Grèce : La répression qui vient
La police recenserait une trentaine de personnes, organisées en cellules, qui revendiquent l’héritage idéologiste de la Lutte révolutionnaire.
Plusieurs journaux grecs les appellent déjà «les nouveaux terroristes». Le procureur d’Athènes est tout aussi catégorique. Il vient d’inculper trois jeunes de 20 et 21 ans selon la procédure antiterroriste mise en place pour les JO de 2004. L’effet produit sur la jeunesse estudiantine, qui effectue sa rentrée mardi, est imprévisible. Et, à l’annonce de la mise en examen de leurs camarades, mardi dernier, des jeunes sont venus défier les forces de l’ordre devant le palais de justice d’Athènes.
Les trois inculpés appartiennent à cette génération qui a participé aux émeutes de décembre 2008, après la mort d’un adolescent tué par les balles d’un policier. Ils ont découvert la politique lors de ces semaines durant lesquelles le centre d’Athènes devint un champ de bataille où anarchistes et casseurs brisaient, incendiaient et affrontaient la police. Le soufflet retombé, ils sont allés, semble-t-il, un cran plus loin, trop loin, dans la radicalité.
Les trois présumés terroristes Charalambos, Emmanouil et Panayotis sont des gamins des beaux quartiers. Ils ont étudié à Arsakio, un lycée privé parmi les plus huppés d’Athènes. C’est dans l’appartement de Charalambos, dans le quartier cossu d’Halandri, que la police a retrouvé, parmi les vêtements de marque, «un mécanisme d’horlogerie de mise à feu dans un autocuiseur», similaire à celui qui a été utilisé lors de deux attentats récents : celui du 23 septembre, la veille de leur arrestation, contre l’appartement de deux personnalités du Parti socialiste, et celui de juillet dernier contre le domicile de l’ex-secrétaire d’État à l’Intérieur.
Ces deux attentats ayant été revendiqués par la Conspiration des cellules de feu, les trois jeunes, qui nient en bloc, sont accusés d’avoir formé cette organisation terroriste. Ils risquent au minimum dix ans de prison. La police a d’abord promis l’arrestation imminente de six autres comparses. Elle parle maintenant d’une trentaine de suspects.
Un réservoir de trois cents personnes
Le coup de filet annoncé permettra peut-être de comprendre un peu mieux qui se cache derrière cette Conspiration des cellules de feu, à laquelle on doit une trentaine d’attaques à l’engin incendiaire contre des distributeurs de banques, des concessionnaires automobiles, quatre églises orthodoxes, des appartements de personnalités et les bureaux de l’Agence France Presse à Athènes. Manifestement, cette nébuleuse ne peut se réduire aux trois inculpés, puisqu’elle a revendiqué l’explosion d’une bombinette, placée dans une benne à ordures, pendant le dernier grand discours de campagne de Caramanlis, vendredi soir, sur le Champ de Mars d’Athènes.
Les petits attentats à la bombe artisanale et aux cartouches de gaz sont si fréquents en Grèce que plus personne n’y prête une grande attention. Cela fait partie, sinon du folklore de ce pays balkanique, du moins d’une longue tradition, qui remonte à 1974.
À la chute de la dictature des Colonels voient le jour la Lutte révolutionnaire populaire (ELÀ), qui a cessé ses activités en 1995 après quelque 250 attentats, et le groupe du 17-Novembre, responsable de 23 assassinats entre 1975 et 2000, avant d’être démantelé en 2002. Au fil des ans, les différents procès, dont certains sont encore en cours, ont abouti à moins d’une dizaine d’incarcérations.
À compter de 2003, Lutte révolutionnaire (EA), classée organisation terroriste par l’UE, a pris le relais. Après les manifestations estudiantines est apparue, en février dernier, la Secte des révolutionnaires, dont l’objectif revendiqué est d’«exécuter» des policiers grecs. En 2009, l’un d’eux a été assassiné et un autre grièvement blessé par balles.
Selon un policier antiterroriste, qui parle sous couvert d’anonymat, environ trente personnes formeraient, en différentes cellules, le tissu du terrorisme en Grèce, qui ne s’est pas désuni depuis 1974. Ce sont des professionnels des attentats et braquages, ayant souvent franchi la quarantaine, qui ont suscité des vocations parmi les étudiants, via le milieu anarchiste, très fortement implanté dans les universités du centre d’Athènes. Ces gamins, issus des manifs de décembre, auraient ainsi rejoint un réservoir d’environ trois cents individus prêts à poser des engins explosifs.
«Des DVD hollywoodiens»
Dans l’appartement de Charalambos, confie le policier, «il n’y avait aucun livre politique mais des DVD hollywoodiens». Il ajoute, ce que confirme l’avocat d’un des accusés, que les premiers textes de la Conspiration des cellules de feu étaient bourrés de fautes d’orthographe, avant qu’une sémantique corsetée par l’idéologie extrémiste ne fasse son apparition. «Il y a des adultes derrière», affirme le policier, qui espère que la récente arrestation des apprentis révolutionnaires permettra de remonter jusqu’aux vrais terroristes. Le plus rapidement possible, avant qu’une éventuelle greffe n’opère, ce qui renverrait la Grèce dix ans en arrière, aux temps du sanglant 17-Novembre.
Leur presse (Thierry Portes, Le Figaro), 5 octobre 2009.
Athens anti-guerrilla case in ruins after new Nuclei of Fire attack
A new attack and communique by the Nuclei of Fire, targeting the greek PM’s central rally in Athens, shatter any remaining credibility of the anti-guerrilla pre-election persecutions.
The already disputed credibility of the anti-guerrilla persecution of three 20 year old boys for their alleged involvement in the urban guerrilla group Nuceli of Fire Conspiracy (NFC), responsible for over 150 storm-attacks against state and capital targets as well as a recent bombing campaign (with no human injuries due to previous warning calls in all cases), has now all but collapsed after the NFC managed to surprise the greek anti-terrorist office and the secret services by planting ang igniting a bomb in the centre of the Prime Minister’s last and central pre-election rally, two days before national elections, in Athens. The bomb was pre-announced so the area was evacuated causing no human injuries but immense ridicule both for the security forces and the PM whose oration on the necessity to crush “youth violence” and restore order was punctuated by the explosion.
If that was not enough to dispute the arrests and the discovery of “the NFC safe-house”, the NFC proptly published an on-line communique that has received extended national coverage and brought shame on the outgoing government. In their communique the urban guerrillas denounce the arrests as nonsense and the arrested as “totally unrelated to [their] group”. According to the NFC any arrested of their guerrilla group is obliged to accept his or her participation in it. All three arrested have denied any involvement in the group, one even condemning the armed struggle as irrelevant to the revolution.
Moreover, in their long and politically thorny communique, the NFC underline that the only evidence at the hands of the authorities of any connection between their group and the arrested is the supposed existence of a “pressure cooker bomb” in the Chalandri house stormed by the police. The NFC argue that such bombs have been employed since the late 19th century by revolutionaries and cannot possibly be considered “the copyright or modus operandi” of their or any single organisation.
Libcom, October 4th.
Grèce : la répression s’élargit, six compagnons recherchés
Des sources d’agences de presse en Grèce précisent que la descente de police contre quatre compagnons suspectés d’appartenir à la «Conspiration des cellules du Feu» n’est pas terminée.
En effet, le nom de six autres compagnonnes/ons, considérés comme membres du même groupe qui a revendiqué énormément d’actions directes, ont été publiés. Les six sont activement recherchés sur tout le territoire grec, et la police affirme détenir leurs empreintes digitales.
Le détail des accusations est : participation à attentat [par] explosifs, appartenance à une organisation criminelle, détention illégale d’explosifs. L’antiterrorisme recherche d’éventuels liens entre la «Conspiration des cellules du Feu» et le groupe de guérilla urbaine «Secte des révolutionnaires», le groupe qui a revendiqué l’assassinat du flic Nektarios Savvas.
Les compagnons incarcérés sont : Harilaos (21 ans), Emmanouil (21), Myrto (21) et Panayiotis (20).
Traduit de l’italien, Brèves du désordre, 30 septembre.