Fermeture des centres de rétention
Le contact de Terre aux Curés nous confirme que les derniers sont tous sortis.
«Il y a deux jours, un mineur de 16 ans est arrivé.»
On nous le passe.
«J’ai dit aux flics que j’étais mineur et de m’emmener dans un centre pour mineurs, mais ils m’ont emmené à l'hôpital ; le médecin a dit que j’avais 18 ans mais moi je suis mineur. Ils m’ont fait un test osseux pour vérifier.
Je suis malade, j’ai travaillé 3 ans et demi dans la construction et depuis j’ai mal au dos. Ici j’ai mal. L’infirmière elle te prend juste la tension. Elle te donne rien du tout. La nourriture c’est n’importe quoi, ils nous ramènent des trucs périmés.
Vendredi, tout le monde a déchiré les cartes d’identification. Samedi ils en ont refait des nouvelles où ils demandent la photo d’identité. Le capitaine a dit qu’il y aurait pas de nourriture, pas de visite et pas de médecin si on prenait pas la carte. Une cinquantaine de personnes n’ont pas mangé samedi.
Moi j’ai été arrêté deux fois. Une fois à la préfexture de Chartres alors que j’allais faire une demande. une autre fois, à la sortie du métro Jules Joffrin.
Ils nous comptent 3 fois par jour.
Dès fois, on est 5 au lieu de 3 dans la chambre.
Ils ont ramené grave de monde ce week end. Ca a chauffé parce qu’ils voulaient nous mettre à 5 par chambre. Les flics ont sorti leurs bâtons, il y en a même un qui est rentré avec son pétard. Le capitaine l’a même fait sortir.
2 personnes étaient en train de fumer vendredi soir dans les couloirs. 2 flics sont passés leur ont dit de sortir. Ils ont dit OK. Une flic lui a quand même arraché violemment la cigarette de la main. Le retenu a poussé la flic, et tout de suite l’autre flic lui a mis une droite au visage.
Cette flic-là elle a particulièrement la haine. Elle passe toujours pour créer des problèmes. Même le commandant nous a dit ce week-end qu’elle ne remontrait plus. Ils ont du voir la vidéo où elle a voulu que le mec écrase sa clope sur sa main.
Vendredi tout le monde a déchiré les cartes sauf les Indous. On les a mis dans un sac et on l’a balancé à la tête des flics à l’accueil. Ils ont mis 2 personnes à l’isolement. Ils les prennent pas au hasard. Ils prennent ceux qui parlent bien français. Pour eux, c’est les meneurs. Par exemple, moi ils ont dit que j’étais un meneur parce que je parlais avec eux au nom de tout le monde. Ceux qui parlent français, c’est comme les haut-parleurs des retenus.
Des fois, ils les gardent longtemps en isolement, des fois ils les sortent rapidement. La dernière fois, ils ont relaché un mec parce que tout le monde a refusé de rentrer.
Vendredi, tout le monde a refusé de manger et le lendemain, certains n’ont pas continué donc on a arrêté ça servait à rien.
L’autre jour ils nous ont tous rassemblé dans le réfectoir pour nous compter. Il y avait plein de flics et des chiens. On dirait qu’ils cherchaient quelqu’un qui s’était barré, mais ils nous disent rien, car sinon ça serait la porte ouverte pour nous. Ils le savent.
Pour la première fois, samedi, j’ai entendu l’alarme qui venait du CRA 1. J’ai vu une 15aine de flics courir par là bas.On sait rien de ce qui s’y passe.
En ce moment ils mettent que des coups de pression. Ils nous traitent comme des chiens, comme si on était là parce qu’on avait fait des conneries. Ils passent dans les chambres la nuit soit disant pour chercher des gens, mais en fait c’est que des coups de pression et de provocations. Au lieu d’aller direct dans la chambre du mec qu’ils cherchent, ils font toutes les chambres, une à une.
Par exemple, ils sont entrés dans ma chambre ; comme j’ai les cheveux longs ils se sont foutus de ma gueule. Quand je leur ai dit que le type qu’ils cherchaient n’était pas là, ils ont répondu “Fermez vos gueules et montrez vos cartes”. Ici, il y a des flics ils ont la haine. Je sais pas si c’est des fachos ou quoi, mais en tout cas, ils ont vraiment la haine contre les immigrés. Il y en a des gentils et les pires je sais pas pourquoi c’est ceux qui sont d’origine étrangère.
Ici c’est impossible de dormir. Ils passent dans les chambres pendant la nuit, claquent les portes. Il y a la brigade canine, c’est des aboiements des chiens à partir de 4, 5 heures du matin. Il est situé du côté du CRA 1. Eux, ils ne doivent pas dormir de la nuit. Le matin c’est le micro.
Dans les chambres, il y a des odeurs incroyables ; dans les chiottes tu peux attraper n’importe quelle maladie. Tu verrais la douche, les couloirs, le réfectoire tu n’en croierais pas tes yeux.
Voilà ici c’est comme le pénitencier.»
Fermeture des centres de rétention, 17 mars 2008