Jean-Marc Rouillan, prisonnier d'opinion

Publié le par la Rédaction


La cour d’appel de Paris a prononcé, le 4 décembre, la révocation de la semi-liberté de Jean-Marc Rouillan. L’écrivain militant retourne en prison… pour délit d’opinion !

Les juges ont souligné que les propos de Jean-Marc Rouillan publiés par l’hebdomadaire L’Express «sont ambigus, mais qu’ils ont été perçus clairement par les familles des victimes». La Cour a donc considéré que Jean-Marc Rouillan a enfreint l’une des quatre contraintes de son régime de semi-liberté, c’est-à-dire l’interdiction de s’exprimer sur les faits pour lesquels il a été condamné.

«Nous considérons, pour notre part, que ce jugement indique la volonté de l’État de criminaliser l’expression d’un militant révolutionnaire», s’insurge le collectif Les Mots en marche qui est à l’origine des pétitions de soutien à Jean-Marc Rouillan. «Nous dénonçons les lois “antiterroristes” qui autorisent l’incarcération pour délit d’opinion. Nous continuons à soutenir les démarches judiciaires pour obtenir la libération de Jean-Marc Rouillan. Nous appelons les signataires à être solidaires des actions qui seront menées pour obtenir cette libération.»

Dans quel passage de l’interview accordée à L’Express Jean-Marc Rouillan aurait dit «Je vais prendre les armes et poser des bombes», comme certaines personnes malintentionnées voudraient le faire croire ? En adhérant au NPA, l’écrivain militant a même dit, de fait, tout le contraire puisque cette démarche politique écarte naturellement toute idée de lutte armée. Mais, il faut croire que le simple fait de prononcer les mots «lutte armée» condamne à la prison quelqu’un qui y a déjà passé une bonne partie de sa vie. Après vingt-deux ans de réclusion, dans des conditions parfois extrêmes, Rouillan était en régime de semi-liberté depuis un an. Sauf durant les nuits et les week-ends qu’il passait en prison, Jean-Marc travaillait pour les éditions Agone, à Marseille, où la suite de ses mémoires révolutionnaires est vivement attendue.

Bien curieux pays ce pays où l’on enferme les gens pour leurs opinions ou plutôt pour l’idée que l’on se fait de leurs opinions. Bien curieux pays ce pays où l’on enferme les gens non pas sur des faits concrets, mais pour les actions qu’ils auraient pu commettre. C’est avec cette curieuse conception de la «prévention» qu’on en arrive à embastiller des militants soupçonnés d’être «chef» de fantomatiques groupes invisibles… C’est avec cette curieuse conception de la «prévention» qu’on en arrive à lancer des raids militaires dans les collèges pour terroriser des gamins sous prétexte de lutte anti-drogue…

On le sait, les saboteurs et les terroristes qui menacent le monde ne sont pas en prison. Ils nous encerclent avec des moyens démesurés, avec le soutien de médias aux ordres, avec la complicité de moutons trouillards et ignares. «L’ignorance c’est la force», disait George Orwell dans 1984. Au nom de l’anti-terrorisme, le pouvoir en pleine paranoïa est tenté de gouverner par la terreur. Nous voilà prévenus.

Malgré tout, n’hésitez pas à signer et à faire circuler les appels qui restent ouverts dans le cadre de la demande de libération de Jean-Marc Rouillan. Voici la liste des pétitions :
 - Celle publiée par CQFD, Jean-Marc Rouillan veut tourner la page sans la déchirer (1245 signataires au 5 décembre 2008 et plus de deux cents signataires papier).
 - Celle relayée par la revue Marginales, Parole en cage (705 signataires au 5 décembre 2008 et plus d’une centaine de signataires papier).
 - Une autre destinée aux politiques, Cela vaut-il la prison ? lancée le 18 novembre (13 signataires).
 - Une dernière destinée aux magistrats, Affaire Rouillan lancée le 18 novembre (9 signataires).
Plus d’informations en s’adressant à Les Mots en marche - 80 rue Ménilmontant, 75020 Paris.

Le Mague, 6 décembre 2008.
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