Ouverture d'un squat politique à Caen

Publié le par la Rédaction


«Une tentative d’expulsion illégale vient d’avoir lieu sur le squat le Pavillon noir ! Trois personnes embarquées. Mais au comico, les flics se sont rendus compte de l’illégalité de la procédure. Ils sont ressortis. Besoin de monde…»
(Vendredi 14 mars, 15h32)

Quand le Pavillon noir se déploie,
La Mauvaise Herbe repousse (toujours) !
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C’est avec plaisir, que le collectif «Le Pavillon Noir», composé d
étudiants, de chômeurs, de sans-logis et de salariés vous annonce louverture dun nouveau centre social autogéré à Caen. En effet, nous occupons depuis le mercredi 12 mars 2008, un bâtiment vide, inoccupé depuis longtemps, ouvert et laissé à labandon. Il est grand et en parfait état. C’est ce vendredi que nous avons décidé de rendre son occupation officielle. Rappelons, que nous n’en sommes pas expulsables sans procédure légale devant le Tribunal de Grande Instance de Caen.

Nous occupons ce lieu pour plusieurs raisons. Premièrement, parce quun certain nombre dentre nous na plus les moyens financiers de se loger sur lagglomération caennaise. Deuxièmement, parce qu’on n’a pas de lieux pour nos projets et nos diverses activités : ateliers vélos, ateliers informatiques, ateliers peintures, chorales, projection de films et documentaires, débats, salle de réunion, cuisine collective, théâtre, zone de gratuité, bibliothèque militante —infokiosque—, etc. Troisièmement, parce que face au capitalisme qui pourrit nos vies et notre environnement, il faut se rencontrer, se rassembler, s’organiser. Nos squats se veulent des carrefours où l’on peut mettre en commun nos expériences, nos savoirs, nos moyens, nos envies pour résister, créer et saboter ce vieux monde inégalitaire et répressif. Quatrièmement, parce que «La Mauvaise Herbe» repousse toujours et à cela, personne n’y peut rien.

Nous sommes peut-être en situation de précarité mais nous avons une vie riche et nous voulons continuer à l’enrichir. Ces projets, en partie énumérés, sont la continuité de ceux mis en place à «La Mauvaise Herbe», un ancien centre social autogéré, illégalement expulsé et rasé.

«Le Pavillon noir» est, pour une partie d’entre nous, notre domicile principal. De ce fait, nous nous attacherons particulièrement à le rendre vivable et accueillant. En cela, il est idiot de croire que nous allons le dégrader, bien au contraire, chaque lieu occupé depuis ces 3 dernières années a été rendu en parfait état ou plutôt en meilleur état. Cependant, le Pavillon noir n’est pas né pour faire chier ses contemporains — lorsqu’ils ne sont pas ses ennemis. Nous entendons entretenir avec nos voisins de bonnes relations (les nuisances seront limitées par les occupants eux-mêmes).

«Le Pavillon noir» nest pas un centre dhébergement, ni une MJC, il est un lieu où sélabore une expérience dautogestion, un squat qui attaque les fondements même du monde marchand qui nous entoure. Le collectif ne réclame aucune citoyenneté ou reconnaissance des institutions politiques, ni subventions. Nous n’appartenons pas au même monde et cherchons avec obstination à détruire ce vieux monde marchand qu’est le capitalisme et qu’États et politiques continuent de protéger.
«Le Pavillon noir» est situé au no 10 boulevard Poincaré 14000 CAEN, juste à côté de larrêt Tram «Aviation». Vous pouvez nous contacter en nous écrivant un e-mail, en consultant notre site internet, en nous téléphonant : 06 31 02 41 18 ou plus simplement en venant nous rendre visite durant les portes ouvertes du lieu.

Faites tourner l’info et venez nombreux nous rendre visite…
14 mars 2008



Le capitalisme nous fait gerber. Le fric est au centre de tout ce que l’on nous présente pour vivre, payer notre logement, payer notre nourriture, payer notre eau, payer notre passage à l’hôpital, payer notre expulsion, notre passage en procès, payer notre air, (ha non, pour le moment on ne paye que le droit de le polluer…) Depuis quelques jours, un lieu désaffecté est occupé par de la graine de Mauvaise Herbe qui n’a pas envie de vivre à travers les rapports marchands et la compétition. «Et ils n’ont pas encore été enferméEs?» me direz vous… Non, leur soif de liberté a encore de beaux jours devant elle…

De tels lieux, comme La Mauvaise Herbe, ont déjà existé à Caen, durant un an et demi… Cette dernière a été évacuée brutalement puis détruite sous la protection des forces de l’ordre de manière illégale le 4 juillet 2007. Nous ne nous laisserons pas intimider par la milice du capital. Nous ne faisons qu’occuper des lieux désertés et laissés à l’abandon, auxquels personne d’autre que nous ne semble s’intéresser. Cela n’a rien de criminel et ne légitime pas une telle répression.

Nous squattons pour nous offrir un espace de liberté, un temps mort au sein d’une vie bien moribonde. Pour pouvoir nous réunir, nous organiser, essayer de reprendre en main ce que l’on peut de notre vie, sortir des schémas sociaux malsains qui nous entourent depuis notre naissance. Nous voulons remettre l’humain au centre des choses. Supprimer les rapports de domination en vivant l’autogestion, l’entraide, et l‘insoumission. Pour comprendre ce qu’est la liberté, il faut l’expérimenter et pour l’expérimenter il faut du temps et de l’espace. Ce lieu est également le logement de quelques un-es.

Au Pavillon Noir, nous mettons en place toutes sortes d’activités politiques et culturelles (projections de films, de documentaires, débats, zone de gratuité, échanges de savoirs, infokiosk…) Nous voulons faire de ce lieu un endroit ouvert et libre, où toutes et tous peuvent participer, que chacunE puisse faire vivre. Passez-y, ne serait-ce que pour boire un café ou pousser au milieu d’autres mauvaises herbes…

Qu’elles grandissent nombreuses et que fleurissent les squats!




Droit au logement pour tous-tes

undefinedMars 2008, il fait froid. Des SDF sont toujours à la rue. Des millions de gens galérent pour payer leur loyer ou rembourser leurs crédits immobiliers. Les politiciens font des promesses. Tout est «normal».
    Trouver et conserver un logement décent et financièrement accessible devient un vrai parcours du combattant pour des millions de chômeurs/euses, précaires, intérimaires, étudiantEs, smicardEs… car tandis que les salaires et les aides sociales stagnent, les prix des loyers et de l’immobilier continuent de grimper. Le logement représente aujourd’hui en moyenne environ 25% des revenus des ménages !!!
    Tandis que le roi Sarko clame sa volonté de faire de la France un «pays de petits propriétaires», avoir un toit, ce besoin et ce droit fondamental, devient pour beaucoup un «luxe» difficile à obtenir et conserver…

Pourtant des logements, il y en a ! La France en compte plus de 31.210.000 (recensement INSEE 2005).
    Environ 10% de l’ensemble des logements sont des résidences secondaires et 6% sont des logements vacants. Ce sont donc 16% des logements qui sont peu ou pas occupés (et on ne parle même pas des énormes surfaces de bureaux qui sont vides au niveau national…).
    En 2005, le parc locatif social ne représentait que 4.919.000 logements (Comptes du logement 2007). Le Programme National de Rénovation Urbaine prévoit la reconstruction de 250.000 logements sociaux et la réhabilitation de 400.000 autres (avec souvent des augmentations de loyers au bout du compte) d’ici 2013. Cela signifie que dans les années qui viennent il va y avoir moins de logements sociaux disponibles car il faut démolir avant de pouvoir reconstruire. Les financements sont aussi pour l’instant (fin 2006) insuffisants (7 reconstructions financées pour 10 démolitions). Par ailleurs, une grande partie des logements reconstruits seront plus petits !
    Une situation globale difficile à admettre quand on sait qu’il y a en France 100.000 personnes à la rue, 3.261.000 mal logéEs (logements insalubres et/ ou suroccupés, personnes hébergées…) et que ce sont près de 6 millions de personnes qui sont en situation de «fragilité à court ou moyen terme face au logement» (chiffres de la Fondation Abbé Pierre 2007).

À Caen, l’INSEE a recensé (en 2005) 61 208 logements pour 55.830 ménages, ce qui signifie qu’il y a 5378 logements inoccupés pour des raisons diverses (logements secondaires, vacants, inhabitables, en attente de location/vente/affectation/rénovation/destruction…).
    Même si Caen (chiffres INSEE 1999) compte plus de 24% de logements sociaux (c’est plus que les 20% recommandés légalement), cela reste nettement insuffisant puisque qu’il y a entre 8 et 10 000 demandes de logement social en attente sur l’agglomération caennaise, demandes qui mettent souvent de longues années à «aboutir».
    Sous couvert de travaux de rénovation, les offices HLM tentent souvent d’augmenter abusivement les loyers (comme, par exemple, dans certains immeubles du quartier de la Pierre Heuzé où il est prévu d’augmenter certains loyers de plus de 20% après travaux), ce qui revient souvent à chasser les plus pauvres, les plus fragiles économiquement (556 commandements d’expulsions en 2004 dans le Calvados dont 146 avec le concours de la police).
    Les agences immobilières refusent systématiquement de louer aux RMIstes, aux précaires, aux intérimaires. CertainEs sont obligés (malgré le fait que leurs parents ou des amis qui bossent acceptent d’être cautionneur) de se faire passer pour des étudiants avec des faux justificatifs d’inscription à la fac ou bien de faire de fausses feuilles de paye pour pouvoir avoir un appartement dans le privé.
    Le nombre de logements «étudiants» est complètement insuffisant et le montant des loyers demandé pour les chambres universitaires est lui aussi en augmentation constante tandis que les aides sociales stagnent souvent. CertainEs habitent en cachette à plusieurs dans des chambres universitaires de 9 m², d’autres campent dans le jardin d’amis, se font héberger temporairement à droite ou à gauche, vivent dans des camions ou s’entassent en colocation dans de petits appartements.
    Quant aux SDF il y en aurait plus de 300 sur l’agglomération caennaise.
    Comme on peut le voir beaucoup de logements vides existent mais ne peuvent être habités par celles et ceux qui en auraient besoin. Les logements sociaux sont par ailleurs nettement insuffisants. Mais au delà des problèmes liés au nombre et à la nature des logements, il y a la barrière de l’argent qui empêche aussi beaucoup de gens d’accéder à un habitat décent.
    En 2006, il y avait près de 7 millions de personnes sous le seuil de pauvreté en France (788 euros/mois) soit un peu plus de 12% de la population.
    On comptait 2.540.000 smicardEs en France en 2005 (un record historique !) soit 17% des salariés (hors intérimaires et salariéEs agricoles).
    En 2003, 158 000 personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en Basse-Normandie (soit environ 13% de la population régionale de moins de 65 ans) et 19% des salariéEs de la région (soit 89 000 personnes à l’époque, chiffres DRASS) étaient des «travailleurs pauvres» qui touchaient moins que le SMIC. La Basse-Normandie est d’ailleurs encore aujourd’hui une des régions où les salaires sont les plus bas.

À Caen de nombreux projets de ré-urbanisation vont se concrétiser dans les années qui viennent : secteur de la gare, presqu’île et avenue de Tourville.
    Si on regarde ce qui s’est passé dans les secteurs urbanisés ou réorganisés ces dernières années (Folie-Couvrechef, Beaulieu, autour du nouveau tribunal), on risque de voir surgir des nouveaux quartiers assez huppés, froids, individualisés, sans vie, aseptisés... Le projet d’aménagement des secteurs de la gare et de la presqu’île laisse entrevoir cette logique (zones d’affaires et commerciales, zones hôtelières, zones résidentielles) où l’on remplit des cases en sectorisant des activités (travailler, consommer, dormir). Il est prévu dans ces secteurs 20 à 25% de logements sociaux seulement. Est-ce que cela répond aux besoins de la population, est-ce la ville que nous voulons ?

Face aux difficultés pour se loger, face au manque d’espace, de lieux pour se rencontrer, s’entraider, créer des liens et des activités collectives, certainEs décident de squatter des habitations ou des constructions inutilisées pour avoir un toit et/ou mener des activités culturelles, conviviales, solidaires et alternatives, se réapproprier leur vie et l’espace…
    Cette démarche est légitime mais ne peut constituer une solution pour la masse des mal logés, des SDF…
    De plus, le pouvoir voit d’un très mauvais oeil ces expériences qui sapent le sacro-saint droit de propriété et peuvent constituer des espaces de contestation collective. Les expulsions de squats se multiplient donc, effectuées souvent par d’importantes forces de police. En 2007, des dizaines de squats ont été expulsés aux 4 coins de la France (et de l’Europe…), aussi bien en ville qu’en campagne.

Sur le plan du logement, comme sur bien d’autres, la satisfaction des besoins humains et sociaux se heurte à la logique capitaliste (profit, spéculation, exclusion, contrôle, répression…).
    L’accès pour tous-tes à des conditions de vie décentes (logement, santé, transport, éducation…) passe par la remise en cause du système actuel, de ses institutions, de ses lois, de ses valeurs, de son idéologie…
    Nous en avons assez de galérer dans un pays qui regorge de richesses. Nous ne voulons pas passer nos vies à engraisser des exploiteurs.
    C’est pourquoi nous nous organisons. C’est pourquoi nous luttons. C’est pourquoi nous squattons.

ASSEZ D’EXPLUSIONS
SOLIDARITÉ AVEC LES SQUATTEURS ET LES MAL-LOGÉS
GEL DES LOYERS
RÉQUISITION COLLECTIVE DES LOGEMENTS VIDES
DROIT AU LOGEMENT POUR TOUS-TES

Collectif de squatteurs/euses «Le Pavillon Noir», mars 2008

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