Manif antifasciste - Montbéliard, 22 janvier
Manif antifasciste : le centre-ville sous pression
Les services de l’ordre sont restés en faction jusqu’à minuit et demi, hier au centre de Montbéliard, pour dissuader toute escarmouche entre sympathisants de la droite extrême et antifascistes.
À l’issue du face-à-face hostile qui a tenu en haleine pendant plusieurs heures le cœur de la cité des princes samedi soir (notre précédente édition), le maire de Montbéliard Jacques Hélias va-t-il estimer qu’il a eu un manifeste trouble à l’ordre public pour refuser de louer une salle au Front comtois le 19 février prochain ? Car le groupuscule extrémiste (plus extrême que l’extrême droite) revient pour une troisième réunion programmée à Montbéliard en un mois ! Non pas dans une salle plantée à deux pas de la future mosquée (la provocation a ses limites) mais du côté de l’hôpital. L’ordre public a-t-il été troublé samedi ?
Aller au contact
D’un côté, Serge Ayoub, dit Batskin, de l’association 3e voix, à la corpulence façon bodybuildé invité par le Front comtois tient une conférence pour rallier le monde ouvrier à sa cause sur le tempo d’une propagande aux relais nationalistes et identitaires : «L’immigration nuit à notre économie, les ouvriers et leurs familles en font les frais». De l’autre côté, à quelques encablures de la salle Mouhot qui rassemble «une soixantaine de convertis à la cause Ayoub venus de toute la France», environ 150 personnes réunies à l’appel de la CGT, de la FSU et du SCALP défendent «la démocratie et le vivre ensemble», scandent «non à la xénophobie et au racisme». Entre les deux extrêmes, les policiers de Montbéliard, renforcés par un escadron de la gendarmerie mobile de Belfort.
Forcément, ça chatouille certains d’aller au contact, de dire tout près et tout haut aux gros bras qui tiennent conférence un peu plus loin ce que «les gauchos crasseux» pensent d’eux. Mais voilà. La police fait cordon. Elle essuie les remarques habituelles : «Vous êtes le service d’ordre de l’extrême droite». Au service de l’ordre public seulement. Elle est là pour éviter «la baston».
Poing américain et protège dents
Il y a des échauffourées rapidement maîtrisées, des provocations aussi sec calmées et des contrôles. C’est comme ça que la police tombe sur un poing américain, lors d’une palpation de sécurité, dans les poches d’un jeune de 24 ans, domicilié à Bavans, militant d’extrême gauche. «Oups, j’avais oublié que je l’avais dans les poches», explique-t-il benoîtement. Et comment explique-t-il la présence d’un protège dents dans le creux de sa main sinon par une évidente envie d’en découdre ! C’est ballot… L’arme a été saisie, le citoyen «pas belliqueux» a fait l’objet d’une procédure pour port d’arme prohibée. L’unique et seule procédure au cours de la soirée. Au final, pas de bagarre musclée, pas de blessé. Seulement une ambiance lourde, électrique, tendue par un froid glacial. Le rassemblement des antifascistes s’est disloqué. À 23h30, le clan Ayoub quittait la ville. À minuit et demi, les services de l’ordre pliaient armes et bagages.
Leur presse (Le Pays), 24 janvier 2011.
La manifestation antifasciste tourne à l’échauffourée
Pas de dérapage majeur, hier, lors de la manifestation antifasciste qui a réuni près de 200 personnes hier à Montbéliard. Pendant deux heures, les manifestants ont joué à cache-cache avec les forces de l’ordre.
Les forces de l’ordre (une cinquantaine d’hommes) sur les dents pour éviter l’affrontement des deux camps. D’un côté, des antifascistes venus protester contre la venue de Serge Ayoub qui a créé le réseau syndical «Troisième voie pour une avant-garde solidariste», et de l’autre les militants d’extrême-droite réunis au pôle associatif.
Vers 17 heures, vers la Pierre à poissons, à l’appel de la CGT, de la FSU et du SCALP Montbé, 200 personnes se retrouvent autour du slogan «Le fascisme ne passera pas par Montbéliard», «Non au racisme et à la xénophobie».
On a évité le pire
Debout sur la Pierre à poissons, Nadia Barznica prêche la bonne parole du front antiracisme. La représentante du FSU que «Troisième voie, pour une avant-garde solidariste» est une insulte à l’histoire du mouvement ouvrier. «Serge Ayoub et le Front comtois veulent ainsi récupérer la classe ouvrière blanche, catholique, hétérosexuelle et pas syndiqués avec les gauchistes crasseux disent-ils.» Et d’ajouter : «Leur actuelle campagne d’affiches dénonce l’islamisation française, l’immigration, les sans-papiers et ceux qui les soutiennent dans un langage et avec des propos inacceptables dans une démocratie.»
Puis la manifestation prend une autre tournure et on assiste à un jeu du chat et de la souris dans les rues de Montbéliard. Des jeunes, le visage masqué, voulant visiblement en découdre. Direction : le pôle associatif où une vingtaine de militants d’extrême droite a déjà investi les lieux. Mais l’affrontement n’aura pas lieu. Les manifestants antiracistes se heurtant à chaque fois à un cordon de policiers et de gendarmes mobiles venus de Belfort.
Le ton change. «Policiers collabos comme en 1940» ou encore «La police nous protège mais qui nous protège de la police ?» Pendant presque deux heures, des dizaines de manifestants tenteront de forcer le barrage. En vain.
Vers 19 heures, les organisations appellent à la dislocation de la manifestation. Non sans avoir fixé un nouveau rendez-vous le 18 février, date à laquelle le Front Comtois organise un repas, à deux pas des locaux de la mosquée à la rue du Mont-Bart. Mais dans les rues de Montbéliard, les jeunes du SCALP font de la résistance. Les forces de l’ordre restent sur place craignant que la nuit soit chaude.
Leur presse (Le Pays), 23 janvier.