Grève des travailleurs sans papiers de la restauration
Le resto du Centre Pompidou occupé par des sans-papiers
«J’ai déjà un travail, je ne demande ni le chômage, ni le RMI, je veux juste pouvoir vivre comme tout le monde, avec des papiers», s’exclame Ousmane [À la demande des grévistes, les prénoms ont été modifiés], chef de quart mauritanien dans les cuisines du prestigieux Georges. Depuis une semaine, le restaurant branché du sixième étage du centre Pompidou est occupé par des travailleurs sans-papiers, qui demandent leur régularisation.
Derrière les tables finement dressées de la terrasse panoramique, la quarantaine de grévistes s’est installée sur les banquettes design du bar à cocktail du restaurant. Quelque cinquante mètres carrés qu’ils occupent jours et nuits depuis jeudi dernier, devant le regard désabusé des clients qui viennent toujours aussi nombreux pour déjeuner. «On a décidé d’occuper le Georges pour montrer que même derrière les décors des restaurants chics parisiens, ce sont aussi les sans-papiers qui tiennent les coulisses», explique Serge Sellier, secrétaire générale de la CGT du IVe arrondissement.
«Aucune égalité»
Un an après leur premier mouvement de grève en 2008, ils sont près de 4000 travailleurs à avoir rejoint l’«Acte II» de la grève des sans-papiers, lancé depuis deux semaines. Ils tiennent une cinquantaine de piquet de grève dans la région parisienne pour dénoncer l’arbitraire des décisions préfectorales et demander un examen «égalitaire» de leurs demandes de régularisation.
«Dix ans que je suis là, dix ans !», s’écrit Boubou, demi-chef de partie dans les cuisines du Georges. Fiches de paye et contrats à l’appui, tous ont déposé une demande de régularisation en préfecture. Cependant, malgré son CDI, Boubou attend une réponse depuis plus d’un an. En 2008, pourtant, lors de la première grève nationale des travailleurs sans-papiers, cinq de ses collègues ont été régularisés en à peine quelques mois. «Les critères sont différents selon les personnes, selon les préfectures. Peu importe les situations personnelles et les CDI : il n’y a aucune égalité», explique Modou, un Sénégalais d’une quarantaine d’années.
«On paye nos impôts»
«Ça fait des années qu’on travaille, qu’on cotise et qu’on paye des impôts», ajoute Sissoko, «mais on n’a toujours aucun droit». Mauritanien de 36 ans, il travaille dans un autre restaurant huppé de la capitale, dans le VIe arrondissement. Il y a quelques semaines, sa demande de titre de séjour a été rejetée sans aucune justification, malgré le soutien de son employeur et le CDI qu’il a signé il y a cinq ans.
Isolés dans leurs restaurants, les travailleurs sans papiers ont décidé de s’unir en occupant un même lieu. «Tous ensemble on peut faire la différence et faire pression sur le gouvernement», lâche, plein d’espoir Sissoko, employé d’un restaurant du Ve Arrondissement. Une présence de salariés extérieurs à l’entreprise est dénoncée par la direction du Georges. «Sur les quarante grévistes qui occupent le restaurant, seulement quatre d’entre eux travaillent chez nous», proteste Anne-Victoire Magescas, directrice du restaurant. «On a envoyé les dossiers de nos salariés à la préfecture, on ne peut rien faire pour les autres», s’explique-t-elle, ajoutant, inquiète : «c’est important l’image d’un restaurant comme le nôtre, vous savez»
Au 6e étage du centre Pompidou, le très chic restaurant Georges est occupé depuis une semaine par une quarantaine de sans-papiers en grève qui réclament leur régularisation.
«J’ai déjà un travail, je ne demande ni le chômage, ni le RMI, je veux juste pouvoir vivre comme tout le monde, avec des papiers», s’exclame Ousmane [À la demande des grévistes, les prénoms ont été modifiés], chef de quart mauritanien dans les cuisines du prestigieux Georges. Depuis une semaine, le restaurant branché du sixième étage du centre Pompidou est occupé par des travailleurs sans-papiers, qui demandent leur régularisation.
Derrière les tables finement dressées de la terrasse panoramique, la quarantaine de grévistes s’est installée sur les banquettes design du bar à cocktail du restaurant. Quelque cinquante mètres carrés qu’ils occupent jours et nuits depuis jeudi dernier, devant le regard désabusé des clients qui viennent toujours aussi nombreux pour déjeuner. «On a décidé d’occuper le Georges pour montrer que même derrière les décors des restaurants chics parisiens, ce sont aussi les sans-papiers qui tiennent les coulisses», explique Serge Sellier, secrétaire générale de la CGT du IVe arrondissement.
«Aucune égalité»
Un an après leur premier mouvement de grève en 2008, ils sont près de 4000 travailleurs à avoir rejoint l’«Acte II» de la grève des sans-papiers, lancé depuis deux semaines. Ils tiennent une cinquantaine de piquet de grève dans la région parisienne pour dénoncer l’arbitraire des décisions préfectorales et demander un examen «égalitaire» de leurs demandes de régularisation.
«Dix ans que je suis là, dix ans !», s’écrit Boubou, demi-chef de partie dans les cuisines du Georges. Fiches de paye et contrats à l’appui, tous ont déposé une demande de régularisation en préfecture. Cependant, malgré son CDI, Boubou attend une réponse depuis plus d’un an. En 2008, pourtant, lors de la première grève nationale des travailleurs sans-papiers, cinq de ses collègues ont été régularisés en à peine quelques mois. «Les critères sont différents selon les personnes, selon les préfectures. Peu importe les situations personnelles et les CDI : il n’y a aucune égalité», explique Modou, un Sénégalais d’une quarantaine d’années.
«On paye nos impôts»
«Ça fait des années qu’on travaille, qu’on cotise et qu’on paye des impôts», ajoute Sissoko, «mais on n’a toujours aucun droit». Mauritanien de 36 ans, il travaille dans un autre restaurant huppé de la capitale, dans le VIe arrondissement. Il y a quelques semaines, sa demande de titre de séjour a été rejetée sans aucune justification, malgré le soutien de son employeur et le CDI qu’il a signé il y a cinq ans.
Isolés dans leurs restaurants, les travailleurs sans papiers ont décidé de s’unir en occupant un même lieu. «Tous ensemble on peut faire la différence et faire pression sur le gouvernement», lâche, plein d’espoir Sissoko, employé d’un restaurant du Ve Arrondissement. Une présence de salariés extérieurs à l’entreprise est dénoncée par la direction du Georges. «Sur les quarante grévistes qui occupent le restaurant, seulement quatre d’entre eux travaillent chez nous», proteste Anne-Victoire Magescas, directrice du restaurant. «On a envoyé les dossiers de nos salariés à la préfecture, on ne peut rien faire pour les autres», s’explique-t-elle, ajoutant, inquiète : «c’est important l’image d’un restaurant comme le nôtre, vous savez»
Libération, 28 octobre 2009.