Jean-Marc Rouillan porte plainte pour non-assistance à personne en danger
Atteint du syndrome de Chester-Erdheim et détenu sans soins au centre de détention de Muret, près de Toulouse, Jean-Marc Rouillan vient de porter plainte contre X pour non-assistance à personne en danger.
La maladie dont souffre Jean-Marc Rouillan a été découverte lorsqu’il était détenu à la prison des Baumettes, à Marseille. Alors que l’administration pénitentiaire lui conseillait de consulter un psychiatre, il fut admis en urgence le 6 mars dernier, in extremis, à l’Unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) de l’hôpital nord de Marseille. Après une série d’examens, les médecins purent enfin diagnostiquer une pathologie rare (186 cas dans le monde), grave et évolutive qui s’attaque au système osseux : le syndrome de Chester-Erdheim.
Suite à une audience en visio-conférence avec un juge antiterroriste, Jean-Marc Rouillan s’apprêtait à quitter les Baumettes pour aller se faire soigner par des spécialistes à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, à Paris. À la surprise générale, le 27 octobre dernier, le cofondateur d’Action Directe s’est retrouvé illico presto au centre de détention de Muret, sans soins ! La justice antiterroriste est à la justice ce que la musique militaire est à la musique…
Jean-Marc Rouillan vit depuis plus d’un an dans un labyrinthe kafkaïen. Incarcéré depuis 1987, il a pu bénéficier, entre décembre 2007 et octobre 2008, d'un régime de semi-liberté. Des parenthèses de liberté mises à profit pour exercer le métier d’éditeur chez Agone où Jann-Marc Rouillan a également sorti plusieurs excellents livres en qualité d’auteur. Une banale interview donnée à un apprenti journaliste et déformée par une horde médiatico-policière a été l’occasion de reboucler l’insoumis, aujourd’hui membre du NPA, trois mois avant qu’il n’accède à une libération conditionnelle. La ficelle est peu grosse, mais, visiblement, ça ne choque pas grand monde au «pays-des-droits-de-l’homme».
Rappelons que l’auteur de Je hais les matins a terminé sa peine de sûreté en 2005. En travaillant aux éditions Agone, en adhérant à un parti légal, Jean-Marc Rouillan, aujourd’hui âgé de 56 ans, a prouvé qu’il n’est pas Hannibal Lecter. En conséquence, d’une part, avant que la maladie ne progresse encore (des signes d'atteinte neurologique centrale sont déjà observés), Rouillan doit immédiatement voir des médecins spécialisés. D’autre part, puisque les traitements prescrits pour ce type de pathologie sont proscrits en milieu carcéral, Rouillan doit rapidement bénéficier de la loi du 4 mars 2002, dite loi Kouchner, qui permet une suspension de peine pour raison médicale. Si rien ne bouge, cela signifie que l’État a décidé de faire crever Rouillan en cabane, à moins qu’il attende que le rebelle se transforme en légume pour le libérer.
Plus au Nord, dans la prison d’Ensisheim (Haut-Rhin), Georges Cipriani, autre militant d’Action directe encore incarcéré après avoir largement effectué sa peine de sûreté, attend aussi qu’on s’intéresse à son sort. Après lui avoir été accordé, son régime de semi-liberté lui est passé sous le nez le 20 août dernier. Appel du parquet… Depuis, sa demande de libération conditionnelle semble s’être perdue dans les oubliettes.
«Georges Cipriani comme Jean-Marc Rouillan n’en finissent pas de subir un chantage au reniement, voire au repentir, explique le collectif Ne Laissons Pas Faire ! (NLPF) dans un communiqué. Ce sont pourtant deux notions absentes du droit français. Comment pourraient-ils renier aujourd’hui cette identité de militants révolutionnaires, sans se nier eux-mêmes, alors qu’ils sont encore prisonniers et qu’ils résistent toujours pour échapper à l’anéantissement carcéral ? Continuons à dénoncer cette justice d’exception qui invente d’année en année de nouveaux obstacles à leur libération : Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani doivent être libérés !»
Diverses initiatives se préparent pour dénoncer l’acharnement qui veut enterrer vivants les derniers militants d’Action Directe emprisonnés. Une réunion publique est organisée par le collectif Ne Laissons Pas Faire ! le jeudi 17 décembre 2009, à partir de 18h30, au CICP, 21 ter rue Voltaire, Paris 11e (avec la participation de Miguel Benasayag (sous réserve), Olivier Besancenot, Hellyette Bess, Jean-Louis Chalanset, Antoine Lazarus, Frédéric Neyrat, Maurice Rajsfus…).
Plus d’infos sur le site de Ne Laissons Pas Faire !
Une bibliographie complète, des articles et des entretiens avec Jean-Marc Rouillan sont disponibles sur le site des éditions Agone.
Enfin, Siné Hebdo publie cette semaine un texte de Jann-Marc Rouillan.
Paco - Le Post, 10 décembre 2009.
Jean-Marc Rouillan : Un an de liberté… volée
En décembre 2009, cela fera un an que Jean-Marc Rouillan, militant d’Action directe, aurait dû se trouver en liberté conditionnelle. Mais cette année de liberté lui a été volée par la justice «antiterroriste», une justice d’exception, qui a fabriqué de toutes pièces un prétexte pour perpétuer une peine déjà accomplie. Il a suffi d’une interprétation fallacieuse de quelques mots prononcés lors d’une interview pour refermer une porte brièvement ouverte, pour mettre fin à dix mois de semi-liberté étroitement contrôlée, et le renvoyer en prison à temps plein.
Au printemps dernier, à la suite d’une détérioration de sa santé, une maladie grave, rare et évolutive était diagnostiquée. Mais depuis plus de six mois, à la prison des Baumettes puis au centre de détention de Muret où il a été transféré le 27 octobre, Jean-Marc est laissé sans soins adaptés. La justice attend-elle que de graves complications dégradent encore sa santé ou va-t-elle enfin lui permettre d’être soigné par des médecins spécialistes du syndrome de Chester-Erdheim ?
Jean-Marc Rouillan a été emprisonné en 1987. Il a accompli sa peine de sûreté depuis 2005. Combien de temps encore l’État va-t-il s’acharner à le priver du droit à une libération conditionnelle ? Alors qu’elle aurait dû lui être accordée depuis un an, la justice va-t-elle la repousser à une date toujours plus lointaine ? Quand va-t-elle examiner sa nouvelle demande de semi-liberté et quand sera-t-il transféré à Fresnes pour le passage préalable obligé par le Centre national d’observation (CNO) ?
En décembre 2009, cela fera six mois que Georges Cipriani, militant d’Action directe encore incarcéré depuis près de 23 ans, aurait dû se trouver en semi-liberté. En effet, en avril dernier, un jugement lui avait accordé ce régime pour un an, première étape vers la liberté conditionnelle. Mais, sur appel du parquet, des juges ont infirmé cette décision le 20 août, décidant après 22 mois de procédure que le dossier de Georges accepté en première instance n’était soi-disant pas recevable ! Depuis la prison d’Ensisheim où il reste incarcéré, Georges Cipriani a déposé une nouvelle demande de libération conditionnelle : celle-ci sera-t-elle cette fois examinée dans des délais normaux ?
Georges Cipriani comme Jean-Marc Rouillan n’en finissent pas de subir un chantage au reniement, voire au repentir. Ce sont pourtant deux notions absentes du droit français. Leur identité politique assumée collectivement leur a valu de passer enfermés les 22 dernières années. Comment pourraient-ils renier aujourd’hui cette identité de militants révolutionnaires, sans se nier eux-mêmes, alors qu’ils sont encore prisonniers et qu’ils résistent toujours pour échapper à l’anéantissement carcéral ?
Continuons à dénoncer cette justice d’exception, qui invente d’année en année de nouveaux obstacles à leur libération : Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani doivent être libérés !
Pour faire le point sur la situation des camarades après les derniers rebondissements judiciaires et pour débattre ensemble des actions à mener pour leur libération, nous vous invitons à une
Réunion d’information et de mobilisation
Avec la participation de Miguel Benasayag (sous réserve), Olivier Besancenot, Hellyette Bess, Jean-Louis Chalanset, Antoine Lazarus, Frédéric Neyrat (lecture de son intervention), Maurice Rajsfus…
jeudi 17 décembre 2009, à partir de 18h30
au CICP, 21 ter rue Voltaire, Paris 11e (métro L9 Rue des Boulets)