Le monde merveilleux du savoir
«Salut à toi lycéen, qui viens découvrir notre noble université publique de Grenoble. Grâce à l’annuelle journée portes ouvertes (parfois aussi appelée “journée du Lycéen”) tu peux enfin observer le cadre qui doit t’accueillir ces prochaines années. Tu devras très vite apprendre à l’aimer, de gré ou de force. Sauf si, bien entendu, tu préferes tenter ta chance dans le merveilleux monde industriel où jour et nuit n’ont aucune signification, ou en prépa où tu pourras mettre en pause ta vie sociale, avant de travailler corps et âme à la conception des armes de demain en école d’ingénieur. Mais avant tout, defais-toi des idées fausses que tu pourrais avoir sur l’université.
L’université est là pour t’accueillir, te développer, et te former. Grâce à la participation des entrepreneurs et des étudiants responsables et représentatifs, celle-ci se modernise et élargit ses missions en te préparant desormais à l’entrée dans le monde du travail, seul lieu d’épanouissement du citoyen, afin que tu puisses enfin travailler plus à l’enrichissement de ton patron. Même si la résistance fut dure à mater, les lois LMD et LRU vont enfin pouvoir s’appliquer. Et tant pis pour les attardés marxistes ou libertaires qui souhaitaient étaler leurs théories fumeuses dans la formation de nos têtes blondes, ou la recherche fondamentale. Des mesures ont enfin été prises pour assurer l’orthodoxie de l’enseignement et la rentabilité de la recherche universitaire. La garantie de la bonne application du dogme sera désormais assurée par le président d’université, aidé dans sa démarche face aux bolcheviques du CA par les entrepreneurs et les élus locaux.
Toujours dans une logique d’efficacité, des conseillers d’orientation sauront te convaincre que la sociologie ou la psychologie ne sont pas faites pour toi, alors que l’écogestion t’ouvre grand les bras, et les professeurs et personnels seront triés sur le volet et renouvellables tous les 4 ans. Les formations fondamentalement inutiles et coûteuses, comme l’histoire ou la philosophie, sont amenées à disparaître pour laisser la place aux sections économiquement utiles, afin de permettre à l’université d’entrer de plein pied dans le 21e siècle.
Enfin la pauvreté dans les rangs de l’université est desormais en voie d’éradication grâce à l’augmentaion substantielle des frais d’inscription partout en Europe, qui sauront convaincre les étudiants qui n’en ont pas les moyens que c’est de leur faute s’ils sont pauvres. Le dogme de la gratuité n’a que trop vécu et laisse maintenant place au concept plus réaliste de responsabilisation de l’étudiant au prix de la somme (certes modique) de 1000 euros pour une année d’étude.
Dans un souci de maintien de la paix sociale, et suite à une habile politique de gestion des masses, règne ici la «Pax Universitas», seulement troublée par les attaques sporadiques de hordes anarcho-autonomes. En effet, le campus se transforme régulièrement en champ de bataille érigé de barricades. Citons notamment le pillage de la Galerie des Amphis en 2006 et le saccage de l’Université Stendhal en 2007. La tentative d’invasion armée de Science Po la même année, n’échoua que grâce à l’héroïque résistance du directeur de l’institut, M. Olivier Ihl, qui armé de son seul courage (mais aussi de l’armature métallique d’une poubelle) mit en déroute environ 4000 individus hirsutes et cagoulés.
Ce tableau noir de l’infection anarchiste sur le campus ne doit pas t’effrayer, lycéen encore ingénu, car des mesures sont prises au quotidien pour éradiquer ce mal. Ainsi depuis 2002, la police que la démagogie des hommes politiques avait expulsé des campus en 1969 patrouille de nouveau sur le site. Lors de la dernière attaque, leur renfort fut déterminant pour déloger ces agitateurs de leur antre (à savoir le Hall Sud de Stendhal) et libérer les milliers d’étudiants qu’ils prirent en otages contre rançon. D’autres dispositions furent prises, notamment le recrutement de vaillants vigiles (avec chiens) pour protéger les sites stratégiques du terrain des opérations. D’un coût approximatif de 80.000 €, cette mesure fut d’une efficacité redoutable pour rétablir l’ordre et la discipline, malgré quelques dégats collatéraux (étudiants frappés, mordus ou gazés, professeurs agressés…), mais ce sacrifice était nécessaire au vu de la situaton. Aujourd’hui encore plusieurs unités des Forces de l’Ordre (CRS, BAC, gendarmerie mobile) se tiennent prêtes à interrompre toute réunion séditieuse (ils appellent ça un comité de mobilisation) sur le campus.
Bien que sévèrement châtiés, il semblerait que certains veuillent continuer leur activité cécessionniste et criminelle. Heureusement une cellule de veille sanitaire se met progressivement en place, à tous les niveaux : université, ville et État. Outre le fichage, notamment génétique, des éléments indésirables, un programme ambitieux d’implantaion de caméras de vidéosurveillance permet de sécuriser peu à peu tous les sites sensibles de l’agglomération grenobloise : bâtiments officiels, transports en commun, magasins, logements, campus, rues… De plus, les caméras deviennent intelligentes : citons la start up grenobloise Blue Eye Video qui, rachetant les brevets de la recherche publique, arme ses caméras de logiciels de reconnaissance biométriques, qui permettront enfin de suivre ces terroristes aliénés jusque dans les chiottes.
En attendant que ce réseau de protection des citoyens modèles soit définitivement installé, tu es invité à signaler les mauvais patriotes : fumeurs, rmistes, racaille, sanspapiers, militants d’extrême gauche et autres dissidents qui sont tous comme chacun sait de futurs violeurs, pédophiles ou terroristes en puissance. Alors n’hésite surtout pas à dénoncer tes voisins, tes amis, ta famille, les personnes que tu croises dans la rue, voire à te dénoncer toi-même dès les premiers signes de comportement suspect. Et saches que dès maintenant tu peux le faire dans tous les commissariats, gendarmeries, mairies, préfectures et même sur ton lieu d’études ou de travail (principal de lycée, président d’université, patrons ainsi que leurs personnels bienveillants). N’oublie pas que ta nation a besoin de toi.»
L’université est là pour t’accueillir, te développer, et te former. Grâce à la participation des entrepreneurs et des étudiants responsables et représentatifs, celle-ci se modernise et élargit ses missions en te préparant desormais à l’entrée dans le monde du travail, seul lieu d’épanouissement du citoyen, afin que tu puisses enfin travailler plus à l’enrichissement de ton patron. Même si la résistance fut dure à mater, les lois LMD et LRU vont enfin pouvoir s’appliquer. Et tant pis pour les attardés marxistes ou libertaires qui souhaitaient étaler leurs théories fumeuses dans la formation de nos têtes blondes, ou la recherche fondamentale. Des mesures ont enfin été prises pour assurer l’orthodoxie de l’enseignement et la rentabilité de la recherche universitaire. La garantie de la bonne application du dogme sera désormais assurée par le président d’université, aidé dans sa démarche face aux bolcheviques du CA par les entrepreneurs et les élus locaux.
Toujours dans une logique d’efficacité, des conseillers d’orientation sauront te convaincre que la sociologie ou la psychologie ne sont pas faites pour toi, alors que l’écogestion t’ouvre grand les bras, et les professeurs et personnels seront triés sur le volet et renouvellables tous les 4 ans. Les formations fondamentalement inutiles et coûteuses, comme l’histoire ou la philosophie, sont amenées à disparaître pour laisser la place aux sections économiquement utiles, afin de permettre à l’université d’entrer de plein pied dans le 21e siècle.
Enfin la pauvreté dans les rangs de l’université est desormais en voie d’éradication grâce à l’augmentaion substantielle des frais d’inscription partout en Europe, qui sauront convaincre les étudiants qui n’en ont pas les moyens que c’est de leur faute s’ils sont pauvres. Le dogme de la gratuité n’a que trop vécu et laisse maintenant place au concept plus réaliste de responsabilisation de l’étudiant au prix de la somme (certes modique) de 1000 euros pour une année d’étude.
Dans un souci de maintien de la paix sociale, et suite à une habile politique de gestion des masses, règne ici la «Pax Universitas», seulement troublée par les attaques sporadiques de hordes anarcho-autonomes. En effet, le campus se transforme régulièrement en champ de bataille érigé de barricades. Citons notamment le pillage de la Galerie des Amphis en 2006 et le saccage de l’Université Stendhal en 2007. La tentative d’invasion armée de Science Po la même année, n’échoua que grâce à l’héroïque résistance du directeur de l’institut, M. Olivier Ihl, qui armé de son seul courage (mais aussi de l’armature métallique d’une poubelle) mit en déroute environ 4000 individus hirsutes et cagoulés.
Ce tableau noir de l’infection anarchiste sur le campus ne doit pas t’effrayer, lycéen encore ingénu, car des mesures sont prises au quotidien pour éradiquer ce mal. Ainsi depuis 2002, la police que la démagogie des hommes politiques avait expulsé des campus en 1969 patrouille de nouveau sur le site. Lors de la dernière attaque, leur renfort fut déterminant pour déloger ces agitateurs de leur antre (à savoir le Hall Sud de Stendhal) et libérer les milliers d’étudiants qu’ils prirent en otages contre rançon. D’autres dispositions furent prises, notamment le recrutement de vaillants vigiles (avec chiens) pour protéger les sites stratégiques du terrain des opérations. D’un coût approximatif de 80.000 €, cette mesure fut d’une efficacité redoutable pour rétablir l’ordre et la discipline, malgré quelques dégats collatéraux (étudiants frappés, mordus ou gazés, professeurs agressés…), mais ce sacrifice était nécessaire au vu de la situaton. Aujourd’hui encore plusieurs unités des Forces de l’Ordre (CRS, BAC, gendarmerie mobile) se tiennent prêtes à interrompre toute réunion séditieuse (ils appellent ça un comité de mobilisation) sur le campus.
Bien que sévèrement châtiés, il semblerait que certains veuillent continuer leur activité cécessionniste et criminelle. Heureusement une cellule de veille sanitaire se met progressivement en place, à tous les niveaux : université, ville et État. Outre le fichage, notamment génétique, des éléments indésirables, un programme ambitieux d’implantaion de caméras de vidéosurveillance permet de sécuriser peu à peu tous les sites sensibles de l’agglomération grenobloise : bâtiments officiels, transports en commun, magasins, logements, campus, rues… De plus, les caméras deviennent intelligentes : citons la start up grenobloise Blue Eye Video qui, rachetant les brevets de la recherche publique, arme ses caméras de logiciels de reconnaissance biométriques, qui permettront enfin de suivre ces terroristes aliénés jusque dans les chiottes.
En attendant que ce réseau de protection des citoyens modèles soit définitivement installé, tu es invité à signaler les mauvais patriotes : fumeurs, rmistes, racaille, sanspapiers, militants d’extrême gauche et autres dissidents qui sont tous comme chacun sait de futurs violeurs, pédophiles ou terroristes en puissance. Alors n’hésite surtout pas à dénoncer tes voisins, tes amis, ta famille, les personnes que tu croises dans la rue, voire à te dénoncer toi-même dès les premiers signes de comportement suspect. Et saches que dès maintenant tu peux le faire dans tous les commissariats, gendarmeries, mairies, préfectures et même sur ton lieu d’études ou de travail (principal de lycée, président d’université, patrons ainsi que leurs personnels bienveillants). N’oublie pas que ta nation a besoin de toi.»
Les Jeunes Imbéciles
Mais comment en est-on arrivéEs là ?
Ils sont Vichy, soyons pirates.
Tract du comité de mobilisation de l’Université de Grenoble
pour la journée «portes ouvertes» du mardi 5 février 2008.