Travailleurs sans-papiers : trois mois de grève

700 travailleurs sans-papiers régularisés, le mouvement s’élargit
Démarré le 15 avril dernier, le mouvement de grève de centaines de travailleurs sans-papiers en Île-de-France a déjà obligé le gouvernement à accorder environ 700 régularisations.
Aucun de ces 700 travailleurs n’aurait pu être régularisé il y a encore trois mois, car le cadre des régularisations «vie privée et familiale» a été considérablement restreint par les dernières modifications législatives.
Conscient que ce mouvement représente une menace sérieuse pour sa politique, le gouvernement cherche à le freiner, notamment en instaurant des critères de régularisation arbitraires. Certaines préfectures exigent maintenant une ancienneté de présence de cinq années sur le territoire français, ce qui n’a pourtant aucun sens dans le cadre d’une régularisation par le travail. Une ancienneté dans l’entreprise est parfois exigée ; là encore, on comprend mal qu’un travailleur nouvellement arrivé dans l’entreprise mais ayant une solide expérience ailleurs se voie refuser sa régularisation pour ce motif. Quelques obligations de quitter le territoire français (OQTF) ont déjà été délivrées à l’encontre de grévistes qui ne remplissaient pas ces conditions.
Nous refusons ces critères arbitraires qui excluent certain(e)s travailleur(se)s sans-papiers du champ de la régularisation. Nous exigeons la régularisation globale de tou(te)s les travailleur(se)s sans-papiers, seul moyen d’éradiquer définitivement cet esclavagisme moderne que constitue l’exploitation des travailleurs sans-papiers.
Ainsi, outre les travailleurs en grève, la régularisation doit aussi concerner :
— Les travailleurs isolés, qui ne peuvent pas utiliser l’arme collective de la grève,
— Les femmes sans-papiers, travaillant pour beaucoup dans les services à la personne, et que les préfectures refusent de régulariser au prétexte qu’elles sont souvent à temps partiel,
— Les travailleurs intérimaires, véritables variables d’ajustement de l’économie, que le gouvernement refuse pour le moment de régulariser, au motif que leur situation professionnelle est instable,
— Les travailleurs algériens, exclus arbitrairement du processus de régularisation, car utilisés par le gouvernement français pour faire pression sur le gouvernement algérien et le forcer à signer un accord d’immigration choisie.
Au bout de trois mois de lutte, le mouvement pour la régularisation des travailleur(se)s sans-papiers continue de s’étendre, et touche maintenant la province, avec notamment le dépôt collectif de 200 dossiers de travailleurs sans-papiers à Nice.
Ce mouvement ne peut s’inscrire dans la durée que s’il implique le plus grand nombre possible d’organisations, et c’est pourquoi Droits devant!! a œuvré depuis le début à son élargissement. Nous nous réjouissons donc que de nouveaux acteurs s’y inscrivent aujourd’hui activement, qu’il s’agisse de syndicats (Sud-Solidaires, CNT) ou d’associations (Collectif pour la Dignité des Travailleurs Sans-Papiers, MRAP, LDH…).
Droits devant!!, 15 juillet 2008.