Le personnel de la maison de retraite des Charmettes est "à bout"
Hier à Sellières, une partie des employés demandait le renvoi de la directrice qui a rendez-vous devant le centre intercommunal des affaires sociales le 18 août.
«Directrice renvoyée, personnel soulagé.» La revendication est sans équivoque. Hier à Sellières, devant l’entrée de la maison de retraite Les Charmettes, ils étaient une quinzaine — sur vingt-huit employés — à manifester, banderoles et écriteaux en main. «On est à bout. On vient travailler avec un stress chronique, on subit du harcèlement moral de la part de la directrice Nathalie Benoit» insiste Anne Guillemin, la comptable. Le terme est lâché.
Pour les employés des Charmettes, aides-soignantes, cuisiniers, secrétaire de direction et même la psychologue de l’établissement, il faut faire front pour lutter contre «ces manipulations et ces acharnements». «La pression quotidienne a des répercussions sur la santé du personnel, précise encore Sandrine Arbey, la secrétaire de direction : anxiété, trouble du sommeil, prise d’antidépresseurs et donc arrêts de travail.» C’est la méthode manageriale qui est pointée du doigt mais aussi la personne de Nathalie Benoit.
Un droit à se défendre
En fonction depuis cinq ans, la directrice «sollicite des informations». «Le plus difficile, c’est qu’on ne me laisse pas le droit à la défense, puisque je n’ai rien su jusqu’à présent» explique-t-elle. «Comment agir si je ne sais pas ce qu’on me reproche ?» s’interroge-t-elle. Une incompréhension que partagent d’autres employés non grévistes. «Je ne soutiens ni les uns ni les autres, mais je trouve que Mme Benoit a confiance en son personnel et qu’elle n’est pas derrière notre dos» lance Patricia Blanchard, aide-soignante depuis 24 ans et qui a connu d’autres directeurs.
Pourtant à l’extérieur, la souffrance est palpable. À l’image d’Anthony Monney, ancien cuisinier aux Charmettes. «Elle me surveillait constamment, et elle a même téléphoné à mon nouvel employeur» précise l’homme de 31 ans. Depuis l’arrivée de Nathalie Benoit, la maison de retraite a connu dix-neuf départs d’employés. Un signe du mal-être ambiant pour les grévistes.
Le mouvement interrompu en attendant
À l’heure actuelle, c’est au conseil d’administration de prendre une décision. Le président du centre intercommunal des affaires sociales, Bernard Urbain veut «désamorcer la situation». Déjà alerté par la médecine du travail mettant en avant «les troubles psychosociaux d’un nombre important d’employés», le président du CIAS va déclencher avec le conseil d’administration «une procédure particulière afin que la directrice réponde à ces accusations». Une solution qui satisfait dans un premier temps les grévistes, qui interrompent leur mouvement jusqu’au 18 août, date à laquelle le conseil d’administration prendra sa décision officielle.
Carole Raynaud - Le Progrès (édition du Jura), 9 août 2008.