À propos des "inculpés de Tarnac", de la crise financière, du Progrès

Nicolas Sarkozy se présentait comme le tant attendu candidat de la vraie rupture et du changement. Pourtant, la «modernisation» forcée du monde, même si elle s’accélère sans cesse, a commencé il y a déjà bien longtemps. Ce n’est pas de gaité de cœur que les populations colonisées ont vu débarquer chez elles le Progrès, défini et imposé par d’autres au mépris de leur propre mode de vie. Que paysans et artisans ont été poussés dans les usines. Et comme dirait l’autre, on n’arrête pas le Progrès, alors gare à toi si tu oses le critiquer ou le refuser !
Les personnes accusées de «terrorisme» qui moisissent actuellement en détention dite préventive (présomption d’innoquoi ?), ou qui ne sont plus en taule mais restent sous contrôle judiciaire, sont surtout jugées (moralement, et bientôt pénalement ?) pour ce qu’elles sont et la manière dont elles vivent. La déferlante des délits d’outrage nous montrait déjà une volonté affirmée de mater la moindre contestation. Le pouvoir se montre ici bien plus menaçant : mettre quelques TGV en retard peut coûter plusieurs années d’emprisonnement, avec ou sans preuve !
Les enquêteurs ont estimé que si aucun des inculpés n’avait de téléphone portable, c’était pour rester furtifs et éviter d’être suivis. C’est simple, non ? Si la quasi-totalité de la population accepte d’avoir dans sa poche un objet qui, en plus d’être un téléphone, peut accessoirement être localisé à tout moment, même éteint (sauf si la batterie est retirée), cela fait automatiquement de celles et ceux qui ne veulent pas de cet objet des suspects, peut-être même bientôt des coupables. Ils doivent avoir quelque chose à se reprocher…
Rassurez-vous, on ne va pas encore en prison quand on refuse de passer par une borne biométrique pour accéder à la cantine de son établissement scolaire. On nous propose juste aimablement d’aller voir ailleurs. Pas d’empreinte digitale, pas de repas subventionné ! Carotte ou bâton ? C’est plus clair pour le refus de prélèvement de son ADN, acte manifeste d’insoumission passible de plusieurs milliers d’euros d’amende, quelle que soit la raison pour laquelle on vous a demandé de passer au commissariat ! D’ailleurs, à quoi bon s’obstiner : en l’absence de coopération, votre ADN, on peut vous le faire cracher de force (littéralement).
Autre chose éminemment louche pour les autorités : le fait de «partir s’installer à la campagne». En effet, pour de jeunes citadins prédestinés à occuper des postes à responsabilité dans une capitale ou une autre, ça cache quelque chose. Quelle personne saine d’esprit voudrait vivre dans ce désert économique où il ne reste que quelques retraité-e-s au milieu des immenses champs de l’agriculture industrielle et machinisée ? Et de quoi vivrait-elle sans Internet (donc sans télétravail) sinon d’activités répréhensibles ?
Comment oser critiquer l’absurdité du travail alors qu’il faut aujourd’hui se retrousser les manches et relancer la machine ? La crise financière nous le montre une fois de plus : le système passe avant tout, l’homme doit être au service de l’économie, et pas l’inverse. Qui ne participe pas à cet effort de guerre est un saboteur ! Les chiens, pardon, les mots sont lâchés : «terrorisme», «prise d’otage», etc. On ne doit vraiment pas être loin de l’interdiction pure et simple de la grève.
Remballez vos procédures «antiterroristes» !
Liberté pour les inculpés, maintenant !
Liberté pour les inculpés, maintenant !
Zéro de conduite no 56, décembre 2008
Syndicats CNT des travailleurs de l’éducation d’Île-de-France.
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