"Ineurope"
«Ineurope». Surtout ne pas parler des grèves actuelles en Grèce :
C’est le secret de l’Europe officielle, ineuropéenne.
Hier mercredi 14 février 2008, toute l’économie grecque était paralysée par une journée massive de grève générale, la deuxième en deux mois.
Il n’y a pas besoin d’avoir fait une grande école de journalisme pour comprendre que la consigne générale, d’autocensure ou bien d’«exocensure», c’est de parler le moins possible de tous les mouvements sociaux qui se peuvent survenir à l’étranger, et surtout s’il s’agit de nos frères et sœurs «consorts» européens : ceux qui partagent le même «sort» institutionnel.
On voit bien ici le tour foncièrement antieuropéen et antieuropéiste de cette Europe des traités de Maastricht et de Lisbonne : tout est fait pour faciliter la circulation des marchandises et des capitaux, mais tout est conçu pour entraver la libre circulation des âmes et des idées, pour cloisonner chaque peuple dans son espace médiatique étriqué autour d’enjeux dérisoires tels que les chroniques inlassables de chaque cour princière (ah, Carla et Nicolas, ah Berlusconi, s’il fallait vous inventer !).
Bref, tout est fait pour priver méthodiquement les Européens d’un espace public commun, condition indispensable d’une démocratie commune. Et ils osent nous parler d’Europe et même nous traiter de nationalistes attardés ! (Vous remarquerez que pour être bien certains que les citoyens de chaque pays européen vivront toujours à des rythmes séparés, on ne vote pas les mêmes jours ni sur des listes européennes, afin d’isoler et d’impuissanter la volonté populaire. Afin de pouvoir sanctionner prestement chaque peuple qui s’avérerait isolément récalcitrant dans l’Empire supranational, un peu comme cela se passait à l’Est pour les Hongrois en 1956 et les Tchèques en 1968, même si la Commission de Bruxelles possède aujourd’hui des moyens infiniment plus sophistiqués que les chars d’assaut soviétiques pour faire plier un pays qui aurait mal voté à un référendum.)
Faire semblant de construire l’Europe en faisant son contraire, c’est-à-dire l’«Union ineuropéenne», voici le secret de fabrication de ces si médiocres dirigeants politiques du niveau de cynisme de Tony Blair, de Sarkozy, de Schröder et de Berlusconi, qui ont trouvé ainsi un moyen subtil de se passer des peuples, afin de se délivrer pour toujours des conquêtes démocratiques et sociales issues de plusieurs siècles de résistance démocratique contre les rois, contre les magnats, et il y a soixante ans contre les nazis.
Maintenant, il reste une question brûlante : Qui nous interdit de parler des grèves en Grèce ? Et demain peut-être en Finlande, au Portugal ou en Roumanie, si leurs classes ouvrières se révoltaient ? Et qui interdit en retour les travailleurs européens de se préoccuper de nos combats en France ?
On se demande vraiment à quoi servent ces permanents d’organisations syndicales et altermondialistes qui se rencontrent si fréquemment en symposiums internationaux tels que les Forums sociaux, mais sans jamais parvenir à se mettre d’accord sur un ou deux objectifs précis et vraiment gênants pour les managers de Bruxelles, ni même sur un texte de principe commun.
Si nos porte-parole sont incapables de s’entendre, tant pis. Que ce soit au moins un principe élémentaire de solidarité, un réflexe à propager, un conseil d’ami : Lorsqu’il y a grève chez nos voisins et consorts, en Grèce ou ailleurs, qu’on en parle au maximum, entre collègues et voisins, et aussi dès qu’on a accès à nos médias. Pour briser cette censure officielle inacceptable et ineuropéenne, et non l’entretenir par notre passivité. Qu’on fasse des piquets de grève, des marches, des danses, des distributions de tracts multilingues devant les représentations diplomatiques grecques et les succursales d’entreprises concernées. Qu’on arbore ici des autocollants grecs solidaires et des drapeaux hélènes. Qu’ils aient peur d’un réveil du peuple des peuples européens infantilisés, ce peuple des peuples qui surviendrait enfin «pour-soi»et non seulement «en-soi».
Qu’ils sachent enfin que nous sommes l’Europe, contre l’Ineurope.
C’est le secret de l’Europe officielle, ineuropéenne.
Hier mercredi 14 février 2008, toute l’économie grecque était paralysée par une journée massive de grève générale, la deuxième en deux mois.
Il n’y a pas besoin d’avoir fait une grande école de journalisme pour comprendre que la consigne générale, d’autocensure ou bien d’«exocensure», c’est de parler le moins possible de tous les mouvements sociaux qui se peuvent survenir à l’étranger, et surtout s’il s’agit de nos frères et sœurs «consorts» européens : ceux qui partagent le même «sort» institutionnel.
On voit bien ici le tour foncièrement antieuropéen et antieuropéiste de cette Europe des traités de Maastricht et de Lisbonne : tout est fait pour faciliter la circulation des marchandises et des capitaux, mais tout est conçu pour entraver la libre circulation des âmes et des idées, pour cloisonner chaque peuple dans son espace médiatique étriqué autour d’enjeux dérisoires tels que les chroniques inlassables de chaque cour princière (ah, Carla et Nicolas, ah Berlusconi, s’il fallait vous inventer !).
Bref, tout est fait pour priver méthodiquement les Européens d’un espace public commun, condition indispensable d’une démocratie commune. Et ils osent nous parler d’Europe et même nous traiter de nationalistes attardés ! (Vous remarquerez que pour être bien certains que les citoyens de chaque pays européen vivront toujours à des rythmes séparés, on ne vote pas les mêmes jours ni sur des listes européennes, afin d’isoler et d’impuissanter la volonté populaire. Afin de pouvoir sanctionner prestement chaque peuple qui s’avérerait isolément récalcitrant dans l’Empire supranational, un peu comme cela se passait à l’Est pour les Hongrois en 1956 et les Tchèques en 1968, même si la Commission de Bruxelles possède aujourd’hui des moyens infiniment plus sophistiqués que les chars d’assaut soviétiques pour faire plier un pays qui aurait mal voté à un référendum.)
Faire semblant de construire l’Europe en faisant son contraire, c’est-à-dire l’«Union ineuropéenne», voici le secret de fabrication de ces si médiocres dirigeants politiques du niveau de cynisme de Tony Blair, de Sarkozy, de Schröder et de Berlusconi, qui ont trouvé ainsi un moyen subtil de se passer des peuples, afin de se délivrer pour toujours des conquêtes démocratiques et sociales issues de plusieurs siècles de résistance démocratique contre les rois, contre les magnats, et il y a soixante ans contre les nazis.
Maintenant, il reste une question brûlante : Qui nous interdit de parler des grèves en Grèce ? Et demain peut-être en Finlande, au Portugal ou en Roumanie, si leurs classes ouvrières se révoltaient ? Et qui interdit en retour les travailleurs européens de se préoccuper de nos combats en France ?
On se demande vraiment à quoi servent ces permanents d’organisations syndicales et altermondialistes qui se rencontrent si fréquemment en symposiums internationaux tels que les Forums sociaux, mais sans jamais parvenir à se mettre d’accord sur un ou deux objectifs précis et vraiment gênants pour les managers de Bruxelles, ni même sur un texte de principe commun.
Si nos porte-parole sont incapables de s’entendre, tant pis. Que ce soit au moins un principe élémentaire de solidarité, un réflexe à propager, un conseil d’ami : Lorsqu’il y a grève chez nos voisins et consorts, en Grèce ou ailleurs, qu’on en parle au maximum, entre collègues et voisins, et aussi dès qu’on a accès à nos médias. Pour briser cette censure officielle inacceptable et ineuropéenne, et non l’entretenir par notre passivité. Qu’on fasse des piquets de grève, des marches, des danses, des distributions de tracts multilingues devant les représentations diplomatiques grecques et les succursales d’entreprises concernées. Qu’on arbore ici des autocollants grecs solidaires et des drapeaux hélènes. Qu’ils aient peur d’un réveil du peuple des peuples européens infantilisés, ce peuple des peuples qui surviendrait enfin «pour-soi»et non seulement «en-soi».
Qu’ils sachent enfin que nous sommes l’Europe, contre l’Ineurope.
Luc Douillard, 14 février 2008