Toulouse antipub
Les panneaux JC Decaux victimes des anti-pub ?Vandalisme. Deux individus ont été pris en flagrant délit. Un collectif serait en train de se former.
Un groupe d’activistes anti-pub est-il en train de passer à l’action dans les rues de Toulouse ? Lundi soir, vers 23h15, deux personnes ont été arrêtées par les policiers, boulevard Silvio-Trentin : elles avaient bloqué le mécanisme électrique des grands panneaux publicitaires qui bordent la route, dont certains appartiennent à la société JC Decaux, l’un des leaders du marché des supports d’affichage publicitaire. Âgés de 25 et 34 ans, ils ont été auditionnés puis remis en liberté.
Cette prise en flagrant délit intervient dans une période sensible, puisque ces dernières semaines, la société Decaux s’est plainte de dégradations sur plusieurs de ses panneaux, comme le confirme Patrick Trégou, le directeur régional de l’entreprise.

«Ils s’attaquent désormais aux automatismes des grands panneaux d’affichage. Ils les volent ou les dégradent. Est-ce que ce sont des groupes d’anti-pub, est-ce que ce sont des actes isolés ? Je n’en sais rien. Apparemment, ils n’agissent pas en groupe, mais l’important dans ce style d’affaire, c’est de prendre les auteurs en flagrant délit. Car sinon, parler de ces dégradations, c’est simplement faire de la publicité à des individus qui ne le méritent pas.» Le phénomène des anti-pub, assez peu implanté à Toulouse ces dernières années, pourrait, selon une source policière, frapper de manière sporadique. C’est ce que laissent à penser plusieurs actions «pacifiques» ces dernières semaines.
Des actions en préparation ?
Un témoin de l’une d’elles, photographe à Toulouse, raconte ce qu’il a vécu, en fin de journée, le 29 avril dernier : «Avenue de Muret, 16h15, je suis sur le chemin pour aller récupérer mon fils à l’école. Devant le Bijou, une “sucette” JC Decaux est placardée d’une affiche blanche peinte à la main qui annonce : “Tous les jours je lave mon cerveau avec la pub” […]. Au fur et à mesure que j’avance sur l’avenue, les affiches détournées et les panneaux de pub vidés de leur contenu se succèdent, jusqu’à ce que j’aperçoive deux personnes qui traversent avec des rouleaux de papier sous le bras. Je les aborde. Ils acceptent que je prenne une ou deux photos pour marquer le coup et m’expliquent qu’un collectif antipub est en train de voir le jour à Toulouse et que des actions d’envergure sont en préparation.» Affaire à suivre.
Leur presse (Cyril Doumergue, La Dépêche du Midi), 7 mai 2009.
Ils préparent une grande nuit antipub
Société. Pour protester contre l’omniprésence de la publicité, un commando frappe depuis un mois.
Le phénomène grandit tout doucement. De plus en plus de panneaux publicitaires sont victimes de vandalisme. Il y a deux semaines, une quinzaine de «seniors», ces panneaux de quatre mètres sur deux, étaient dégradés en l’espace de quelques jours. Deux individus étaient arrêtés par les policiers, boulevard Silvio-Trentin : ils avaient détruit le mécanisme électrique qui permet le changement d’affiche. Âgés de 25 et 34 ans, ils étaient remis en liberté après audition. «Quand ils sont pris en flagrant délit, comme cela a été le cas pour ces deux individus, le jugement du tribunal ordonne en général réparation, explique-t-on chez JC Decaux, victime des dégradations. Mais certaines semaines, nous avons une cinquantaine de Toulouse Velô dégradés, route d’Albi ou faubourg Bonnefoy. Cela dure deux, trois, quatre mois, et ça s’arrête. Personne n’est appréhendé.» Ce type de dégradations a lieu, au moins, depuis début 2008.

Mais depuis fin avril 2009, c’est le détournement qui tient le haut de l’affiche. Les deux casseurs du boulevard Silvio-Trentin ont-ils récidivé, cette fois-ci avenue de Muret ? Ou s’agit-il d’un autre commando d’activistes antipub ? «La semaine dernière, des messages ont été inscrits au marqueur noir sur des affiches d’abribus, avenue de Muret», confirme la direction régionale de JC Decaux. Le 29 avril, deux semaines plus tôt, toujours avenue de Muret, les détourneurs frappaient déjà. Un Toulousain, photographe indépendant, avait pu les prendre en photo (ci-contre). Ils avaient inscrit plusieurs messages, tels que «Tous les jours, je lave mon cerveau avec la pub», sur une affiche vantant les mérites d’un shampooing. Référence à la phrase du PDG de TF1, Patrick Le Lay : «Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible.» Équipés d’une clé, pour ouvrir les systèmes d’affichage sans les dégrader, ils s’étaient servis de peinture à la gouache. «Nous préparons une grande nuit de détournement d’affiches à travers Toulouse, une opération d’envergure», avaient également confié les «antipub» à leur interlocuteur d’un soir. À l’image des groupes organisés dans plusieurs grandes villes de France, Paris, Marseille ou Bordeaux, l’embryon d’un mouvement antipub est en train de grandir à Toulouse.
Leur presse (Cyril Doumergue, La Dépêche du Midi), 21 mai.
Les «antipub» continuent leur travail de sape
Des dizaines de panneaux ont encore été dégradés. Les auteurs revendiquent sur Internet.
Les antipub toulousains sont repassés à l’action, en fin de semaine dernière, avenue Étienne-Billières. Ils ont inscrit au feutre noir, sur plusieurs panneaux et abribus, des slogans tels que «Tous les jours je lave mon cerveau avec la pub» (photo ci-contre). Toulouse était jusqu’à présent le parent pauvre du mouvement antipub dans les grandes villes de France. Depuis le début de l’année, la situation évolue.

Une exécution très huilée
Il a effectué ces actions de détournement avec une clé spéciale, qu’il dit avoir dérobée à un employé de JC Decaux, l’entreprise leader dans le secteur des supports publicitaires. «Il suffit d’attendre le moment opportun, lorsqu’il a ouvert le panneau et laissé la clé dessus et qu’il retourne à sa voiture pour ramener les affiches, explique-t-il sur le site. Je m’avance et sans m’arrêter, j’ôte la clé de son trou et je continue à marcher. À Toulouse, ils changent les affiches les mercredi et jeudi matin entre six heures et midi. Il suffit de les pister un peu et de saisir le moment clé. Quand on s’y prend correctement, l’agent de Decaux ne s’aperçoit pas sur le coup qu’on lui a subtilisé sa clé, mais seulement une fois qu’il veut refermer le panneau ; soit deux ou trois minutes, pendant lesquelles on a largement le temps de s’éloigner.»
Cet antipub affirme qu’il est l’un des deux individus qui avaient été pris en photo avenue de Muret, fin avril, par un photographe indépendant (lire notre édition du 21 mai). Il avait confié à ce photographe qu’il préparait une «grande nuit antipub». Attend-il de recevoir du renfort pour passer à l’action ? En restera-t-il à des actions à l’envergure limitée ?
Depuis le début de l'année, le centre régional de JC Decaux déplore de nombreuses dégradations sur ses supports publicitaires. Il y a deux mois, une quinzaine de panneaux de quatre mètres sur deux étaient dégradés en l’espace de quelques jours. Deux individus étaient arrêtés par les policiers, boulevard Silvio-Trentin : ils avaient détruit le mécanisme électrique qui permet le changement d’affiche. Âgés de 25 et 34 ans, ils étaient remis en liberté après audition. Ces deux hommes, pris en flagrant délit, et ceux photographiés avenue de Muret, sont-ils les mêmes militants ?
Leur presse (Cyril Doumergue, La Dépêche du Midi), 15 juin.
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