Martinique, 12 février 2009

Publié le par la Rédaction


Suite des évènements.

Martinique, jeudi 12, 13 heures 30. Il faut agir autrement.

Coups de téléphone avec des membres du Collectif. Je propose, véhément, la gestion directe directe des stocks dans les supermarchés par les syndicats «compte tenu de la date de préemption de certains produits qui vont de toutes façons finir à la poubelle».

J’ai très peu de carburant.

HO HIO HEN a cédé et des camions citernes ont pu quitter la SARA. Le but était de complètement assécher les pompes afin d’empêcher les relations entre manifestants, d’empêcher les manifestations elles-mêmes.

Les avocats, le barreau de Fort-de-France, a défilé tout en dignité. Hier j’avais remarqué l’association des mal voyants.

Les leaders du syndicat des artistes font de vibrants discours. Jocelyne Berrouar est parmi nous, bien sûr. Ils ont décidé de défiler dans le silence (!). Alors là chapeau : défiler dans le silence, pour nous, c’est vraiment faire preuve de volonté !

Yves Jégo s’est retiré de la table des négociations pour préparer une déclaration qu’il va faire d’un moment à l’autre. La foule est massée autour de la Préfecture. Il y a tout autour les camions des transporteurs, un genre de tracto-pelle et des autobus de Fort-de-France.


Jeudi 12, 19 heures. Préfecture de Fort-de-France. Conférence d’Yves Jégo.

Le ministre présente un document de 39 points qu’il laisse à la lecture de Collectif. Il en développe certains points, les plus importants.

20% de baisse de cent produits de première nécessité.

Il annonce une augmentation de 200 euros des bas revenus. Cette augmentation ne concernera en réalité que les familles avec au moins un enfant et n’ayant pas plus de 1028 euros de revenus.

En réalité il s’agit de l’application du RSA qui n’était prévu à l’origine qu’en 2011 en Martinique.

Pour le reste, le niveau des salaires, le Ministre s’en remet aux partenaires sociaux.

Quant au SMIC son montant est décidé au niveau national.

Cela n’a pas empêché, dans le passé, le SMIC d’être longtemps resté inférieur à celui de métropole.

Les allocations logements seront elles aussi alignées sur celles de Métropole. Les loyers sont chers en Martinique.

Mille logements sociaux nouveaux seront construits. En combien de temps ? On arrive à en construire 200 à tout casser chaque année.

Huit centimes de baisse sur le litre d’essence. Mais cela ne fait que s’aligner sur le prix de la métropole. Il y a encore quelques mois le prix du carburant était légèrement inférieur à celui de la France.

Concernant les 20% de baisse, cela peut paraître une avancée. Cependant il y a environ 3000 articles différents vendus en supermarché. Et beaucoup pensent déjà que face aux cent articles objet de baisse, on relevera prestement le prix des 2900 autres.

Quelles sont les réponses face à certaines questions pregnantes concernant l’emploi, particulièrement les CDD dans l’Administration ?

Avec insistance le Ministre a rappelé la possibilité du changement de statut «avec l’accord des élus». Il a évoqué la crise mondiale de l’économie.

Quelles que soient les suites de cette crise sociale ici, poursuite ou non de la grève, les gens ici ont pris conscience de leur force, que quelque chose peut être changé. On parle à présent de reprise en mains du pays, de réforme de l’agriculture, de décroissance (!), d’arrêt de la pollution — provoquée par les Békés en grande partie.

Par mail, 13 février 2009.


Voir aussi,
Chronologie du 5 au 7 février / les 8 et 9 février / le 12 février
Interview d’un militant de la CNT
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