Criminalisation des luttes et rassemblements devant des lieux de rétention
Mercredi une manifestation a eu lieu à la prison de Fresnes pour demander la libération de camarades qui y sont emprisonnés suite au montage juridico-policier mis en place après les arrestations de janvier. Suite à cette manifestation quatre personnes ont été arrêtées et elles sont placées en garde à vue au commissarait de Villejuif.
Jeudi après-midi, quelques personnes se sont rassemblées devant le commissariat, histoire de montrer que malgré la répression, la solidarité continue. Elles ont appris que les gardes à vue seraient de nouveau prolongées. Les personnes arrêtées ont subi des perquisitions musclées (dans des conditions qui pourraient donner envie de rire si ce n’était pas leur liberté qui était en jeu, avec portes défoncées, ordinateurs saisis, appartements retournés, flics cagoulés qui rentrent dans l’immeuble).
Il semblerait que le décret du 13 juin n’y soit pas pour rien (l’un des objectifs de cette circulaire comme du délire umpiste contre Resf suite à l’incendie de Vincennes est aussi d’interdire tout rassemblement devant des lieux de détention). Ce matin, plusieurs personnes sont présentes au tgi de Créteil où les quatre personnes ont été conduites en vue de passer devant le procureur. Il y a des «chances» pour qu’elles soient présentées en comparution immédiate à partir de 13 heures.
Ne laissons pas criminaliser des histoires de luttes sociales et d’amitiés qu’un mauvais scénario policier voudrait faire passer pour du terrorisme.
F., 4 juillet 2008.
P.-S. : On attend qu’ils sortent du dépot, le procureur a décidé de les remettre en liberté. Procès le 3 septembre.
Paris-Fresnes, malgré la flicaille
Aujourd’hui, mercredi 2 juillet, s’est déroulée à Fresnes l’action de solidarité avec Isa, Juan et tous les incarcérés.
Au rendez-vous public à 13 heures 30 au métro La Chapelle (Paris), près d’une dizaine de cars de CRS et d’innombrables policiers en civil attendaient les individus solidaires venus au rendez-vous. Six personnes ont été arrêtées et retenues deux heures au commissariat de la place d’Italie au prétexte d’un «rassemblement illégal». Toutes les autres ont échappé au dispositif policier.
Peu après 15 heures, plus d’une vingtaine de personnes se sont retrouvées derrière la prison de Fresnes, où Juan est incarcéré depuis le 21 juin. Une banderole «Vincennes crâme – feu aux prisons !» a été accrochée au grillage, tandis qu’une dizaine de fumigènes étaient allumés malgré la pluie battante.
«Liberté pour Juan, liberté pour tous», «Mur par mur, brique par brique, détruisons toutes les prisons», «Liberté pour tous les prisonniers, et feu aux prisons» ont notamment été scandés pendant un quart d’heure, provoquant quelques cris et tee-shirts aux fenêtres du côté de plusieurs cellules.
Le groupe solidaire s’en est alors retourné vers Paris comme il était venu, malgré l’intimidation d’une voiture de flics en civil armés de flash ball et jouant aux cow-boys. Peu après, de très nombreuses patrouilles ont sillonné la ville de Fresnes en tous sens, particulièrement aux alentours de la prison, et procédé à des dizaines et dizaines de contrôles d’identité, notamment des voyageurs de la gare RER dans les deux sens.
C’est là qu’au moins cinq personnes ont alors été arrêtées et embarquées par la flicaille. Il n’y a pas plus d’infos pour le moment.
Nous reproduisons ci-dessous le tract qui a été distribué aux familles venues au parloir, de l’autre côté de la prison, au même moment :
Brisons l’isolement
On nous parle une fois de plus d’une nouvelle réforme pour les taules. Ce n’est pas la première et ce ne sera pas la dernière. Et comme d’habitude, on nous vend tout un ensemble de mesures souhaitant «répondre à des nécessités pour mieux enfermer » dans une belle optique humaniste. En attendant, ce qui reste et qui ne change pas, c’est la taule en elle-même, et la dynamique actuelle qui va vers toujours plus d’enfermement. Dans cette société fondée sur l’exploitation et la course au profit, où les riches ne cessent de s’enrichir et les pauvres finissent toujours plus pauvres, l’État a pour rôle d’accroître la répression afin de mater toute former de déviance sociale.
C’est dans cette situation-là que des luttes et des révoltes prennent forme, à l’intérieur comme à l’extérieur, contre tous les types d’enfermement. C’est par exemple le cas autour des centres de rétentions (CRA). Après six mois de tension et de multiples formes de résistance, le CRA de Vincennes est incendié par les prisonniers. Il est en ruine.
Autour de ces luttes, la répression s’abat. Deux prisonniers sont accusés de l’incendie du CRA. Ils ont été libérés, mais une instruction reste ouverte. En janvier dernier, Bruno, Ivan et Damien ont été arrêtés et deux d’entre eux jetés en prison parce qu’ils se rendaient à une manifestation devant le CRA de Vincennes munis de fumigènes et de clous destinés aux pneus des véhicules de police. Saisie alors d’un délire antiterroriste, la justice s’est également jetée sur trois autres personnes, «Farid», «Isa» puis «Juan», accusées elles aussi de vouloir s’en prendre à une prison pour mineurs ou à un véhicule de police. «Isa» et «Juan» demeurent incarcérés, respectivement à Lille et à Fresnes. Les quatre autres sont sous contrôle judiciaire.
Il est plus que jamais nécessaire que toutes les formes de résistance continuent à l’intérieur comme à l’extérieur. Brisons l’isolement.
La répression ne cassera pas les luttes !
Solidarité active avec «Juan», «Isa» et tous les prisonniers !
Indymédia Nantes, 2 juillet 2008.
Compte-rendu de la manif contre le centre de rétention à Sète
Sète, 14 heures, un cortège commence à se constituer. Une demi-heure plus tard il s’ébranle et parcourt les rues du centre ville. Il se dirige alors vers le centre de rétention au son de slogans comme «Pierre par pierre, mur par mur, détruisons les centres de rétention (ou toutes les prisons)», «Ni prisons, ni frontières, ni centres de rétention» ou «Des papiers pour tous (ou pour personne !)». Passant par le quartier alloué aux immigrés, des rencontres se font. Petit à petit le cortège grandit.
C’est environ 150 personnes qui se retrouvent devant le Centre de rétention de Sète. Là, un vacarme de trois quarts d’heure vient saluer les sans-papiers enfermés (au nombre de cinq à ce moment, cantonnés dans une pièce d’où il leur est impossible de communiquer avec l’extérieur). Les slogans répondent aux pétards et fusées. Le portail est repris aux flics et sera tambouriné pendant un long moment… sans céder !
Le cortège repart alors en direction du port, laissant derrière lui quelques traces de son passage (tags, collages…). Un bateau de la compagnie COMANAV est à quai. Celle-là même qui régulièrement collabore avec l’État pour les expulsions. Les vigiles s’empressent de fermer la plate forme d’accès. Des tracts sont alors distribués aux personnes embarquant. Le cortège repart ensuite vers le centre-ville, avant de se disperser. La police tourne pendant un moment et en profite pour effectuer quelques contrôles.
Tract diffusé à cette occasion :
Non aux expulsions et aux centres de rétention
Lors des nombreux contrôles d’identité auxquels ils sont exposés, les sans-papiers se voient emmenés au commissariat, pour des gardes à vue de 24 heures (renouvelables). Ils sont ensuite conduits au centre de rétention, pour une durée de deux jours. Ils passent alors devant le Juge des Libertés et de la Détention qui les renvoit pour 15 jours en rétention, opération renouvelable une seconde fois. Au bout de ces 32 jours, les sans-papiers sont expulsés, libérés pour quelques-uns, ou alors passent en procès pour refus de coopérer à l’expulsion. Condamnés alors à six mois ferme, assorti d’une interdiction du territoire de trois ans à 10 ans, ils sont ensuite expulsés : c’est la double peine.
Samedi 21 juin, un sans-papiers est mort dans le centre de rétention de Vincennes. Dans la nuit des émeutes démarrent dans le centre. Le lendemain, à partir de 15 heures, des incendies se déclarent et détruisent totalement le centre de rétention. Un rassemblement se tient devant le centre à ce moment. Il y a alors 293 retenus dans le centre. Deux sont accusés d’incitation à l’émeute et à l’incendie et ont été transférés en prison. 18 ont été blessés et une quarantaine ont été libérés (en date du 26). Les autres sont dispersés à Nîmes (100 personnes), Lille, Rouen, Palaiseau et au dépôt du tribunal de Paris.
Cette émeute éclate dans un contexte où la situation dans les centres de rétention est de plus en plus dure. C’est la conséquence d’une politique européenne de répression accrue contre les immigrés. L’État français et l’Europe mènent leur guerre aux migrants, à coup de barbelés et de patrouilles militaires aux frontières et au-delà, comme en Libye, en Mauritanie ou au Maroc (où les pouvoirs locaux sont chargés de bloquer l’immigration vers l’Europe), à coup de rafles dans les quartiers populaires, de descentes sur les lieux de travail ou dans les écoles, de contrôles au faciès, d’enfermements et d’expulsions. Dernièrement, une directive européenne porte la durée de rétention à 18 mois tout en systématisant une interdiction de territoire de cinq ans. L’Europe organise ses remparts contre les migrants, en renforçant ses frontières extérieures comme en Pologne, en Grèce ou en Espagne et en subventionnant les politiques de contrôles et des centres de rétention dans les pays «limitrophes», de la Turquie au Maroc. Politique qui tue des milliers de personnes chaque année.
Cette pression exercée sur les étrangers sert principalement à précariser une grande quantité de travailleurs pour leur faire accepter des conditions de travail et des payes de misère ; pour le profit des patrons et de l’économie. Les frontières sont et ont toujours été plus ou moins perméables en fonction des besoins de main d’œuvre. L’Europe se dirige aujourd’hui vers une politique de quotas pays par pays, sélectionnant les qualités de ses travailleurs en fonction de leurs nationalités. Elle développe les cartes de séjour pour la durée d’un contrat de travail, n’hésitant pas à procéder aux expulsions juste avant la paye. Cette politique qui vise à précariser une partie du prolétariat, la plus démunie, est parallèlement un moyen de pression sur tous les pauvres. L’esclavage salarial que les sans-papiers et les immigrés en général doivent accepter (le renouvellement de la carte de séjour étant lié à un emploi) permet aux patrons de demander plus et d’offrir moins à tous leurs employés. La division, orchestrée par l’État, les syndicats, les médias… fait le reste du travail.
Nous manifestons aujourd’hui devant le centre de rétention de Sète pour soutenir les sans-papiers dans leur lutte. En solidarité avec les inculpés et incarcérés de la guerre sociale. Contre ce monde du fric, des flics et des frontières.
C’est beau comme un centre de rétention qui brûle !
Solidarité avec les sans papiers !
Fermeture de tous les centres de rétention
et de tous les lieux d’enfermement !
Liberté pour tous les prisonniers !
Kalimero sous le soleil, 4 juillet 2008.
Solidarité sans frontières à Brest
Au matin du 10 juin, les Brestoises et Brestois ont pu voir la ville parsemée de tags : «Guerre sociale», «Mort aux keufs», «Nos révoltes font nos solidarités et vice-versa», «L’État assassine, réappropriation de la violence», «Libérez les autres», «Plutôt chômeur que militaire»… Ainsi qu’une banderole posée sur un pont au-dessus de la voie express Quimper-Brest : «Contre toutes les prisons».
La nuit du 9 a été une nuit d’action en faveur de la libération des deux de Vierzon («Isa» et «Farid») suite à l’appel à solidarité pour Bruno, Ivan et Damien récemment liberés ainsi que pour tous les prisonniers !
Ici comme ailleurs, contre toutes les prisons !!!