La strip-sécurité
Aéroports : la strip-sécurité
Le «scanner corporel» débarque en France. Après avoir conquis les aéroports d’Europe cet appareil de sécurité d’une nouvelle génération fait son entrée dans l’Hexagone. C’est Nice qui se lance en premier dans l’aventure.
De quoi s’agit-il ? À première vue, c’est une simple cabine dans laquelle les passagers désirant prendre l’avion sont invités à entrer. L’appareil est destiné à remplacer les portiques actuels qui sonnent quand vous avez eu le malheur de mettre une ceinture avec boucle en fer. Avec le scanner corporel plus besoin de se déshabiller soi-même, puisque c’est la machine qui vous déshabille.
À proprement parler le scanner révèle l’anatomie des passagers grâce à la technique dite des «ondes millimétriques». Avec ce procédé, qui montre le corps du passager, il devient impossible de dissimuler quelque chose sous les vêtements. L’avantage principal du scanner corporel réside dans sa capacité à détecter tous types d’objets et de liquides, et plus seulement le métal.
La procédure semble simple, le passager entre dans une cabine, lève les bras et ressort. Durée de l’opération : trois secondes. Finies les longues queues et les pénibles fouilles corporelles.
Cependant l’appareil pose un nouveau type de problème. Le passager est mis entièrement à nu. L’appareil montre les parties génitales, les seins et permet même de révéler un implant mammaire. L’opérateur qui contrôlera de sa cabine les images pourra se observer tout le monde en tenue d’Ève et d’Adam.
Sécurité ou intimité ? Dilemme de taille pour le commissaire européen aux Transports. Les premières mesures visent à rassurer le public. Ce n’est qu’un test sur la base du volontariat des passagers… Les femmes seront contrôlées par des femmes et les hommes par des hommes… Les images seront immédiatement effacées…
Il n’en reste pas moins que les passagers n’auront pas le choix très longtemps. L’aéroport de Roissy a prévu de s’équiper dès la parution de la réglementation. Des machines semblables sont déjà en fonction à Londres, Amsterdam, ou aux États-Unis. Au pays du puritanisme d’ailleurs, les scanners ont été très mal acceptés par des passagers. Ces réactions n’empêchent pas le gouvernement de prévoir une extension des équipements.
Levée de boucliers contre le portique de sécurité qui déshabille
Le nouveau portique électronique appelé à être expérimenté à l’aéroport de Nice-Côte-d’Azur et qui fait apparaître sur un écran les voyageurs débarrassés de leurs vêtements provoque une levée de boucliers, avant même sa mise en service. Les réactions étaient unanimes vendredi 24 octobre dans les locaux du deuxième aéroport de France, où le système doit être expérimenté à une date non précisée. «Lamentable», «violation inadmissible de l’intimité», «On n’a pas à déshabiller les gens pour savoir ce qu’ils ont sur eux même pour des raisons de sécurité, il y a aujourd’hui des appareils suffisamment performants pour détecter des armes ou des explosifs», ont déclaré des passagers interrogés par Reuters avant d’entrer en salle d’embarquement. Sollicitée par Reuters, la direction de l’aéroport de Nice n’a fait aucun commentaire à ce sujet vendredi matin.
Expérimentation de 6 mois
À Paris, la Direction de l’aviation civile (DGAC) a confirmé que la plate-forme de Nice avait bien été choisie pour tester cet appareil baptisé «Pro Vision», et qui permettra de scanner en moins de deux secondes chaque passager. L’expérimentation durera en principe six mois, «mais les voyageurs auront de droit de refuser de s’y soumettre», a indiqué la DGAC qui a précisé que pour, des raisons éthiques, l’opérateur n’aurait pas de contact visuel avec le passager. L’image ne permettra d’identifier personne et les parties intimes seront floutées, assure-t-on de même source.
Le Parlement européen s’inquiète
Selon l’Aviation civile, la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) a donné son accord pour l’utilisation en France de cet appareil «à ondes millimétriques» déjà en service aux Pays-Bas, en Espagne, aux États-Unis et en Russie. Le Parlement européen a demandé jeudi à la Commission européenne de surseoir à l’adoption d’un règlement qui généraliserait les scanners corporels. Dans une résolution, il demande à Bruxelles de présenter, dans les trois mois, une évaluation de l’impact qu’aurait cette technique de contrôle sur les droits fondamentaux ainsi qu’une étude scientifique et médicale concernant ses effets possibles sur la santé.
Aéroports : les «scanners corporels» scandalisent le Parlement européen
Des réactions indignées ont parcouru les rangs du Parlement européen à l’évocation mercredi 22 octobre d’un projet d’introduction dans les aéroports de l’Union européenne de «scanners corporels», où les passagers apparaissent nus.
Dans un projet de résolution commune qui doit être voté jeudi, les députés européens estiment que les conditions pour prendre une décision en la matière «ne sont pas encore réunies», et réclament de Bruxelles des études sur l’impact économique, éthique, et sur la santé humaine de ces appareils déjà utilisés en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Suisse notamment.
Ils émettent «des doutes» quant à la justification de la mesure, envisagée par la Commission européenne, et «sa nécessité dans une société démocratique».
«Alternative aux fouilles manuelles»
«Ces appareils permettent de voir jusqu’aux parties génitales, si une femme a un gros ou de petits seins», s’indigne le social-démocrate bavarois Wolfgang Kreissl-Dörfler qui voit là l’illustration de la «paranoïa des ministres de l’Intérieur» des 27 en matière de terrorisme.
L’élue verte Eva Lichtenberger estime pour sa part que ces appareils «mettent gravement en cause les droits fondamentaux et la protection de la dignité humaine. Il semble qu’on ne se soit même pas préoccupé de savoir s’ils représentaient un gain réel en matière de sécurité.»
Sommé de s’expliquer par le Parlement européen sur ce projet, le commissaire européen aux Transports, l’Italien Antonio Tajani, a affirmé dans la nuit de mardi à mercredi n’avoir encore «pris aucune décision». «Le scanner corporel ne sera jamais rendu obligatoire, c’est une alternative aux fouilles manuelles», a-t-il promis. Et «pour ce qui est des images, ces images ne seront pas enregistrées et ne seront jamais conservées», a-t-il assuré.
Il a justifié l’idée en expliquant que les passagers aériens verraient les files d’attente se réduire aux contrôles de sécurité. «Dans les aéroports où ils existent, beaucoup de passagers choisissent de passer par les scanners corporels», a encore affirmé Antonio Tajani, précisant que personnellement, il considérait «qu’une fouille manuelle était plus désagréable que le passage dans un scanner. Mais chacun est libre de choisir.»
Les «scanners corporels» font leur apparition en France, avec un test à Nice. Ces appareils de sécurité permettent de voir l’anatomie des passagers, et accessoirement des objets dissimulés.
Le «scanner corporel» débarque en France. Après avoir conquis les aéroports d’Europe cet appareil de sécurité d’une nouvelle génération fait son entrée dans l’Hexagone. C’est Nice qui se lance en premier dans l’aventure.
De quoi s’agit-il ? À première vue, c’est une simple cabine dans laquelle les passagers désirant prendre l’avion sont invités à entrer. L’appareil est destiné à remplacer les portiques actuels qui sonnent quand vous avez eu le malheur de mettre une ceinture avec boucle en fer. Avec le scanner corporel plus besoin de se déshabiller soi-même, puisque c’est la machine qui vous déshabille.
À proprement parler le scanner révèle l’anatomie des passagers grâce à la technique dite des «ondes millimétriques». Avec ce procédé, qui montre le corps du passager, il devient impossible de dissimuler quelque chose sous les vêtements. L’avantage principal du scanner corporel réside dans sa capacité à détecter tous types d’objets et de liquides, et plus seulement le métal.
La procédure semble simple, le passager entre dans une cabine, lève les bras et ressort. Durée de l’opération : trois secondes. Finies les longues queues et les pénibles fouilles corporelles.
Cependant l’appareil pose un nouveau type de problème. Le passager est mis entièrement à nu. L’appareil montre les parties génitales, les seins et permet même de révéler un implant mammaire. L’opérateur qui contrôlera de sa cabine les images pourra se observer tout le monde en tenue d’Ève et d’Adam.
Sécurité ou intimité ? Dilemme de taille pour le commissaire européen aux Transports. Les premières mesures visent à rassurer le public. Ce n’est qu’un test sur la base du volontariat des passagers… Les femmes seront contrôlées par des femmes et les hommes par des hommes… Les images seront immédiatement effacées…
Il n’en reste pas moins que les passagers n’auront pas le choix très longtemps. L’aéroport de Roissy a prévu de s’équiper dès la parution de la réglementation. Des machines semblables sont déjà en fonction à Londres, Amsterdam, ou aux États-Unis. Au pays du puritanisme d’ailleurs, les scanners ont été très mal acceptés par des passagers. Ces réactions n’empêchent pas le gouvernement de prévoir une extension des équipements.
Nicolas Chapuis - Libération, 24 octobre 2008.
Levée de boucliers contre le portique de sécurité qui déshabille
«Pro Vision», le nouveau portique de sécurité qui fait apparaître les voyageurs débarrassés de leurs vêtements, provoque déjà un tollé à Nice, où il sera bientôt expérimenté. La Direction de l’aviation civile assure que les parties intimes seront floutées.
Le nouveau portique électronique appelé à être expérimenté à l’aéroport de Nice-Côte-d’Azur et qui fait apparaître sur un écran les voyageurs débarrassés de leurs vêtements provoque une levée de boucliers, avant même sa mise en service. Les réactions étaient unanimes vendredi 24 octobre dans les locaux du deuxième aéroport de France, où le système doit être expérimenté à une date non précisée. «Lamentable», «violation inadmissible de l’intimité», «On n’a pas à déshabiller les gens pour savoir ce qu’ils ont sur eux même pour des raisons de sécurité, il y a aujourd’hui des appareils suffisamment performants pour détecter des armes ou des explosifs», ont déclaré des passagers interrogés par Reuters avant d’entrer en salle d’embarquement. Sollicitée par Reuters, la direction de l’aéroport de Nice n’a fait aucun commentaire à ce sujet vendredi matin.
Expérimentation de 6 mois
À Paris, la Direction de l’aviation civile (DGAC) a confirmé que la plate-forme de Nice avait bien été choisie pour tester cet appareil baptisé «Pro Vision», et qui permettra de scanner en moins de deux secondes chaque passager. L’expérimentation durera en principe six mois, «mais les voyageurs auront de droit de refuser de s’y soumettre», a indiqué la DGAC qui a précisé que pour, des raisons éthiques, l’opérateur n’aurait pas de contact visuel avec le passager. L’image ne permettra d’identifier personne et les parties intimes seront floutées, assure-t-on de même source.
Le Parlement européen s’inquiète
Selon l’Aviation civile, la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) a donné son accord pour l’utilisation en France de cet appareil «à ondes millimétriques» déjà en service aux Pays-Bas, en Espagne, aux États-Unis et en Russie. Le Parlement européen a demandé jeudi à la Commission européenne de surseoir à l’adoption d’un règlement qui généraliserait les scanners corporels. Dans une résolution, il demande à Bruxelles de présenter, dans les trois mois, une évaluation de l’impact qu’aurait cette technique de contrôle sur les droits fondamentaux ainsi qu’une étude scientifique et médicale concernant ses effets possibles sur la santé.
Le Nouvel Observateur (avec Reuters), 24 octobre 2008.
Aéroports : les «scanners corporels» scandalisent le Parlement européen
L’idée de «déshabiller», à travers ces appareils, les passagers des aéroports d’Europe a été accueillie avec beaucoup de scepticisme par les eurodéputés.
Des réactions indignées ont parcouru les rangs du Parlement européen à l’évocation mercredi 22 octobre d’un projet d’introduction dans les aéroports de l’Union européenne de «scanners corporels», où les passagers apparaissent nus.
Dans un projet de résolution commune qui doit être voté jeudi, les députés européens estiment que les conditions pour prendre une décision en la matière «ne sont pas encore réunies», et réclament de Bruxelles des études sur l’impact économique, éthique, et sur la santé humaine de ces appareils déjà utilisés en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Suisse notamment.
Ils émettent «des doutes» quant à la justification de la mesure, envisagée par la Commission européenne, et «sa nécessité dans une société démocratique».
«Alternative aux fouilles manuelles»
«Ces appareils permettent de voir jusqu’aux parties génitales, si une femme a un gros ou de petits seins», s’indigne le social-démocrate bavarois Wolfgang Kreissl-Dörfler qui voit là l’illustration de la «paranoïa des ministres de l’Intérieur» des 27 en matière de terrorisme.
L’élue verte Eva Lichtenberger estime pour sa part que ces appareils «mettent gravement en cause les droits fondamentaux et la protection de la dignité humaine. Il semble qu’on ne se soit même pas préoccupé de savoir s’ils représentaient un gain réel en matière de sécurité.»
Sommé de s’expliquer par le Parlement européen sur ce projet, le commissaire européen aux Transports, l’Italien Antonio Tajani, a affirmé dans la nuit de mardi à mercredi n’avoir encore «pris aucune décision». «Le scanner corporel ne sera jamais rendu obligatoire, c’est une alternative aux fouilles manuelles», a-t-il promis. Et «pour ce qui est des images, ces images ne seront pas enregistrées et ne seront jamais conservées», a-t-il assuré.
Il a justifié l’idée en expliquant que les passagers aériens verraient les files d’attente se réduire aux contrôles de sécurité. «Dans les aéroports où ils existent, beaucoup de passagers choisissent de passer par les scanners corporels», a encore affirmé Antonio Tajani, précisant que personnellement, il considérait «qu’une fouille manuelle était plus désagréable que le passage dans un scanner. Mais chacun est libre de choisir.»
Le Nouvel Observateur, 24 octobre 2008.