8 mars à Lille : Manifestation féministe contre le patriarcat et le sexisme

Publié le par la Rédaction

«LA FEMME» n’existe pas !

Nous sommes diverses, multiples et mouvantes.
Nous sommes femmes, lesbiennes, gouines, trans, féministes…
Nous sommes bisexuelles, hétérosexuelles, autosexuelles, asexuelles, homosexuelles…
Nous sommes précaires, pauvres, salariées, ouvrières, étudiantes, chômeuses, femmes au foyer, mères célibataires, organisées ou isolées…
Nous sommes noires, blanches, métisses, asiatiques, arabes, latinas, berbères…
Nous sommes grosses, maigres, fortes, minces, rondes, poilues, rasées, plates ou à gros seins…
Nous sommes jeunes, vieilles, avec handicap ou pas pour l’instant…

Reprenez votre journée, rendez-nous nos vies !


Aujourd’hui, c’est le 8 mars, la journée dite de «La Femme» ; demain, on sera le 9, et alors ? Rien n’aura changé. Nous ne voulons pas de vos fleurs alors que nous prenons des claques au quotidien. Nous ne sommes pas «La Femme» aimante, souriante et docile qui devrait être heureuse qu’on lui consacre une journée par an. Cette journée se référait au départ à des luttes de femmes pour leurs droits. Elle a été instrumentalisée pour nous enfermer, canaliser nos révoltes et porter nos revendications un seul jour dans l’année.

Marre de tout le travail gratuit qu’on fournit ! Marre de notre précarisation ! Pour l’égalité sociale et salariale !

• Parce que le rôle maternel qui nous est imposé sert d’excuse pour nous éloigner de la vie sociale, politique et culturelle ;
• Parce qu’on attend de nous qu’on console, qu’on cajole, qu’on panse les plaies des enfants, des amis, des parents, des partenaires et que ce travail n’est pas reconnu ;
• Parce qu’on se fade toujours l’essentiel du travail domestique ;
• Parce que même à travail égal, nous n’avons pas un salaire égal et que certains postes nous restent inaccessibles ;
• Parce que le travail le plus précaire, c’est souvent pour notre poire surtout quand on n’est pas blanche (travail ingrat, travail invisible, contrats de merde, temps partiel imposé…).

Marre du contrôle de nos corps et de nos vies ! Marre de l’utilisation de nos corps pour vendre des chips ! Nous voulons que nos corps nous appartiennent enfin !

• Parce que nos corps ne nous appartiennent toujours pas ;
• Parce que le droit à l’avortement est constamment remis en cause et de plus en plus limité ;
• Parce que ce sont toujours les médecins qui décident de ce qui nous convient le mieux (choix de la contraception, grossesse…) ;
• Parce que le psychiatre reste une étape imposée lorsque des personnes trans veulent accéder à des traitements ou à un changement légal d’identité ;
• Parce qu’on nous impose le modèle hétérosexuel et que toute autre sexualité est diabolisée ;
• Parce que nous préférons vivre plutôt que d’attendre le prince charmant, et parce que des fois, nous préférons les princesses ;
• Parce que les canons de beauté qu’on nous impose (pubs, journaux, films, télé…) sont fixés par et pour les hommes.

Marre de se prendre des claques dans la gueule (au propre comme au figuré) ! Marre d’être de la chair à viol ! Pour l’autonomie et l’organisation de nos résistances !

• Parce que les violences conjugales et intrafamiliales sont la première cause de mortalité des femmes en Europe ;
• Parce qu’une femme est violée toutes les 10 minutes ! Et parce qu’en face, la réponse des institutions (quand elles la croient !) n’est que demande de preuves et infantilisation.
• Parce qu’il n’est pas normal que nous ayons peur quand nous marchons seules la nuit ;
• Parce que le caractère lesbophobe ou transphobe de certaines agressions est rarement reconnu ;
• Parce qu’en condamnant le racolage passif, l’État accroît la répression contre les prostituées et les met encore plus en danger ;
• Parce qu’en enfermant les personnes trans dans des prisons correspondant à leur sexe biologique et en leur refusant l’accès à leur traitement, l’État organise la violence contre elles (viols, agressions physiques, verbales…) ;
• Parce que dans notre société binaire (masculin/féminin) et patriarcale, la domination masculine continue d’exister même dans les couples les plus sensibilisés à la question ;
• Parce qu’on a beau avoir beaucoup d’humour, les remarques, invectives et blagues sexistes ne nous font toujours pas rire !

Ainsi pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, nous sommes dans la rue aujourd’hui et dans la lutte au quotidien. Nous ne souhaitons certainement pas être l’égal de l’homme ; nous voulons pouvoir nous définir par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Tant que nous ne serons pas considérées comme des individues à part entière, tant que nous serons des citoyennes de seconde zone, tant que la seule journée pour nous sera le 8 mars, nous ne lâcherons pas l’affaire ! Nous continuerons à nous mobiliser, à investir l’espace, à exiger notre place et à combattre ce système patriarcal, capitaliste, raciste, classiste, binaire et hétéronormé.

Organisation ! Résistance Féministe !
Solidarité ! Émancipation !

Reprenez votre journée, rendez-nous nos vies !

Indymedia Lille, 2 mars 2010.

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