4500 personnes à Berlin contre les coupes budgétaires
4500 personnes à Berlin contre les Sparpaket («paquet d’épargne» = coupes budgétaires)
La police défend le Bundestag avec violence - rassemblement spontané devant la CDU.
4500 personnes se sont rassemblées au matin du 26 novembre dans les environs du Bundestag pour protester contre l’adoption des dénommées «Sparpaket» (coupes budgétaires) par la coalition noire/jaune [CDU/CSU et FDP]. Avec plus de 1500 policiers, la police berlinoise avait complètement verrouillé l’accès au quartier du gouvernement et essayait de tenir la manifestation à distance du Bundestag ainsi que d’empêcher les actions des désobéissants. Déjà en amont, il y avait eu des tentatives pour criminaliser la contestation par des prétendues «alertes terroristes» et par la légitimation d’une sécurisation quasi militaire du parlement. C’est seulement suite à une plainte portée devant le tribunal que le collectif «Nous ne payons pas pour votre crise» a pu imposer qu’une manifestation ait lieu devant le parlement berlinois. Pourtant là encore, la tentative de porter collectivement le mécontentement devant le Bundestag a échoué devant le lourd dispositif de répression de l’État bourgeois. Les manifestants ont essayé à plusieurs reprises de franchir les barrages policiers mais ont été repoussés violemment par les policiers. Comme il était clair que l’investissement espéré du Bundestag ne pourrait être une réussite vu la présence policière massive, quelques centaines d’activistes se sont retrouvés devant la «maison Konrad Adenauer», le siège de la CDU.
Les activistes bloquaient l’entrée devant le bâtiment en criant : «Qu’est-ce que je veux - qu’est-ce que tu veux ? L’interdiction de la CDU !» et tenaient une banderole sur laquelle il était écrit : «Nous serons votre dernière crise ! Pour un mouvement révolutionnaire des travailleu-r-se-s !» Là aussi, la police berlinoise a réprimé massivement et violemment la contestation et a brisé le rassemblement devant le siège de la CDU. Plusieurs personnes ont été arrêtées et blessées.
La journée avait commencé avec une manifestation «Schulstreik» (écoles en grève) de la Potsdamer Platz à la Brandenburger Tor, sur un appel de l’initiative «détruire les blocages à l’éducation». Environ 1000 élèves ont suivi l’appel à une «grève politique de l’école» contre le report des coûts de la crise sur les épaules de la classe ouvrière. Cette grève de l’école était clairement moins importante numériquement que les précédentes. Florian Bensdorf, porte-parole de l’initiative se réjouit pourtant de la réussite que constituent cette descente dans la rue de la contestation contre la politique éducative et sociale du gouvernement, et la mobilisation de jeunes gens. La manifestation des lycéen-ne-s bruyante et offensive est partie de la Potsdamer Platz — qui était complètement bloquée et occupée par les unités anti-terroristes de la police à cause de la visite du politicien russe Vladimir Poutine — jusqu’à la Brandenburger Tor. Là, les lycéen-ne-s berlinois ont rejoint le début de la manifestation du collectif «Nous ne payons pas pour votre crise !». Plus de 80 groupes avaient appelé à désobéir à l’interdiction de rassemblement devant les bâtiments officiels (Bannmeile = «zone interdite pour les rassemblements») et a donner un «carton rouge» au gouvernement, directement devant le parlement. Malgré des mois de préparation, le nombre de participants est resté modeste. Si le mauvais temps et l’horaire (tôt) n’y sont pas pour rien, le nationalisme diffus dans toute l’Allemagne ainsi que l’idéologie du «partenariat social» porté pendant des années par les syndicats sont les raisons centrales pour expliquer pourquoi même le point fort d’un «automne chaud de la contestation sociale» annoncé par la gauche sociale n’est en rien comparable aux mouvements et luttes de classes des autres pays européens. D’après Jonas Schiesser de l’ Action Révolutionnaire Antifasciste de Berlin (ARAB), «malgré le peu de participation, nous pensons qu’il est important de se risquer à porter notre rage au delà des manifestations attendues et prévisibles, là où les décisions sont prises. La prochaine fois nous serons plus nombreux et mieux préparés, et la police berlinoise encore plus surmenée.» Tim Laumeyer, de la gauche antifasciste de Berlin (ALB) rajoute : «Même si le gouvernement passe en force les coupes budgétaires, la résistance contre la politique de redistribution, Hartz IV et l’anéantissement du social continuera.»
Traduit d’Indymedia Allemagne, 29 novembre 2010.