Coup de feu et jets de pierres au Mirail : un climat de guérilla urbaine selon les policiers

Publié le par la Rédaction


Si les CRS ont tiré sur le véhicule en fuite, ce mercredi après-midi dans le quartier du Mirail à Toulouse, c’est «pour protéger leurs collègues», a indiqué la Sécurité publique.

La subtilité tactique qui consiste à tirer sur des fuyards pour se protéger n’est pas ce qu’il y a de plus facile à comprendre…

Mais le fait traduit le «climat de guérilla urbaine» dans lequel les forces de l’ordre seraient plongées, selon le policier délégué UNSA, Didier Martinez.

«Nous avons à faire à des gangs armés au Mirail, reprend le syndicaliste. Il y a toutes les nuits sept ou huit véhicules brûlés. Personne n’en parle, mais la violence atteint en ce moment à Toulouse un niveau très, très inquiétant.»

En attendant, le véhicule fuyard a été retrouvé abandonné contre un talus dans la cité. Marqué d’un impact de balle, mais sans «aucune trace de sang», selon ce même délégué. Le chauffeur s’était envolé.

Les caillassages et échauffourées ont repris ce soir dans le quartier, à la tombée de la nuit. Mais ce n’est que l’ordinaire de la cité, selon Didier Martinez. Lequel ajoute que «contrairement à ce que dit le gouvernement, la délinquance ne baisse pas. Nous tirons d’ailleurs la sonnette d’alarme.»


Les faits : refusant de s’arrêter à un contrôle de police vers 15 heures, place Abbal, le conducteur d’un véhicule a d’abord fait marche arrière. Puis a renversé deux CRS qui s’avançaient vers lui avant de prendre la fuite. C’est alors que d’autres CRS ont ouvert le feu dans sa direction.

L’un des deux policiers renversés est blessé à la jambe, l’autre au bras. Mais tous les deux «légèrement», selon leurs collègues.

Les policiers, «quotidiennement» confrontés à la violence au Mirail ne s’étonnent pas du tour que prennent les choses. «La presse ne parle plus des incidents dans les cités et le public en conclut que la paix y est revenue», se désole l’un d’eux.

«Jusqu’à présent, quand une patrouille était prise à partie, il nous fallait déjà faire un rapport en rentrant. Maintenant, lorsqu’un véhicule est touché par un simple caillassage, il nous faut en plus rédiger un constat à l’amiable. Du coup, on ne le signale plus, explique un autre. Et voilà comment Sarkozy obtient des chiffres de la délinquance à la baisse !»

Ce soir au Mirail, un gros renfort de policiers patrouillent dans les allées où ils essuient déjà des jets de pierres.

LibéToulouse, 29 octobre 2008.
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