Jean-Marc Rouillan : l'enjeu de l'audience du 16 octobre
Après 18 ans de peine incompressible (dont 7 à l’isolement), plus 3 années de prison supplémentaires, le parquet vient de demander la révocation de la mesure de semi-liberté qui s’applique depuis 10 mois à Jean-Marc Rouillan, préalable à sa libération conditionnelle prévue en fin d’année.
Cette demande fera l’objet d’une audience contradictoire et d’un débat sur le fond le jeudi 16 octobre.
Parmi les conditions très restrictives de sa semi-liberté, il était interdit à Jean-Marc Rouillan d’évoquer les faits pour lesquels il avait été condamné. Il ne lui était aucunement interdit de rencontrer des journalistes, de donner des interviews ni de s’exprimer sur la situation politique d’aujourd’hui et sur son nouvel engagement militant.
L’interview publiée dans L’Express a servi de prétexte au ministère public pour réagir de manière précipitée, provoquant un emballement médiatique. Pourtant, Jean-Marc Rouillan n’a pas parlé des faits, il n’a fait que commenter l’interdiction d’en parler.
En suspendant provisoirement la semi-liberté de Jean-Marc Rouillan, en le menaçant de révoquer celle-ci et donc de le renvoyer en prison, les autorités ne tentent-elles pas de l’empêcher de s’exprimer librement, une fois sa peine accomplie ?
On ne peut rejouer une nouvelle fois le procès de Jean-Marc Rouillan. Il n’y a aucun fondement juridique à lui imposer un chantage au reniement, aux regrets : la notion de repentance n’existe pas en droit français.
On ne peut accepter qu’un (ex-)prisonnier politique soit contraint de n’avoir qu’une bonne parole, le repentir. Ce serait une sérieuse remise en cause de la liberté d’expression.
Le Collectif «Ne laissons pas faire !»
Paris, le 13 octobre 2008.
Libération des prisonniers d’Action directe !