Meurtre des humanitaires internationaux : Israël, c'est vous les terroristes !
Dans la nuit du 30 au 31 mai, cinq bateaux chargés d’aide humanitaire ont tenté de briser le blocus imposé à la bande de Gaza par l’État israélien. Partis de Chypre, ils devaient apporter à la population des matériaux de construction, des maisons préfabriquées, de l’aide médicale, des fournitures scolaires…
Les Gazaoui manquent en effet de tout à cause de l’embargo dont ils sont victimes. De plus les destructions infligées lors de l’invasion de janvier 2009 ont aggravé les conditions de vie. L’objectif de la flotte humanitaire est donc double. Tout d’abord, il s’agit d’apporter à la population une aide indispensable à sa survie que ce soit dans le domaine du logement, de la santé ou bien de l’éducation. Rien de bien méchant pour Israël a priori. Mais cela va à l’encontre de la volonté de l’État sioniste de briser la population palestinienne. Permettre à des familles palestiniennes d’avoir un toit, permettre à la population de se soigner, permettre à des enfants d’aller à l’école ne peut être toléré par Israël. C’est de la Résistance car le peuple palestinien reste en vie ! Le deuxième objectif des bateaux est donc politique : briser le blocus, aider la Palestine à survivre, faire plier Israël dans son œuvre de barbarie destructrice à l’encontre du peuple de Palestine.
Israël avait donc prévenu : la flotte de bateaux ne passerait pas. Ils ont tenu parole de la pire de façon. Les commandos de la marine israélienne ont attaqué les bateaux et leurs passagers internationaux. En effet cette démarche est internationale et regroupe des militants français (Mission civile), des Grecs, des Américains … ainsi que des députés turcs. Naturellement la flotte n’avait aucun moyen de se défendre contre ce déchaînement de violence. Bilan : dix morts d’après l’armée israélienne mais au moins 16 d’après Aljezira ! L’idéologie de haine et de peur de l’autre développé par les sionistes a encore frappé.
La CNT dénonce avec la plus grande colère ce nouvel exemple de la Terreur pratiquée par Israël. Nous sommes aussi très inquiets pour les camarades qui étaient présents sur les bateaux.
Le Groupe de Travail Palestine de la CNT appelle :
• À se rassembler lundi 31 mai à 18h30 devant l’ambassade israélienne à Paris (Métro Franklin Roosevelt),
• À se joindre à tous les rassemblements qui seront organisés aujourd'hui en province,
• À organiser dans l’unité avec les organisations progressistes la mobilisation contre la barbarie israélienne.
Paris, le 31 mai 2010 à 11h
Secrétariat international de la CNT.
Voici le texte que Thomas, coordinateur de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP), avait écrit depuis le cargo grec faisant partie de la flotille de la liberté.
Le dernier set
Un jour ou l’autre peut-être, quelqu’un écrira l’histoire complète de cette aventure. Il y aura beaucoup de rires, de véritables cris et quelques larmes. Mais ce que je peux dire maintenant, c’est que nous n’avions jamais imaginé que nous ferions flipper Israël comme ça. Enfin, peut-être dans certains de nos plus beaux rêves… Tout d’abord, ils ont créé une équipe spéciale d’urgence réunissant le ministère israélien des Affaires étrangères, le commando de marine israélien et les autorités pénitentiaires pour contrer la menace existentielle que nous et nos quelques bateaux remplis d’aide humanitaire représentent. Puis, Ehud Barak lui-même a pris le temps, malgré son agenda chargé, de nous mettre en garde à travers les médias israéliens. Ils nous annoncent maintenant qu’ils nous enverront dans la pire des prisons israéliennes, dans le désert près de Beersheva.
Ce sont des annonces pour nous faire peur. Et d’une certaine façon nous avons peur. Nous avons peur de leurs navires de guerre, peur de leurs Apaches et de leur commando tout noir. Qui n’en aurait pas peur ? Nous avons peur qu’ils saisissent notre cargaison et toute l’aide médicale, les matériaux de construction, les maisons préfabriquées, les kits scolaires, et qu’ils les détruisent. Toute cette solidarité patiemment rassemblée dans de si nombreux pays pendant plus d’un an. Tous ces efforts et cette vague d’amour et d’espoir envoyés par des gens normaux, d’humbles citoyens de Grèce, Suède, Turquie, Irlande, France, Italie, Algérie, Malaisie. Tout ceci pris comme un trophée par un État agissant comme un vulgaire pirate des îles. Qui ne sentirait pas un certain sentiment de responsabilité et de peur de ne pas être capable d’accomplir notre mission et livrer nos marchandises à la population emprisonnée de Gaza ?
Mais nous savons que la peur est aussi de l’autre côté. Parce que depuis le début de notre coalition, l’État d’Israël fait tout ce qu’il peut pour éviter la confrontation avec nous. Depuis le début ils ont essayé de nous empêcher de partir, de regrouper nos forces et de prendre le large tous ensemble vers Gaza. Ils ont essayé de nous briser. Leur scénario idéal était de nous diviser, les Irlandais d’un côté, les Grecs et Suédois d’un autre, les Américains d’un autre encore et les Turcs tout seuls. Bien sûr, ils savaient qu’ils ne pourraient pas mettre la pression sur la Turquie, ni agir directement là-bas. Alors ils ont concentré leurs attaques sur les parties irlandaises et grecques de notre coalition.
Le premier set a commencé il y a deux semaines quand ils ont saboté le cargo irlandais, l’obligeant à retarder son départ pour près d’une semaine. Mais, les Irlandais ont réparé aussi vite qu’ils le pouvaient et maintenant ils sont à un ou deux jours derrière nous. Puis ils ont mis une pression énorme sur le gouvernement grec, affaibli par la crise économique, pour l’obliger à ne pas laisser partir le cargo grec et le bateau de passagers greco-suédois. À cause de ces pressions, nous avons dû retarder notre voyage deux fois et demander aux Turcs, à leurs 500 passagers et aux amis américains qui étaient prêts à partir de nous attendre. C’est ce qu’ils ont fait heureusement ! Jusqu’à la dernière minute avant leur départ de Grèce, nous ne savions pas si les deux bateaux auraient l’autorisation du gouvernement grec, mais finalement le gouvernement grec a décidé de prendre ses responsabilités en agissant comme un État souverain et a laissé le cargo et le bateau de passagers quitter le port du Pirée à Athènes.
Le deuxième set a eu lieu hier, dans la partie grecque de Chypre, là où nous avions négocié avec le gouvernement d’embarquer une délégation VIP deparlementaires européens et nationaux de Suède, d’Angleterre, de Grèce et de Chypre. Alors que les deux bateaux de Grèce, le bateau américain venant de Crète et les quatre bateaux turcs étaient déjà au point de rendez-vous attendant que la délégation VIP arrive et embarque à notre bord, nous avons reçu la nouvelle que notre délégation était encerclée par la police chypriote dans le port de Larnaka et interdite de bouger où que ce soit. Chypre, un pays européen, était en train d’interdire à des parlementaires européens de se déplacer librement sur son sol, en rupture complète de toute législation et réglementations européennes ! Alors que nous commencions à négocier avec le gouvernement chypriote, nous avons clairement compris que ce changement soudain d’attitude envers nous était dicté directement par Israël. De sept heures du matin jusqu’au soir, le gouvernement de Chypre nous mentait, disant que c’était un malentendu que les VIP aient été autorisés à embarquer pour n’importe quelle direction qu’ils souhaitaient, que c’était juste une question bureaucratique à résoudre. Mais rien ne s’est passé et nos parlementaires ont été pris au piège. Le gouvernement chypriote agissait comme un auxiliaire d’Israël et nous a fait perdre un temps crucial. Ce matin, la délégation VIP a décidé que le seul choix qui restait était d’aller au port de Formogossa dans le Nord de Chypre sous contrôle turc, et de là prendre un bateau rapide pour nous rejoindre au point de rendez-vous. Bien sûr, parce que notre coalition est formée de Turcs et de Grecs et de Chypriotes, la Chypre du Nord qui est sous occupation turque, est une question politique très importante. Et envoyer notre délégation prendre un bateau dans le port de Formogossa, encore sous embargo des Nations Unies, est une question politique encore plus importante. Cela aurait pu briser le dos de nos amis grecs et chypriotes de la coalition. Ce fut presque le cas. Mais c’est le contraire qui s’est révélé. Notre coalition tient toujours. C’est le parti chypriote au pouvoir qui est sur le point de se briser, et les sept parlementaires grecs et chypriotes qui faisaient partie de la délégation et ne pouvaient pas aller au nord de Chypre sont furieux contre le gouvernement chypriote. Un immense débat a toujours lieu en ce moment en Grèce et à Chypre sur ce qui s’est passé et sur notre flottille pour Gaza. Dans une heure ou deux, 80% de notre délégation VIP embarquera sur nos bateaux et nous partirons pour Gaza comme prévu. Donc nous pouvons dire qu’Israël a perdu les deux sets qu’il a joués.
Dans quelques heures, le dernier set, crucial, commencera quand nous entrerons dans les eaux de Gaza. Bien sûr, matériellement, il serait très facile pour Israël de nous stopper et nous arrêter, mais le coût politique qu’ils auront à payer sera énorme. Vraiment énorme, à tel point que toutes les ruses et les pièges qu’ils ont tenté de mettre sur notre route ont réussi à faire une seule chose : sensibiliser de plus en plus de gens partout dans le monde sur notre flottille et sur la situation de Gaza. Et de tout ça, nous apprenons quelque chose : la peur n’est pas de notre côté, mais du côté d’Israël. Ils ont peur de nous parce que nous représentons la colère des gens tout autour du monde. Les gens qui sont mécontents de ce que l’État criminel d’Israël fait aux Palestiniens et à chaque amoureux de la paix qui ose prendre le parti des opprimés. Ils ont peur de nous parce qu'ils savent que, dans un proche avenir il y aura encore plus de bateaux à venir à Gaza comme il y a de plus en plus de personnes à décider de boycotter Israël chaque jour.
Thomas, depuis l’un des bateaux
de la flotille de Gaza - le 29 mai 2010.
Gaza : plus de 10 morts dans un raid israélien contre la flottille internationale
Plus de dix passagers ont été tués lundi lorsque des commandos israéliens ont pris d ’assaut la flottille internationale de militants pro-palestiniens qui se dirigeait vers la bande de Gaza, a indiqué l ’armée israélienne qui a admis avoir agi dans les eaux internationales.
Dix-neuf passagers ont été tués et 36 autres blessés lundi lors de l ’assaut donné par des commandos israéliens contre une flottille humanitaire internationale qui se rendait à Gaza, selon un nouveau bilan de la chaîne 10 de la télévision israélienne.
Alors que l’ONU s ’est dite «choquée» et que l ’Union européenne demandait une «enquête complète» des autorités israéliennes sur les circonstances du raid, la Turquie, dont plusieurs ressortissants feraient partie des victimes, a prévenu Israël de «conséquences irréparables» sur les relations bilatérales.
«Plus de dix passagers ont été tués, selon un premier bilan», a affirmé un porte-parole de l ’armée, sans donner de détails sur le nombre de blessés. «Au moins quatre soldats ont été blessés, dont un par balle, et ils ont été transférés vers des hôpitaux israéliens», a précisé l ’armée israélienne.
Une ONG turque, qui a participé à l ’opération, a fait état d ’au moins 15 morts parmi les passagers. «Quinze personnes ont été tuées durant l ’attaque, pour la plupart des ressortissants turcs», a affirmé Mohammed Kaya, qui dirige la branche à Gaza d ’IHH, une organisation turque de défense des droits de l ’Homme.
La flottille acheminant des centaines de militants pro-palestiniens et de l’aide pour Gaza à bord de six bateaux avait appareillé dimanche après-midi depuis les eaux internationales au large de Chypre pour le territoire palestinien.
Les six bateaux devaient être acheminés lundi sous escorte vers Israël et le premier était arrivé en milieu de journée à Ashdod (sud), selon les médias israéliens.
Le gouvernement israélien a accusé les passagers de la flotille d ’avoir «déclenché les violences». «Nous avons fait tous les efforts possibles pour éviter cet incident. Les militaires avaient reçu des instructions selon lesquelles il s ’agissait d ’une opération de police et un maximum de retenue devait être observé», a expliqué le porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Mark Regev.
«Malheureusement, ils ont été attaqués avec une extrême violence par les gens sur le bateau, avec des barres de fer, des couteaux et des tirs à balles réelles», a souligné M. Regev.
Selon le porte-parole de l’armée israélienne, le général Avi Benayahu, l’opération de commando s ’est déroulée dans les eaux internationales. «Le commando a agi en pleine mer entre 04H30 et 05H00 du matin (01H30 et 02H00 GMT) à une distance de 70, 80 milles marins de nos côtes», a affirmé le général à la radio publique.
La Turquie a aussitôt prévenu Israël de «conséquences irréparables» sur les relations bilatérales en condamnant «fortement ces pratiques inhumaines d’Israël». «Cet incident déplorable, qui a eu lieu en pleine mer et constitue une violation claire de la loi internationale, peut entraîner des conséquences irréparables sur nos relations bilatérales», a déploré un communiqué officiel.
À Istanbul et Ankara, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi devant des bâtiments diplomatiques israéliens pour protester contre le raid.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dénoncé «l’acte inhumain du régime sioniste» estimant que «tout cela montre que la fin de ce régime sinistre et fantoche est plus proche que jamais».
À Gaza, le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle l’enclave palestinienne, a appelé lundi les Arabes et les musulmans à un «soulèvement» devant les ambassades d’Israël.
«Nous appelons tous les Arabes et les musulmans à se soulever devant les ambassades sionistes dans le monde entier», a déclaré un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri.
Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a dénoncé une «attaque barbare» contre la flotille internationale dans un communiqué. M. Haniyeh a exhorté les Nations unies à protéger les activistes pro-palestiniens à bord de la flottille.
De son côté, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a condamné le «massacre», réclamé la tenue de réunions urgentes du Conseil de sécurité de l’ONU et décrété trois jours de deuil dans les territoires palestiniens.
La Ligue arabe, qui a qualifié le raid de «crime contre une mission humanitaire», a annoncé qu’elle allait tenir une réunion extraordinaire mardi pour décider des mesures à prendre.
Dimanche dans la soirée, peu après 21H00 locales (18H00 GMT), trois patrouilleurs lance-missiles de classe Saar israéliens avaient quitté le port septentrional de Haïfa pour aller intercepter la flottille, selon des journalistes à bord d’un bâtiment.
La marine israélienne avait annoncé son intention d’empêcher, de force si nécessaire, la flottille de s’approcher des côtes de la bande de Gaza, soumise par Israël à un blocus strict — sauf pour les produits de première nécessité — depuis la prise de contrôle du territoire par le mouvement islamiste Hamas en juin 2007.
Ce raid intervient à la veille de la rencontre à Washington du Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le président américain Barack Obama.
Leur presse (AFP), 31 mai.