Révolte et répression en Tunisie : Solidarité

Publié le par la Rédaction

«Liberté pour tous les prisonniers»

(Manifestation à Tunis le 8 janvier)

 

 

Tunisie : des manifestations réprimées par la police à Tunis

 

La police a réprimé mardi des débuts de manifestations d’artistes et d’opposants dans le centre de Tunis contre la répression des troubles sociaux, ont constaté des journalistes de l’AFP.

 

«Le rassemblement (des artistes) devait se tenir à midi pour dénoncer la violence et l’usage excessif des armes dans le centre du pays», a indiqué Fadhel Jaibi, homme de théâtre. «Nous voulions exprimer pacifiquement notre colère et notre indignation», a-t-il dit, alors que la police le bousculait sur l’avenue centrale Habib Bourguiba.

 

Parmi les protestataires, les comédiennes Raja Amari et Sana Daoud ont été frappées par des policiers en uniforme et en civil, présents en grand nombre. «Honte à vous !», a crié Sana Daoud, en direction des policiers, alors que l’autre actrice était jetée à terre. «Ils nous étouffent, c’est notre droit de manifester», a lancé Jalila Baccar, comédienne et réalisatrice.

 

Le président de la Ligue des droits de l’Homme (LTDH) a dénoncé «un comportement insensé, criminel» indiquant que l’un des dirigeants de la ligue, Abdelatif Biri, a été «sauvagement agressé» dans le centre de Tunis.

 

Une autre manifestation prévue à l’appel de l’opposition a été également étouffée par les forces de l’ordre dans le centre de la capitale, a indiqué à l’AFP l’avocate Radia Nasaroui. «Nous voulons dire au régime d’arrêter de tuer les gens», a déclaré cette opposante faisant état de brutalités contre des avocats venus manifester, selon elle, autour de la statue Ibn Khaldou, devant cathérale de Tunis.

 

La tension était perceptible dans Tunis alors que des appels à manifester massivement sont relayés sur le réseau social Facebook. Plusieurs images de violences et de morts dans l’hôpital de Kasserine, dans le centre, y ont été partagées par les jeunes Tunisiens.

 

Selon un responsable syndical, plus de 50 personnes ont été tuées ces trois derniers jours dans cette ville, chef-lieu de la région d’où est parti le mouvement à la mi-décembre.

 

La presse privée a aussi fait état mardi des manifestations dans plusieurs villes du centre, du sud ouest mais également dans le nord à Bizerte (60 km de Tunis).

 

Tunisia Watch, 11 janvier 2011.

 

 

Les avocats libres contre le dictateur Ben Ali et sa bande
Tunis, 11 janvier

 

 

Tunis : manifestation d'artistes réprimée

 

Une manifestation d'artistes venus exprimer leur soutien au mouvement de contestation sociale qui secoue la Tunisie depuis plus de trois semaines a été «réprimée brutalement» aujourd'hui devant le théâtre municipal de Tunis, situé sur l'avenue Habib Bourguiba, principale artère de la capitale, a-t-on appris auprès de plusieurs manifestants.

 

«Nous étions environ une centaine d'artistes, des hommes et femmes de théâtre, du cinéma, des musiciens, peintres et autres intellectuels qui voulaient protester pacifiquement contre ce qui se passe dans le pays et contre la répression qui a fait une trentaine de morts», a déclaré à l'Associated Press l'homme de théâtre Fadhel Jaïbi.

 

Selon lui, le rassemblement a été «dispersé violemment par un nombre impressionnant de policiers en civil et en tenue», estimé à plusieurs centaines d'agents. «On se croirait au Chili ou dans une République bananière», a-t-il déploré.

 

La comédienne Jalila Baccar a quant à elle dénoncé «la sauvagerie» dont ont fait l'objet plusieurs de ses collègues, notamment Raja Ben Ammar qui, a-t-elle témoigné, «a été insultée, copieusement frappée, traînée par terre et tirée par les cheveux sur plusieurs centaines de mètres». Jointe par téléphone, celle-ci, qui dit souffrir d'un problème cardiaque, a déclaré avoir été frappée à coups de poing et de pied, des coups qui lui ont causé des traumatismes.

 

Des renforts de police anti-émeutes étaient visibles à plusieurs endroits de Tunis, où la circulation des personnes et des véhicules était beaucoup moins dense que d'ordinaire.

 

Leur presse (AP), 11 janvier.

 

 

Un journaliste de Radio Kalima enlevé par une unité spéciale en Tunisie

 

Le journaliste de Radio Kalima, Nizar Ben Hassen a été enlevé à son domicile, dans la ville de Cheba, ce mardi 11 janvier par les unités spéciales de la présidence de la République tunisienne. Il a été conduit à un endroit inconnu. Radio Kalima appelle l'ensemble de la profession, les partis politiques, ainsi que toutes les organisations de la société civile à se mobiliser pour obtenir la libération du journaliste.

 

Radio Kalima, 11 janvier.

 

 

YouTube censure-t-il les vidéos des massacres en Tunisie ? 

 

Censure automatique ? Peu probable, d’autant qu’on imagine mal un algorithme faire la différence entre l’extrait d’un film d’action bien sanglant et cette vidéo, qui nous est parvenue via Facebook, l’un des derniers espaces pas totalement censurés du web social auquel ont accès les Tunisiens.

 

Les Tunisiens n’ont pas accès à YouTube ou DailyMotion, dès lors, il est courant que ceux qui sont en dehors de la Tunisie fassent la passerelle avec ces plateformes afin de relayer ceux qui, sur le front, prennent ces images et prennent des risques.

 

La réaction de YouTube, quelques minutes après l’envoi de la vidéo, est sans appel.

 

 

 

Voilà l’originale, remise en ligne sur Vimeo (ainsi que sur Dailymotion), qui pour l’instant, ne l’ont pas censuré.

 

Attention, éloignez les enfants du poste, c’est particulièrement choquant. Selon nos sources, cette vidéo a été tournée le 10 janvier 2011 à 20:42 à El Ghasrin. (…)

 

 

 

  Fabrice Epelboin - ReadWriteWeb France, 11 janvier.

 

 

La Tunisie exerce aussi des pressions chez nous [en Belgique]

 

Il y a 20'000 Tunisiens en Belgique. Cette petite communauté discrète vit au jour le jour les évènements qui secouent leur pays. Si la plupart souhaite la fin du régime dictatorial du président Ben Ali, peu osent en parler, car les intimidations du pouvoir tunisien ont lieu même chez nous.

 

Des images de manifestants tués par la police en Tunisie ont fait le tour du monde. Toute la presse en parle sauf les médias tunisiens. En voici pour preuve : l'une des gazettes locales réputée comme étant à la solde du président Ben Ali, parle elle plutôt  d'actes de violence contre les policiers.

 

Une vraie révolution

 

Medhi Abbes est Tunisien. Il vit en Belgique et est avocat au barreau de Bruxelles. Il était encore à Tunis en tout début de semaine : «Les Tunisiens que j'ai pu rencontrer très récemment demandent aux européens de ne pas croire aux “salades” que racontent certains régimes. Celui de Ben Ali ne tient lui que grâce à une corruption obscène. Voilà pourquoi le mouvement a pris une telle ampleur. Il ne s'agit pas ici d'une petite contestation sociale mais d'une véritable révolution», dit-il. Medhi Abbes est l'un des rares Tunisiens de Belgique à avoir accepté de parler à visage découvert. La grande majorité des Tunisiens préfère se taire car ils craignent non seulement  pour leurs familles restées au pays, mais aussi pour eux-mêmes en Belgique.

 

«J'ai peur d'être dénoncé»

 

Un témoin anonyme le confirme : «J'ai peur d'être dénoncé et de ne plus jamais pouvoir aller en Tunisie car ce que je vous dit est considéré comme une dénonciation pour l'État tunisien.»

 

 

Il y a 200'000 policiers en Tunisie, soit cinq fois plus que dans notre pays, et cela, pour une population équivalente. Information confirmée par la police fédérale : certains d'entre-eux déambulent en civil dans les rues de Bruxelles pour exercer des pressions contre les opposants au régime.

 

«Ils prennent des notes puis s'en vont»

 

Un autre témoin anonyme nous confirme que certains d'entre eux travaillent pour la sûreté de l'État tunisienne. Ils fréquentent les cafés tunisiens ou tout autre endroit où se retrouvent en général de nombreux tunisiens. «Ils surveillent, prennent des notes, puis s'en vont.»

 

Malgré la peur que ressentent de nombreux Tunisiens, certains iront manifester samedi à Bruxelles pour soutenir les opposants, mais aussi pour dénoncer le silence de certaines démocraties européennes qui continuent à soutenir la dictature du président Ben Ali.

 

Leur presse (RTBF), 11 janvier.

 

 

Le Maroc interdit une manifestation de soutien au peuple tunisien

 

Les autorités marocaines ont interdit, ce lundi à Rabat, une réunion de soutien aux manifestants tunisiens. Face aux troubles, le régime de Tunis peut compter sur son voisin maghrébin.

 

Ce week-end, les manifestations en Tunisie contre le chômage se sont amplifiées, faisant au moins 50 morts. Les troubles se  déplacent, du centre du pays vers les villes touristiques de la Tunisie, situées sur la côte. En réponse, le président Ben Ali s'est exprimé lundi soir, qualifiant les manifestations «d'actes terroristes». Et la Tunisie peut désormais compter sur un allié important dans sa politique de fermeté contre les opposants : le Maroc.

 

Ce lundi, un rassemblement de soutien aux manifestants tunisiens a en effet été interdit par les autorités marocaines, a appris l'envoyée spéciale de L'Express sur place. Organisée par un collectif d'associations, dont l'AMDH (Association Marocaine des Droits Humains), cette mobilisation devait avoir lieu vers 17 heures, devant l'ambassade de Tunisie à Rabat. Le régime marocain aurait motivé son refus par «l'impossiblité pour un pays voisin de la Tunisie d'autoriser sur son territoire une manifestation hostile au régime de Zine El Abidine Ben Ali».

 

Lundi soir, les associations qui ont appelé à ce rassemblement se sont réunise afin de définir les suites à donner à ce mouvement.

 

Radio Kalima - Algérie, 11 janvier 2011.

 

 

Regueb, 10 janvier

 

 

De Sidi Bouzid à Bab El Oued

Contre le règne de l’État, du pouvoir et du fric

 

 


Base de données anarchistes, 11 janvier.

 

 

 

 

Tunisie : retour sur les luttes et la répression

 

Après les mobilisations à Gafsa en 2008 et Bengardane en 2010, la Tunisie connaît, depuis plusieurs semaines, un fort mouvement de contestation, premier mouvement de cette ampleur depuis 23 ans et le début du régime de Ben Ali.

 

La réaction immédiate des habitants de Sidi Bouzid suite à la mort d’un jeune diplômé qui s’est immolé en décembre 2010, acte de désespoir face au harcellement policier et à la précarité, a été relayée dans plusieurs villes.

 

Sur l’ensemble du territoire, le peuple tunisien est rapidement descendu dans la rue, en soutien ; pour défendre leurs conditions de travail, la liberté d’expression, et contre la précarité, la répression et la terreur installée par ce régime policier.

 

Depuis la rentrée scolaire et universitaire début janvier 2011, ce sont les collégiens, les lycéens, certains enseignants et les étudiants qui ont rejoint la mobilisation des travailleurs, chômeurs et de la jeunesse.

 

Malgré le silence et la désinformation des médias internationaux, la mobilisation spontanée de la population, soutenue et rejointe par les syndicalistes ne fait que se renforcer et s’étendre. Les Tunisiens sont déterminés à faire entendre leurs revendications concernant leurs conditions de vie et de travail par tous les moyens.

 

 

Si la répression des manifestants et des syndicalistes, ainsi que la censure et la désinformation, sont depuis longtemps les méthodes du pouvoir tunisien, Ben Ali et ses sbires ont franchi une nouvelle étape dans la violence de la répression pour étouffer ce mouvement. Les policiers ont dès le début été très présents et l’armée a été très rapidement envoyée dans la rue. Dès le début de la mobilisation des gaz lacrymogènes très forts (qui en temps normal sont utilisés contre des animaux ou en situation de guerre) ont été massivement utilisés. Les agressions physiques sur des manifestants et des journalistes, les enlèvements et disparitions se sont multipliés.

 

Depuis plusieurs semaines la police tire à balles réelles sur les manifestants, faisant un premier blessé grave le 23 décembre 2010, puis de nombreux autres par la suite.

 

Certaines villes subissent un état de siège comme à Feriana, Tela, et la population est entrée dans une résistance continue depuis plusieurs jours.

 

Mais depuis la nuit du 7 janvier 2011, c’est un épisode sanglant que vivent les habitants de la région de Kasserine (Tela, Kasserine, Feriana…) et de la ville de Meknessi (région de Sidi Bouzid). Ainsi dans la nuit du 7 janvier 5 personnes ont été tuées par balles et 5 autres ont été grièvement blessées à Kasserine. Dans la nuit du 8 au 9 janvier, les affrontements dans ces villes ont fait au moins 10 morts suite aux tirs à balles réelles des forces de l’ordre, 9 de source officielle, une vingtaine minimum de sources syndicales et selon la population. Un jeune de 17 ans s’est suicidé en s’immolant à Kasserine.

 

La Confédération Nationale du Travail - France condamne la violence que subit depuis des semaines le peuple tunisien. Nous dénonçons la politique du gouvernement, qui répond au mouvement des travailleurs par la terreur. Nous exigeons l’arrêt immédiat des violences et des tueries orchestrées par des forces de l’ordre, la libération immédiate des personnes emprisonnées ainsi que l’arrêt des poursuites entamées à leur encontre, en raison de leur participation à ce mouvement.

 

Par ailleurs, il est temps que l’État français condamne clairement la dictature de Ben Ali et qu’il arrête de présenter la Tunisie comme un espace «où les liberté progressent», comme un pays dont la stabilité politique et économique serait un moteur pour le Maghreb. Les intérêts économiques néocolonialistes de la France ou les arrangements entre les amis Sarkozy et Ben Ali sur la «gestion des flux migratoires» doivent cesser, et l’État français définitivement arrêter son soutien à cette dictature.

 

La CNT soutient les travailleurs tunisiens dans leur lutte et condamne la répression violente qu’utilise l’État tunisien pour faire taire le peuple, et ceci avec le soutien de l’État français.

 

Un coup contre l’un d’entre nous est un coup contre tous !

Vive la solidarité internationale !

 

Le Secrétariat International de la CNT, 9 janvier.

 

 

Publié dans Internationalisme

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