Visite présidentielle à Valence
D. Guillaume, PS :
«J’ai entendu ce que je voulais entendre !»
La politique est l’art de la séparation. Là où la vie a perdu sa plénitude, où la pensée et l’action des individus ont été sectionnés, catalogués et enfermés dans des sphères séparées, là commence la politique.
Ayant éloigné certaines activités des individus (la discussion, le conflit, la décision en commun, l’accord) en zone en soi qu’elle prétend gouverner, forte de son indépendance, la politique est en même temps séparation parmi les séparations et gestion hiérarchique du cloisonnement.
Chaque fois que les subversifs acceptent de séparer les différents moments de la vie et pour changer, en partant de cette séparation, les conditions données, ils deviendront les meilleurs alliés de l’ordre du monde.
Fort de cette idée, j’ai fait l’expérience, de faire une dérive psychogéographique avec un membre du NPA dans la voiture et toute la matinée, nous avons cherché quelques traces de rébellion contre cet homme d’État qui représente pour moi tout ce qui pue le plus : «C’est justement parce que la politique aspire à être une condition première de la vie même que la politique insuffle partout son haleine mortifère.»
On a trouvé une seule trace de quelque émoi, c’est à Romans-sur-Isère :
J.-J. Queyranne, PS (président de la Région) :
«L’argent public est bien utilisé.»
La politique est l’art de l’accommodement. Attendant toujours que les conditions soient mûres, on finit tous un jour ou l’autre par s’allier au patron dans l’attente.
La politique est l’art du calcul. Afin que les alliances soient profitables il est nécessaire d’apprendre les secrets de ses alliés. Le calcul politique est le premier des secrets. Il faut savoir où on met les pieds. Lorsque l’amour de soi déborde, il exige d’être propagé. Et à force de mesurer ce que l’on a, on finit par tout obtenir, exepté la volonté de le mettre en jeu et de le perdre.
Conclusion provisoire de la dérive : La politique est l’art de la récupération. La manière la plus efficace pour décourager toute rébellion, tout désir de changement réel, est de présenter un homme d’État comme subversif, ou bien — mieux encore — transformer un subversif en homme d’État.
Renseignements tirés de la revue À corps perdu.
Le Laboratoire, 4 mars 2009.