Un ex-dirigeant de la "Bande à Baader" libéré
Emprisonné depuis 1982 pour avoir commis plusieurs assassinats à la fin des années 1970, Christian Klar, est sorti libre vendredi matin de la prison de Bruchsal.
Un ancien dirigeant du mouvement terroriste allemand d’extrême gauche Fraction Armée Rouge (RAF), Christian Klar, 56 ans, a été libéré vendredi 19 décembre après 26 ans de prison, a indiqué à l’AFP son avocat.
Emprisonné depuis 1982 pour avoir commis plusieurs assassinats à la fin des années 1970, Christian Klar, est sorti libre vendredi matin de la prison de Bruchsal, près de Karlsruhe (sud-ouest), a précisé son avocat Heinz-Jürgen Schneider.
«Il est désormais libre de décider lui-même ce qu’il veut faire, et où», a souligné Me Schneider, précisant que son client n’avait «en aucun cas» l’intention de s’exprimer dans des talk-shows télévisés. Organisation terroriste d’extrême gauche, connue aussi sous l’appellation de «Bande à Baader-Meinhof», du nom de ses deux fondateurs, Andreas Baader et Ulrike Meinhof, la RAF a tué une trentaine de personnes entre 1971 et 1991, dont des personnalités de l’élite politique et économique allemande.
Meneurs de la deuxième génération
Christian Klar fut, avec Brigitte Mohnhaupt, l’un des meneurs de la deuxième génération de la RAF, qui avait pris le relais de Baader après son arrestation en 1972 et qui avait radicalisé sa «lutte révolutionnaire», issue de mouvements estudiantins des années 60.
Il avait été condamné en 1985 à la réclusion à perpétuité pour neuf assassinats et onze tentatives d’assassinats commis à la fin des années 1970.
Au nom de la lutte contre le système impérialiste, il avait notamment participé en 1977, à l’assassinat du procureur Siegfried Buback et du banquier Jürgen Ponto ainsi qu’à l’enlèvement et à l’assassinat du patron des patrons allemands Hanns-Martin Schleyer.
Christian Klar ne s’est jamais repenti. Mais une cour de Stuttgart (sud-ouest) a décidé sa remise en liberté conditionnelle au motif «que de nouveaux crimes graves ne sont plus à redouter à l’avenir» de sa part, a indiqué une porte-parole. La justice lui a imparti un délai d’épreuve de cinq ans.
La Cour avait ordonné en 1997 qu’il reste derrière les barreaux au moins 26 ans pour «circonstances aggravantes». Klar aura purgé cette période de sûreté à la prison de Bruchsal (sud-ouest) le 3 janvier 2009.
Quatre anciens membres toujours recherchés
En mai 2007, il avait adressé une demande de grâce au président allemand Horst Köhler. Après une longue réflexion soutenue par des mois de débats en Allemagne, il avait opposé une fin de non recevoir à sa requête ainsi qu’à celle d’une autre activiste, Birgit Hogefeld. Celle-ci deviendra dès janvier le dernier membre de la RAF sous les verrous. Elle avait été condamnée à perpétuité en 1996 pour le meurtre d’un soldat américain et un attentat à la bombe perpétré en 1985 sur une base américaine à Francfort (ouest).
Au cours d’une interview télévisée en 2001, Klar avait refusé de prendre ses distances avec les actions terroristes de la RAF.
Cette absence de regrets avait suscité de vives réactions à l’occasion de l’annonce de sa libération.
«En tant que policier qui a vécu la période de terrorisme de la RAF (…), je ressens une amertume profonde», a déclaré le patron du syndicat de la police, Konrad Freiberg.
Sa mise en liberté «bafoue toutes les victimes de la RAF, qu’elles soient mortes ou vivantes», s’était insurgé Jürgen Vietor, co-pilote d’un avion de la Lufthansa qui avait été détourné sur Mogadiscio par un commando de la RAF de Palestiniens en octobre [1977].
Dix ans après l’auto-dissolution de la RAF, quatre anciens membres de l’organisation — Friederike Krabbe, Daniela Klette, Ernst-Volker Staub et Burkhard Garweg — sont toujours recherchés par la police allemande.
Presse policière-bourgeoise :
Le Nouvel Observateur, 19 décembre 2008.