"Michelin, t'as du blé, va falloir en donner !"
Jets de pétards contre fumigènes, affrontement avec des CRS venus en nombre, bousculade…
L’assemblée générale annuelle des actionnaires Michelin, qui se tenait ce vendredi matin dans son fief de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a tourné au coup de chaud.
Les syndicats Sud et CGT avaient appelé à manifester devant la salle Polydôme où se réunissaient 1800 actionnaires autour des cogérants du groupe, dont le patron Michelin Rollier.
Pour l’occasion, plusieurs cars de Bibs avaient fait le déplacement depuis les sites de Roanne (Loire), Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) ou encore Blavozy (Haute-Loire).
Dès l’arrivée des actionnaires, le ton est vite monté lorsque les manifestants ont voulu investir les lieux par la force. «Comment voulez-vous qu’on accepte que 150 millions d’euros aillent à ses actionnaires, pendant que nous subissons du chômage partiel et des fermeture de sites ?», s’indigne la CGT.
À l’intérieur, l’AG a pu se tenir normalement, sur fond de crise bien sûr. «Au premier trimestre, le groupe a enregistré une baisse de chiffre d’affaires de 14%, avec une baisse de volumes de près de 25%», a précisé Michel Rollier, dont le niveau de rémunération a suivi le cours de bourse cette année.
En un an, l’action Michelin a perdu plus de 50% et le patron de la commandite payé au résultat a vu logiquement sa rémunération divisée par deux pour atteindre les 2,4 millions d’euros. «Je comprends l’inquiétude des salariés, mais tout sera mis en œuvre pour éviter les restructurations en France», a confirmé officiellement le patron du no 1 mondial du pneumatique.
Leur presse, 15 mai 2009
(Geneviève Colonna d’Istria, L’Usine nouvelle)
Le partage dénoncé à Michelin
Ce matin, sur le chemin du retour, les salariés dolchardiens de Michelin étaient toujours remontés. Quelques instants avant, ils avaient lancé des œufs et de la farine sur les actionnaires de l’entreprise qui se réunissaient en assemblée générale à Clermont-Ferrand. «On leur a dit notre colère face à l’argent qu’ils se partagent», explique le secrétaire de la CGT Éric Bellet.
Les «Bibs» dénoncent l’injustice entre d’une part les actionnaires et dirigeants, et de l’autre les employés. «Cent quarante-cinq millions d’euros de dividendes et trois millions de stock-option vont être distribués alors que les salariés n’ont touché ces quatre dernières années aucune participation aux bénéfices et une augmentation générale des salaires comprises seulement en moyenne entre 1,5% et 1,7%», constate la CGT.
Cinq siècles de Smic
Repoussés par les forces de l’ordre quand ils ont voulu entrer sur les lieux de l’assemblée générale, les manifestants ont souligné le fait que leur directeur, Michel Rollier, ait «empoché huit milions d’euros en vingt ans, soit cinq siècles de Smic, alors qu’au bout de quinze ans d’ancienneté, un ouvrier touche à peine mille trois cents euros».
Que le chômage partiel soit payé à 100%
Les salariés demandent deux choses : que le chômage partiel soit payé à 100%. «Les travailleurs ne sont pas responsables de cette crise», justifie Éric Bellet. Et que les salaires soient augmentés. «Nous demandons une hausse de trois cent cinquante euros net : c’est ce que les salariés ont calculé avoir perdu en coût de la vie ces dix dernières années», continue Éric Bellet.
À l’usine de Saint-Doulchard, qui emploie 580 personnes, la CGT dénonce en particulier le chômage partiel déguisé. «Les salariés ont été obligés de poser vingt-et-un jours de congés du 1er janvier au 31 mai. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux les ont posés et il n’y a pas de travail qui sort. Nous avons donc une grosse crainte du chômage partiel», affirme Éric Bellet.
Dans l’après-midi, la direction de Michelin a annoncé qu’aucun plan social n’était prévu.
Leur presse, 15 mai
(Guillaume Bellavoine, Le Berry)