pillés, tandis que trois gendarmes ont été légèrement blessés par des tirs d’armes à feu.

«Le message du gouvernement est d’abord de lancer un appel au calme», a réagi mercredi matin sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.
«La place des uns et des autres est davantage autour de la table (…) La volonté du gouvernement est de faire aboutir la médiation», a-t-il ajouté.
Les discussions entre les syndicats de l’île et le gouvernement ont pour l’heure essentiellement achoppé sur la question des salaires.
Pour Élie Domota, chef de file du LKP, le secrétaire d’État à l’Outre-mer Yves Jégo a trompé les syndicats, qui continuent d’appeler au durcissement du mouvement, expliquant ne pas avoir d’autre choix face à un État qui privilégie la répression.
«Manblo, fisi, lageole, nou pa pè !»
«Depuis quatre semaines, l’État fait venir des charters de gendarmes pour casser du nègre. Je reste ouvert au dialogue mais aujourd’hui, il a choisi la répression et les Guadeloupéens vont résister. Ils sont en position de légitime défense», affirme Élie Domota dans Libération.
Il y ajoute que des syndicalistes et des militants ont été victimes de «propos racistes» et assure : «Le seul contact que j’ai avec l’État, c’est avec les gendarmes.»
Presse bourgeoise :
Reuters, 18 février 2009 (9h00).
Plus d’infos :
Chien créole - Radyo Tanbou

Autre version
Voilà faire circuler, l’État essaye de museler l’information pour diaboliser et nous séparer, que chacun fasse circuler l’info dans ses réseaux.
Les meRdias nous mentent depuis toujours, ne tombons pas dans le panneau des techniques contre-insurectionnelles dont la France est passée maître depuis l’Algérie.
Apparemment cette nuit les émeutes auraient continué. Une bande serait rentrée dans un supermarché durant la nuit. Les forces de l’ordre arrivées sur place se seraient fait encercler. Là, ils se seraient fait tirer dessus, trois gendarmes et trois policiers légèrement blessés par balle (qu’est ce qu’ils foutaient là aussi à protéger la marchandise, c’est pas eux qui auraient encerclé par hasard ?). Il y aurait eu de nombreuses arrestations.
Un syndicaliste (qui travaillait aux Impôts) qui passait par là (…) en revenant d’un meeting (…) a été mortellement blessé par une balle perdue (tirée par qui ?), mais les médias répètent en boucle qu’il aurait essuyé le tir d’un barrage, ou d’un snipper… Alors qu’il se trouvait à portée de tir des affrontements.
Un hélicoptère survolant la scène et transportant le colonel de gendarmerie aurait également reçu des tirs. On parle de fusils à pompe, mais il semblerait qu’il s’agisse plutôt de fusils de chasse.
Le maire de la ville a prévenu — prémonition ou avertissement ? — : «On risque d’avoir des familles endeuillées, il y a des enfants de 15 ans qui sont en train d’affronter les gendarmes».
[…]
Solidarité internationale avec tous les insurgés.
Par courriel, 18 février 2009 (13h37).

Guadeloupe : Un homme tué par balle
Selon la préfecture, un syndicaliste d’une cinquantaine d’années a été tué par une balle tirée «depuis un barrage tenu par des jeunes». Pointe-à-Pitre a connu une nuit de violences, au cours de laquelle trois policiers ont été blessés. Plusieurs magasins ont été pillés.
La victime, qui a été tuée alors qu’elle se trouvait à bord d’une voiture dans la cité Henri IV, une zone sensible du quartier Chanzy à Pointe-à-Pitre, était «un syndicaliste qui revenait d’un meeting», selon cette source.
«Ce n’est pas un mort lié aux forces de l’ordre», a assuré la même source.
Une personne qui accompagnait la victime est actuellement auditionnée par la police judiciaire.
C’est en accompagnant des pompiers venus porter secours à ce syndicaliste que trois policiers avaient été légèrement blessés plus tôt dans la soirée, par des tirs de plombs, provenant «vraisemblablement d’une arme de chasse», a encore indiqué un responsable de la cellule de crise.
Des magasins pillés
La Guadeloupe a connu une flambée de violence dans la nuit. Au moins trois policiers et trois gendarmes ont été légèrement blessés par des tirs d’armes à feu, alors que les affrontements entre jeunes et forces de l’ ordre se multipliaient.
Plusieurs magasins ont été pillés à Pointe-à-Pitre, selon la préfecture, et des barrages, dont certains enflammés, dressés sur plusieurs rues de la ville désertées par les habitants.
À Baie-Mahault, commune située à 10 km de Pointe-à-Pitre, de violentes échauffourées ont opposé dès 19h00 mardi (00h00 mercredi en métropole) une centaine de jeunes à des gendarmes mobiles.

Trois gendarmes légèrement blessés
Selon le maire de la ville, Ary Chalus, une centaine de jeunes étaient présents dans la zone commerciale de Destrelland à Baie-Mahault, qui avait brièvement rouvert le week-end sous haute surveillance policière. Certains, munis de fusils à pompe, ont tiré à balles réelles en direction de la police, a-t-il également indiqué.
Trois gendarmes ont été légèrement blessés, a ajouté Ary Chalus, tandis que trois jeunes ont également été interpellés.
Face à ce regain de violences, le Collectif contre l’exploitation (LKP), qui mène la grève générale qui paralyse l’île et son activité économique depuis le 20 janvier, a lancé «un appel au calme» sur la radio RCI en milieu de soirée.
Des incidents avaient déjà eu lieu dans la nuit précédente. Lundi matin, les militants du LKP avaient dressé de nombreux barrages et les forces de l’ordre étaient intervenues, puis dans la soirée et la nuit des bandes de jeunes s’étaient opposées aux forces de l’ordre.
Selon la préfecture, «des incendies se déclarent dans des commerces, essentiellement dans l’agglomération de Pointe-à-Pitre».

Pillages de magasins «békés»
Ont notamment été pillés des magasins et entreprises appartenant au groupe béké — les descendants de colons blancs — martiniquais Bernard Hayot (GBH), notamment une concession Renault, un atelier de réparations auto rapides, un magasin de pneus et un hypermarché Carrefour.
Les revendications du LKP portent notamment sur la cherté de la vie, dans des Antilles françaises où quasiment tout est importé, alors que le taux de chômage est le plus élevé de l’Union européenne et le PIB par tête deux fois inférieur à la métropole.
Le conflit social a cristallisé un profond malaise autour des problèmes économiques et sociaux, sur un fond historique marqué par l’esclavage.
Appel au calme d’Élie Domota…
Le leader charismatique du LKP, Élie Domota, a lancé sur la radio RCI un appel au calme, en créole : «Ne mettez pas votre vie en danger, ne mettez pas la vie des autres en danger».
«Ne répondez pas à la provocation», a-t-il lancé aux jeunes, demandant dans le même temps au préfet de «retirer ses gendarmes».
Vers 20h00 locales, sur RFO Télé-Guadeloupe, Élie Domota avait appelé les manifestants à «laisser les gendarmes “débarrer” et à reconstituer les barrages après leur départ».

Ce regain de violences survient alors que le président de la République doit recevoir jeudi à Paris les parlementaires et présidents des collectivités territoriales de Guadeloupe et Martinique.
… et du gouvernement
«Le message du gouvernement, c’est d’abord de lancer un appel au calme, c’est le plus important», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.
«La place des uns et des autres, elle est davantage autour de la table que sur les barricades», a-t-il poursuivi, insistant sur le fait que «l’on ne peut pas en sortir par la violence».
«Nous sommes autour de la table, puisqu’il y a une médiation qui est en cours», a poursuivi le porte-parole, récusant tout désengagement gouvernemental.
Luc Chatel s’est refusé à donner des engagements, alors que le collectif qui mène la grève générale en Guadeloupe et les élus locaux insistent sur le fait qu’un pré-accord conclu avec le secrétaire d’État à l’Outre-mer Yves Jégo prévoyait une garantie de l’État à compenser, par des baisses de charges, une hausse des bas salaires.
«La volonté du gouvernement, c’est de faire aboutir la médiation qui a lieu en ce moment entre les partenaires sociaux», a-t-il dit, répétant la position de l’exécutif, qui dément tout engagement.
Luc Chatel a rappelé que «le président de la République recevra demain (jeudi) les élus des Antilles pour échanger, dialoguer avec eux sur ce sujet».
Le Nouvel Observateur, 18 février 2009 (10h49).




Guadeloupe : «Nous ferons respecter l’État de droit si besoin est», prévient Yves Jégo
«Nous ferons respecter l’État de droit si besoin est. Avec fermeté mais sans brutalité», prévient le secrétaire d’État à l’Outre-mer Yves Jégo, alors que la situation n’évolue pas en Guadeloupe, après plus de trois semaines d’une grève générale qui paralyse l’île.
«Ça suffit, la Guadeloupe ne peut plus attendre. Nous sommes à la croisée des chemins», déclare M. Jégo dans un entretien publié lundi dans Le Parisien/Aujourd’hui en France.
«Soit on risque l’affrontement, ce que ne souhaite pas le gouvernement», explique-t-il. Soit «les six présidents des organisations patronales et les six secrétaires généraux des syndicats se parlent et se mettent d’accord». Et alors, «la Guadeloupe en sortira grandie».
En tout état de cause, «nous ferons respecter l’État de droit si besoin est», car «il n’est pas normal que des commandos de trois ou quatre personnes fassent fermer des usines ou des magasins et prennent la population en otage», juge Yves Jégo, réaffirmant que «la balle est dans le camp du patronat» qui doit «formuler une proposition complète très rapidement».
AP, 15 février 2009 (22h02).