Bombes en Italie : l'État italien dans sa pure tradition ?

Publié le par la Rédaction

 

Quelle coïncidence… Alors que le mouvement de la jeunesse en Italie ne cesse de croître contre la politique de Berlusconi, des bombes éclatent dans deux ambassades à Rome et une fausse bombe est retrouvée dans le métro de la ville éternelle.

 

Pour celles et ceux qui connaissent l’histoire de la République italienne, ces attentats en rappellent bien d’autres. Sans revenir aux années de la stratégie de la tension et des attentats qui firent des dizaines de morts dans des lieux publics transalpins, il suffit de se rappeler des colis piègés envoyés dans des casernes militaires juste avant le G8 de Gênes en 2001… À chaque grand moment de tension sociale en Italie, des évènements de ce genre se produisent. À qui profite le crime ? Voilà la question à se poser. Berlusconi qui a sauvé son pouvoir en achetant ouvertement trois parlementaires lui garantissant la majorité à l’assemblée nationale sait que les prochaines semaines vont pour autant être très dures. Étudiants, lycéens, jeunes chercheurs et précaires ne sont pas prêts à stopper leur lutte. En milieu de semaine, Gasparri (patron des députés de la casa delle libertà) demandait déjà des arrestations contre les manifestants du 14 décembre dernier à Rome , les qualifiant de «terroristes» et d’«assassins». Il faisait directement le parallèle avec les années 70 et affirmait qu’il était nécessaire de lancer un nouveau «7 avril» [Le 7 avril 1979 était le début de la grande vague de répression qui allait voir des milliers de personnes incarcérés pour actes de terrorisme.].

 

Même Le Corriere della Sera dans un éditorial se demandait si ces bombes n’étaient pas les bienvenues pour discréditer le mouvement de la jeunesse. Les journalistes du premier quotidien italien seront-il eux aussi pour les hommes de Berlusconi de dangereux personnages voulant destabiliser l’État italien ?

 

Ludo - HNS-info, 23 décembre 2010.

  

 

Un groupe anarchiste italien revendique les attentats au colis piégé de Rome

 

Deux personnes ont été blessées à l'ambassade du Chili et de Suisse.

 

La Fédération anarchiste informelle (FAI) a revendiqué les explosions de colis piégés dans les ambassades de Suisse et du Chili, à Rome. «Nous avons décidé de faire entendre notre voix, avec les paroles et les actes. Nous détruirons le système de domination. Vive la FAI, vive l'anarchie. Fédération anarchiste informelle, cellule révolutionnaire Lambros Fountas», indique un message en italien retrouvé sur un vêtement d'un homme blessé à la mission chilienne. Les explosions présentaient des similitudes avec l'envoi le mois dernier de colis piégés à des institutions étrangères et des ambassades à Athènes, envois imputés à des activistes d'extrême gauche.

 

Deux attaques, une fausse alerte

 

Deux colis piégés ont explosé ce jeudi dans des ambassades différentes à Rome. Après l'explosion d'un premier courrier à l'ambassade de Suisse, une nouvelle explosion a eu lieu à l'ambassade du Chili et un colis suspect a été trouvé à l'ambassade d'Ukraine dans la capitale italienne, a rapporté l'agence Ansa. Mais ce dernier ne contenait rien de dangereux selon un porte-parole. À l'ambassade du Chili en revanche, un fonctionnaire chargé du courrier a été légèrement blessé à la main et au visage. Il a été transporté dans le même hôpital que la victime de l'ambassade de Suisse, selon La Repubblica.

 

 

La police suisse a de son côté déclaré qu'un colis suspect avait été adressé à la représentation diplomatique de l'Union européenne à Berne. Une partie du bâtiment a été évacuée et le colis a été examiné, a déclaré une porte-parole de la police de Berne. Un colis suspect qui s'est avéré en fait être … un banal cadeau de Noël.

 

La police italienne a quant à elle pris la décision d'inspecter toutes les ambassades et consulats de Rome. «Nous travaillons avec des artificiers pour nous assurer qu'aucun colis n'est ouvert par des personnes inexpérimentées», a déclaré le chef de la police romaine, Francesco Tagliente. «Il nous faut encore comprendre la nature de cet épisode, toutes les ambassades ont été alertées», a-t-il ajouté. Le parquet de Rome a ouvert une enquête.

 

Les explosions présentent des similitudes avec l'envoi le mois dernier de colis piégés à des institutions étrangères et des ambassades à Athènes, envois imputés à des activistes d'extrême-gauche. Le maire de la capitale italienne, Gianni Alemanno, s'est également rendu aux ambassades concernées pour exprimer sa solidarité. Il a indiqué que ces incidents n'avaient aucun lien avec le colis suspect retrouvé dans le métro de la ville il y a deux jours, rapporte Sky Italia.

 

De son côté, le ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, a envoyé un «message de prudence» aux ambassades italiennes à l'étranger. «C'est une menace grave pour les missions diplomatiques», a-t-il ajouté, cité par la Repubblica. De son côté, Silvio Berlusconi devait s'entretenir avec son ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, afin de faire le point sur les incidents.

 

Leur presse (20 Minutes), 24 décembre.

 

 

Anarchie et terrorisme 

 Au nom de quoi ? De qui ?

 

Les deux attentats par colis piégés contre les ambassades du Chili et de Suisse à Rome ont été revendiqués au nom de l’anarchie. Ils portent un nom : terrorisme. Qu’il soit pratiqué par des fous barbus fanatiques religieux ou par des anarchistes ne change rien à l’affaire.


Il n’existe aucun rapport entre l’acte et l’intention de l’acte défini par le communiqué.

 

«Nous avons décidé de faire entendre notre voix, avec les paroles et les faits. Détruisons ce système de domination. Vive la FAI, vive l'anarchie. Fédération anarchiste informelle, cellule révolutionnaire Lambros Fountas.»

 

En quoi le fait d’arracher deux mains à un employé d’une ambassade aide-t-il à détruire un système de domination ?

 

Ce système de domination se cache lui-même derrière des valeurs. Ces prétendues valeurs sont quotidiennement démenties par des actes. Les boucheries sont toujours réalisées au nom de grands idéaux mais le bétail abattu est toujours les petites gens, que ce soit au nom de l’État, d’un Dieu ou d’une Révolution. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Mais nous savons qui sont les œufs.

 

Que l’on ne vienne pas me parler d’indignation sélective. Mon indignation se situe exactement sur le même plan face à un tueur qu’il soit en uniforme, qu’il soit fasciste ou communiste, qu’il largue des bombes à 10'000 mètres d’altitude ou qu’il l’envoie par la poste, qu’il vienne frapper à une porte au petit matin…

 

Que cette indignation rejoigne celle qu’exprimeront les faux-culs politiciens et de leurs flics ne me gêne pas outre mesure. Cette forme de guerre entre «dominants» et «dominés» n’est pas la mienne. Elle ne se fait pas en mon nom, pas plus qu’une guerre en Afghanistan ou en Irak.

 

J’imagine encore un autre avenir pour l’idéal anarchiste. Ou sombrera-t-il comme l’idéal communiste dans l’univers totalitaire ?

 

Au nom de quoi ? De qui ?

 

Indymedia Nantes, 24 décembre.

 

 

Les attentats de Rome, un acte de vengeance

 

Les cibles des attentats contre les ambassades de Suisse et du Chili à Rome n'ont pas été choisies par hasard, estime un sous-secrétaire italien à l'Intérieur. Selon lui, les activistes ont voulu sanctionner la collaboration italo-suisse qui a conduit à l'arrestation récente de quelques anarchistes.

 

«L'identification des objectifs n'est pas un hasard», déclare le sous-secrétaire à l'Intérieur Alfredo Mantovano dans un entretien publié vendredi par le quotidien Il Giornale.

 

Plusieurs anarchistes italiens sont actuellement incarcérés en Suisse. Parmi eux figurent trois militants — deux Italiens et un Suisse résidant dans la Péninsule — arrêtés le 15 avril à Zurich et soupçonnées d'avoir préparé une attaque à l'explosif contre le siège suisse d'IBM à Rüschlikon (ZH).

 

L'ambassadeur suisse à Rome voit lui aussi un lien entre les attentats et la détention dans des prisons helvétiques de plusieurs membres d'un «réseau anarcho-terroriste». Interrogé par la radio alémanique «Radio 1» vendredi, Bernardino Regazzoni a évoqué une probable réponse à l'incarcération de l'«éco-terroriste» suisse Marco Camenisch, arrêté en Italie en 1991 et condamné pour l'assassinat d'un douanier à Brusio (GR).

 

Un anarchiste tué en 2009

 

Outre les raisons évoquées pour les violences contre la Suisse, Alfredo Mantovano explique la cible chilienne par le décès en 2009 de l'anarchiste Mauricio Morales. «Il est entré dans le panthéon du mouvement» alors que les autorités chiliennes ont été pointées du doigt «parce qu'elles ont été tenues pour responsable» de son décès, affirme-t-il aussi.

 

Mauricio Morales avait perdu la vie à Santiago du Chili alors qu'il transportait une bombe sur son dos qu'il voulait poser dans une caserne de police, selon la plateforme anarchiste en ligne Non Fides. Les milieux anarchistes rendent fréquemment hommage à leur «camarade mort au combat».

 

Selon lui, les anarchistes liés à des mouvements insurrectionnels sont quelques centaines en Italie et sont réunis dans différents «sigles», tous observés par les services de sécurité.

 

Les deux attentats ont été revendiqués par la Fédération anarchiste informelle (FAI) dans un message retrouvé sur le lieu de l'attentat à l'ambassade du Chili. «Nous avons décidé de faire entendre notre voix, avec les paroles et les faits. Détruisons ce système de domination. Vive la FAI, vive l'anarchie. Fédération anarchiste informelle, cellule révolutionnaire Lambros Fountas», indique le bref message.

 

Lambros Fountas est un Grec anarchiste tué en mars à Athènes dans un affrontement avec la police. Dans le message, le groupe exprime également sa solidarité avec «des camarades en prison» et d'autres groupes anarchistes en Argentine, au Chili, en Grèce, au Mexique et en Espagne.

 

La piste grecque

 

Le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni avait privilégié rapidement «la piste anarchiste insurrectionnelle», en raison «d'épisodes similaires qui se sont produits en novembre dernier en Grèce». Quatorze paquets avaient alors été adressés à des dirigeants européens, dont Angela Merkel, Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy, et d'autres institutions et ambassades, dont celle de Suisse.

 

La police grecque avait imputé ces attentats à des extrémistes anarchistes locaux. À Athènes, le porte-parole de la police, Thanassis Kokkalakis, a toutefois dit vendredi «qu'il n'y (avait) pas d'indications sur une implication grecque dans l'expédition de ces colis» (de jeudi). «Il semble s'agir d'une mesure de solidarité», a-t-il ajouté.

 

Ce n'est pas la première fois que la FAI opère de façon violente en Italie. Lors d'une opération «Santa Klaus», durant la période de Noël en 2003, elle avait fait exploser deux bombes à Bologne près du domicile de Romano Prodi, alors président de la Commission européenne. Elle lui avait aussi expédié un colis incendiaire.

 

Leur presse (TSR), 24 décembre.

 

 

Attentat à la bombe : la Fédération anarchiste informelle est proche de la mouvance grecque

 

Les deux attentats à la bombe qui ont fait deux blessés à l’ambassade de Suisse et du Chili jeudi 23 décembre à Rome ont été revendiqués par un groupe anarchiste, la FAI (Fédération anarchiste informelle). Cette FAI aurait agi par solidarité avec la mouvance grecque, très active depuis l’année dernière.

 

«Nous avons décidé de faire entendre notre voix avec les paroles et les faits. Détruisons ce système de domination. Vive la FAI, vive l'anarchie. Message signé : Fédération anarchiste informelle, cellule révolutionnaire Lambros Fountas.»

 

Ce message, retrouvé jeudi 23 décembre près de l’un des blessés, a orienté les enquêteurs vers une piste anarchiste à dimension européenne. Le groupuscule s’est baptisé «Cellule Lambros Fountas», en hommage à ce militant anarchiste grec, tué en mars dernier à Athènes lors d’un affrontement avec la police. Selon le ministre de l’Intérieur italien Roberto Maroni, «le même type d’initiatives ont visé plusieurs ambassades à Athènes en novembre dernier». Et le modus operandi rappelle aussi les 14 colis piégés destinés à des dirigeants européens comme Angela Merkel et Nicolas Sarkozy par de jeunes militants grecs qui signaient «La Conspiration des cellules de feu». On aurait donc affaire à une nébuleuse européenne.

 

Qu’est-ce que la FAI ?

 

Le sigle FAI apparait pour la première fois en 2003 lors de l’opération baptisée «Santa Klaus». Des colis piégés expédiés depuis Bologne, comme cette fois en pleine période de Noël, visaient plusieurs institutions européennes, Eurojust, Europol, et la résidence de Romano Prodi, homme fort de la gauche italienne, alors président de la Commission européenne. Depuis, plusieurs groupuscules italiens, qui revendiquent la plupart des attaques dans la péninsule ces dernières années, se réclament de cette fameuse Fédération anarchiste informelle. C’est le cas de la Brigade du 20 juillet qui s’en est pris à la préfecture de Gênes, ou de la cellule «Solidarité internationale».

 

«Attaques solidaires»

 

C’est au nom de la solidarité justement que la FAI aurait ciblé le Chili et la Suisse. Déjà en octobre dernier un paquet avec un mécanisme incendiaire avait été trouvé devant l'ambassade de Suisse à Rome, demandant la libération de «Costa, Silvia et Billy», trois anarchistes arrêtés en avril en Suisse et soupçonnés de préparer un attentat contre une multinationale.

 

En Suisse toujours, Marco Camenish, un théoricien de l’anarchisme en Italie, est emprisonné depuis 1991. Au Chili, c’est la figure de Mauricio Morales qui attire l’attention. Ce militant chilien est mort en 2009 dans l’explosion de sa bombe qu’il portait en sac à dos à Santiago du Chili. Quatre mois plus tard, la prestigieuse université Bocconi de Milan a été attaquée à la bombe par le groupe «Sœur en armes - Cellule Mauricio Morales».

 

Rencontres entre les mouvances grecque et italienne

 

Plus qu’une simple nébuleuse européenne, ces actions pourraient résulter d’une coordination entre ces groupes en Europe. Très active depuis un an, la mouvance grecque est en fait en lien avec les Italiens depuis 1998, date à laquelle une vingtaine de militants grecs s’étaient rendus dans le Piémont pour assister aux funérailles d’Edo Massari, qui venait de se suicider en détention. Arrêté quelques mois plutôt, il avait été emprisonné pour avoir organisé plusieurs actes de sabotage contre un train à grande vitesse de Val de Suze.

 

La piste anarchiste doit encore être vérifiée

 

Pour Marc Lazar, spécialiste de l’Italie à Science Po et invité de RFI, les conclusions des enquêteurs sur la piste anarchiste doivent être confirmées. Sous un angle de lecture plus national, ces attentats peuvent rappeler celui de Bologne en aout 1980, que l’on avait attribué à la mouvance gauchiste des Brigades rouges, alors qu’il avait en fait été perpétré par des groupes d’extrême-droite et les services secrets italiens, pour déstabiliser la gauche italienne.

 

«Je m’interroge simplement sur cette coïncidence. Comment se fait-il que des bombes explosent dans un contexte politique bien précis ? Il y a peut-être des anarchistes, explique Marc Lazar ; le problème c’est de savoir s’ils sont vraiment des anarchistes ou s’il n’y a pas des manipulateurs derrière ces poseurs de bombes.» Les attentats de ce jeudi surviennent dans un contexte politique italien tendu, où Silvio Berlusconi a failli perdre sa majorité. 

 

Leur presse (Zoé Sfez, RFI), 24 décembre.

 

 

L’Anarchie est prioritaire, mais elle n’arrive pas par la poste

 

Voici la motion approuvée au congrès national de la Fédération anarchiste italienne, tenu à Milan les 10 et 11 janvier 2004 à propos des répressions et des provocations anti-anarchistes.

 

Si le monde dans lequel nous vivons était acceptable, si l’information n’était pas une dangereuse arme de guerre, de celles destinées à la destruction massive, sans aucune considération pour une population civile désarmée, la nouvelle selon laquelle quelqu’un avait incendié quelques bennes et celle de l’expédition par la poste de quelques livres farcis de pétards auraient eu la place qu’elles méritaient dans la rubrique des faits divers.

 

L’écho médiatique suscité par les pétards envoyés à Romano Prodi, au président de la BCE, à Eurojust et à quelques députés européens, quelques jours après l’incendie de quelques bennes à Bologne, est devenu le prétexte pour élever au maximum le niveau d’«alerte terroriste», comme Berlusconi et Bush l’avaient planifié quelques semaines plus tôt. D’une rive à l’autre de l’Atlantique se répondaient les annonces d’attentats, accompagnées de la militarisation correspondante des vols et des territoires. Avec ces mesures, la guerre durable et préventive vise à atteindre un double objectif. D’une part, alimenter la peur suscitée par un ennemi extérieur toujours à l’affût, et d’autre part tenir en échec tous les sujets impliqués dans la chute d’un système de domination sociale, économique et politique qui entraîne nécessairement la criminalisation, l’expulsion et l’élimination violente de quiconque ne se reconnaît pas dans les règles du jeu. Dans une période de guerre totale contre le terrorisme, il faut de temps en temps faire monter la tension, sinon, on court le risque que la puanteur des cadavres des enfants morts en Afghanistan ou la nouvelle des prisonniers irakiens battus à mort deviennent finalement intolérables même pour les tolérants sujets de notre Nord capitaliste et va-t-en guerre.

 

D’autre part, depuis des mois dans notre pays, le ministre de l’Intérieur et les médias agitent l’épouvantail du terrorisme, pointant les anarchistes comme un péril majeur. Quelques voix policières indécentes se sont même jointes pour évoquer l’hypothèse d’une main anarchiste derrière le triste mode qui consiste à empoisonner des bouteilles d’eau minérale. Dans une époque où les gouvernants promeuvent une privatisation des ressources hydriques qui assoiffe des dizaines de millions de personnes sur la planète, une époque où les ordures produites par le capitalisme rendent l’eau imbuvable, on ne trouve rien de mieux que de couvrir de fange ceux qui s’opposent à ce gâchis.

 

Mais si les anarchistes ont été la cible préférée du gouvernement et de la presse, les attentions de ces messieurs ont eu une portée bien plus ample. Rafles et perquisitions dans les logements et les quartiers d’immigrés ont été à l’ordre du jour durant toute l’année 2003. Les immigrés ont été massivement traités comme des criminels potentiels, jusqu’à des menaces d’expulsion pour simple soupçon de collusion avec des organisations terroristes. Sans parler des traminots qui sont entrés dans la catégorie des dangereux délinquants pour avoir tenté d’obtenir une poignée d’euros supplémentaires en faisant grève hors des carcans imposés par une législation qui réduit le droit de grève à une peau de chagrin.

 

Et, avant eux, c’était au tour des millions de personnes qui avaient manifesté contre la guerre, contre le militarisme, contre la politique néo-coloniale du gouvernement italien. Par conséquent, sur le plan intérieur, la guerre préventive impose d’étouffer dans l’œuf toute tentative d’auto- organisation sociale qui échappe aux mécanismes cafouillants de récupération et d’intégration politique activés par les partis et les appareils syndicaux d’État.

 

En définitive, quiconque critique l’action du pouvoir exécutif finit par être soupçonné de terrorisme : à tel point que s’opposer simplement à l’abolition de l’article 18 du statut des travailleurs ou à la précarisation définitive du travail sanctionnée par la loi 30 suffit pour être assimilé aux assassins de Biagi.

 

À la fin de l’année, en conclusion logique d’une période où toute forme de dissidence était régulièrement criminalisée, sont arrivés ces colis. Inoffensifs pour leurs destinataires, mais savamment utilisés pour la réalisation locale de l’état policier global.

 

On entend déjà parler de lois spéciales qui viendraient s’ajouter aux nombreuses lois répressives où chaque nouvelle «mesure d’urgence» éloigne un peu plus des libertés conquises pourtant déjà bien minces. Pour réprimer les classes dominées, l’hypothèse d’une extension du délit d’association est déjà à l’étude, dérive fasciste qui se moque, comme toujours, du prétendu axiome libéral sur la responsabilité individuelle face au juge pénal.

 

L’alarme suscitée par ces colis de Noël a fini par donner un coup de pouce probablement décisif au lent et fastidieux processus de constitution d’une police européenne : aux carabiniers, policiers, financiers, vigiles, viendront s’unir les euro-cops !

 

Cet écran de fumée a fini par mettre au second plan l’affrontement institutionnel sur l’information, les difficultés croissantes à l’intérieur de la majorité ou des questions telles que les retraites et l’opposition entre liberté de licenciement et liberté de grève. Et dans ces mêmes semaines, l’équipe dirigée par le cavaliere Berlusconi, après avoir résolu avec d’autres lois «spéciales» ses propres problèmes et ceux de sa classe d’appartenance, se prépare à balayer ce qui reste du système de prévoyance et à relancer l’attaque contre les garanties résiduelles établies dans le statut des travailleurs.

 

Si une telle action devait être jugée d’après ses résultats, nous ne pourrions avoir de doute sur l’identité des expéditeurs de cette fumeuse correspondance. Et, disons-le clairement, en ce qui nous concerne, peu importe si les auteurs sont directement sous la dépendance du ministère de l’Intérieur ou si ce sont de généreuses opérations de volontariat. Gratuit ou rétribué, c’est un sale boulot.

 

Avec les paquets sont arrivées des lettres les revendiquant au nom d’une nouvelle organisation informelle dont l’acronyme, «FAI», est identique à celui de la Fédération anarchiste italienne. L’intention, dérisoire, est évidente. Peut-être moins évidente mais bien plus grave est la volonté de mettre en difficulté les anarchistes impliqués dans la difficile lutte quotidienne pour la construction d’une société d’individus libres et égaux.

 

Une telle société ne peut être imposée. Les anarchistes savent que la liberté est une pratique collective qui nécessite un emploi constant pour s’enraciner dans la conscience et l’action quotidienne de chacun, se traduisant dans l’action commune et la lutte sociale. La révolte contre l’oppression devient une gerbe de flammes stérile si elle ne construit pas dans le même temps, si elle ne sait pas contaminer l’atmosphère dans laquelle elle s’exerce et sans laquelle elle s’éteindrait.

 

Bakounine soutenait que la liberté de chacun s’accroissait avec la liberté de tous : là vit et s’alimente le cœur de l’anarchisme social qui constitue notre projet révolutionnaire, appuyé sur la transformation en protagonistes à la première personne des opprimés et des exploités.

 

L’action des anarchistes se réalise à l’intérieur des mouvements sociaux, dans le chemin vers l’autonomie vis-à-vis des institutions, dans la capacité à faire vivre des organisations spécifiques et des organisations de masse caractérisées par les principes de l’autogestion et du fédéralisme. Une Fédération anarchiste est un groupe de relations et de confrontation vivante entre des hommes et des femmes qui partagent la méthode libertaire et ont en commun un programme de transformation sociale radical. Une Fédération anarchiste préconise concrètement l’organisation sociale dans laquelle nous souhaitons vivre, où le rapport direct, le face-à-face, la confrontation et la rencontre entre des options diverses visent à la synthèse possible dans le respect des choix et des trajectoires individuelles. Sa constitution formelle est une garantie de liberté, parce que l’entente associative qui la constitue se fonde sur l’autonomie des groupes et des individus.

 

Les anarchistes de la Fédération anarchiste sont habitués malgré eux à affronter la répression. Notre implication dans la rue, sur les lieux de travail, contre le racisme, le militarisme, la guerre, l’oppression capitaliste et étatique nous a coûté de nombreuses dénonciations ces dernières années. Sans parler des coups de matraque, des perquisitions, des constantes opérations de désinformation opérées dans les médias.

 

Nous avons été dans les manifestations contre la globalisation capitaliste, devant les camps de concentration pour immigrés et les prisons, dans les luttes contre les fabriques de mort, les décharges nucléaires, les incinérateurs, nous avons fait grève et soutenu des piquets, nous sommes présents dans les luttes sur le logement et les espaces sociaux, là où se pratiquent l’auto- organisation, l’action directe, le refus de la délégation et la participation : de la Lucania de la révolte contre la décharge nucléaire aux traminots en lutte.

 

Le gouvernement et la presse s’obstinent dans le binôme bombes et anarchistes, terrorisme et anarchie : nous ne nous laisserons pas intimider, aujourd’hui comme en 1969. N’en déplaise à qui a cru nous mettre en difficulté en manipulant notre sigle et en le jetant en pâture aux médias. Beaucoup de gens nous connaissent et savent qui sont les terroristes qui chaque jour bombardent, empoisonnent, assassinent, emprisonnent ceux qui n’ont pas de pouvoir et sont exploités. Ils sont assis sur les bancs du gouvernement, dans les hiérarchies de toutes les églises, dans les conseils d’administration des grandes entreprises et des banques, dans les travées du parlement, dans les quartiers généraux des armées. Pour les vaincre, nous avons besoin de l’implication solidaire de tous les opprimés et les exploités : les seuls capables de mettre fin à l’oppression, à la hiérarchie, à l’État.

 

Des compagnes et compagnons de Turin, Alexandrie, Vercelli, Milan, Novate, Varese, Bergame, Venise, Trieste, Savone, Chiavari, Gênes, La Spezia, Carrare, Livourne, Pise, Reggio Emilia, Parme, Correggio, Val d’Enza, Bologne, Imola, Chieti, Rome, Naples et Palerme

 


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O
<br /> <br /> @ Lynxhom tu sais les travailleurs ne sont pas toujours du coté des exploités c'est plus compliqué que sa enfin bon je ne vais aps te rappeler que les flics peuvent etre vu du coté des<br /> travailleurs (pour certains). Alors quand tu parles de gens "qui vivent leurs vies pour leurs propres securité laisse moi rire sa me fait surtout penser aux types qui tirent sur les voleurs de<br /> poules et qui sont bien moins de notre coté que de celui du capital.<br /> <br /> <br /> @Henri c'est marrant si on remplace le "i" par un "y" dans ton pseudo on pense a cet anar du debut du siecle celebre pour le comico de la rue desz bons enfants mais aussi pour sa phrase "il n'ya<br /> pas d'innocent" qu'il a lancé en balancant une bombe dans un bar... Bref je pense pas qu'on puisse diviser la société a la sauce marx éxploités/exploiteurs ni laches/actifs mais bon on est pas<br /> sur le forum anar non plus....<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> Euh non je ne te prends pas pour un membre du Jura Libertaire et quand bien même je ne pense pas que ce soit une insulte que d'en être membre ;) Oui bah on ne peut pas le nier, effectivement il y a<br /> eu des lâches qui ont permis ces morts. Il n'empêche qu'il s'agit d'un attentat totalement hasardeux, ce n'était ni de la flicaille, des curetons ou je ne sais quels autres dominants, ni des fafs,<br /> stals ou je ne sais quoi qui étaient les seules victimes potentielles. Je maintiens que si une personne ne dit rien elle devient un ennemi à abattre, même si cette dernière peut, par son silence,<br /> se faire quelque peu complice de l'oppresseur. Je suis donc toujours d'accord avec l'auteur de l'article, il s'agit là de terrorisme que je ne cautionnerai/défendrai jamais.<br /> <br /> <br />
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H
<br /> <br /> Un dernier message pour clarifier un peu j'espère. Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il y a pas seulement des dominants dans ce monde mais aussi des lâches et qu'historiquement cette lâcheté a<br /> coûté la vie à des milliers d'anarchistes et autres camarades (je ne suis pas sectaire contrairement à ce que tu penses) et qu'on a vite fait de toujours prendre parti pour le "bon" peuple<br /> opprimé. C'est ce que disait Boris Vian dans son texte sur le lampiste, encore un "ouf" dans mon genre sans doute : http://abracadablog.canalblog.com/archives/2009/09/03/14224537.html<br /> <br /> <br /> <br />
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H
<br /> <br /> Lynxhom t'as complètement caricaturé mon propos. J'ai l'impression que tu me prends pour un membre du Jura Libertaire ce qui n'est pas le cas je précise.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> non le blog du laboratoire répond au blog du jura libertaire<br /> <br /> <br /> http://lelaboratoire.over-blog.com/article-bombes-a-rome-la-polemique-enfle-comme-a-l-accoutumee-63702548.html<br /> <br /> <br /> On aimerait que cette piste paraisse.<br /> <br /> <br /> Pour le collectif liberttaire<br /> <br /> <br /> <br />
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