Sabotage à "Siné Hebdo" : Philippe Val rédige la tribune de Michel Onfray

Le dernier numéro de Siné Hebdo a été victime d’un sabotage subtil, mais qui n’a pas échappé à la sagacité des lecteurs. L’habituel article de Michel Onfray a été remplacé par une diatribe de Philippe Val contre les anarchistes.
À première vue, rien ne permet d’identifier le subterfuge. Le nom de Michel Onfray est bien mentionné et il n’y a aucune référence à Spinoza. Cependant, lorsqu’on se penche sur le corps du texte, on se rend compte de la supercherie. Selon l’auteur, les actes de sabotage attribués à la mouvance anarchiste font le jeu des réactionnaires (ceux qui soutiennent Ségolène Royal). Difficile de croire qu’Onfray, qui prit publiquement parti pour Ségolène Royal à la Présidentielle se permettrait de prendre à ce point ses lecteurs pour des amnésiques. D’autre part, la suffisance et la véhémence du langage trahissent le style de Philippe Val : les supposés anarchistes sont tour à tour désignés comme «crétins», «demeurés», «rigolos», «adolescents attardés». Autant de termes que l’auteur présumé ne se permettrait pas d’utiliser pour qualifier les puissants de ce monde. La marque du courage de Philippe Val.
Enfin, le plus drôle arrive lorsque l’auteur se permet de donner des leçons d’anarchisme. On y voit l’éditorialiste développer une thèse fumeuse sur les sabotages positifs, qui consisteraient à déranger le moins possible le pouvoir en place en remplaçant les grèves par des «fêtes». On sent clairement derrière ce texte indigent, la présence du patron de Charlie-Hebdo. On sent la colère de celui qui a vu son TGV bloqué et qui torche son papier sur un coin de table en gare de Lyon. Ou comment exprimer la colère du patron de presse qui ne peut pas partir en week-end en faisant mine de défendre les prolétaires (qui comme chacun le sait prennent très souvent le TGV). Des prolétaires qui sous la plume du supposé «Onfray» deviennent un peuple «d’usagers» et de «consommateurs». Du grand Philippe Val. Ad Nauseam.
Cette affaire de sabotage se règlera sûrement au tribunal, tant il est peu probable que Siné prenne avec humour de voir son journal devenir réactionnaire. Un procès qui risque d’être complexe car on apprend ce soir que Le Point et BHL portent plainte pour plagiat.
Le blog de Jean-Pierre Martin, 25 novembre 2008.