Deux procès antipub (Poitiers - Niort)

Publié le par la Rédaction

Poitiers, le 30 juillet 2009

Après 1 heure 30 de bataille, la sanction tombe : 500€ d'amende avec sursis pour la dégradation et 850€ à rembourser à Jean-Claude. Le pire de l'assemblée était finalement l'avocat de la partie civile, très moralisateur et en fait très con.

En ce qui concerne le refus de prélèvement ADN : relaxe. Y en a pour qui ça marche ! Continuer à refuser le prélèvement ADN. Si 10% des personnes arrêtées refusent le prélèvement, ça fera environ 2000 personnes par mois et ça saturera les tribunaux. Ils seront donc obligés de reprendre en compte l'application des peines concernant le prélèvement. Les tribunaux ne suivront plus ! Les prisons ne suivent déjà plus ! Notre lutte paiera !


Niort, le 30 juillet 2009

Pour M. : 4000€ d'amende, 2 mois de sursis et 2 ans de mise à l'épreuve.
Pour N. : relaxe pour la complicité, 100€ d'amende avec sursis pour le refus de prélèvement ADN.

Notre camarade M. est ensuite retourné entre ses quatre murs pour subir encore les pressions de l'enquête antipub Poitiers-La Rochelle.

A Poitiers comme à Niort, les journalistes se sont fait renvoyés vite fait avec quelques coups de gueule puisque j'ai eu la chance de tomber sur Vincent Buche, journaleux NR.

A Niort, la surveillance était au rendez-vous avec RG, flics et indics pour mater les gens qui étaient venus en soutien.

Ces peines doivent nous parler. Continuons à lutter, ne nous laissons pas abattre par la merde. Pensez à tout ce que vous pouvez faire pour M.

(sa)LUT(er), 1er août 2009.



Poitiers : Gentille étudiante ou militante anti-pub ?

N., 19 ans, a été condamnée hier symboliquement pour le bris, qu'elle nie, d'une sucette Decaux.

N., ancienne occupante du squat de l'avenue de Paris à Poitiers, expulsé manu militari en juin, est venue au tribunal accompagnée de ses amis. On lui reproche d'avoir fracassé le 19 mai dernier une «sucette» publicitaire Decaux, boulevard de l'Abbé-Frémont, au petit matin. On s'attend au procès très politique d'une militante anti-pub.

Mais l'affaire tourne court : N. et son avocate la présentent comme une étudiante en sciences sans problème, victime du zèle policier. Ce 19 mai, vers 4h30, une patrouille de police repère trois jeunes gens et N. qui passent dans la rue.

Les policiers reconnaissent-ils des jeunes gens avec qui ils ont déjà eu des démêlés ? Toujours est-il qu'ils abandonnent leur voiture et filent discrètement le groupe. Ils voient alors N. traverser le boulevard et s'approcher d'une sucette Decaux.

Puis, selon ce que rapportent les policiers, un fracas de verre brisé se produit et la jeune fille rejoint ses amis. Elle est interpellée 200 mètres plus loin : elle ne porte aucun objet contondant, n'est pas blessée aux mains mais il y a des éclats de verre dans ses cheveux.

Poursuivie pour dégradation volontaire d'un bien d'utilité publique, N. a comparu hier devant le tribunal correctionnel. Selon elle, la sucette publicitaire était déjà brisée quand elle s'en est approchée. Elle a juste approché la main du verre brisé, dont une partie est tombée.

Pas de revendication donc d'un comportement politique mais une négation des faits qui ne convainc pas les juges. La jeune étudiante est condamnée à une peine toute symbolique : 500€ d'amende. Le plus lourd pour elle sera les dommages-intérêts et les frais de justice qu'elle est condamnée à payer à la société Decaux, soit 850€.

Le 6 août, la même N. est à nouveau convoquée devant le tribunal, cette fois pour des tags.


Prélèvements ADN : une manif et une relaxe
Une poignée de militants du Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux manifestait hier après-midi devant le Palais de Justice son soutien à la prévenue dans son refus d'accepter le prélèvement et le fichage de son ADN. La loi permet désormais aux enquêteurs d'effectuer un tel prélèvement sur les suspects et le refus de s'y soumettre constitue un délit. Même en cas de relaxe, les fiches sont conservées pendant 25 ans par la justice et la police.
La manifestation s'est finalement avérée inutile : Me Malika Ménard, avocate de N., a soulevé un vice de procédure qui a convaincu les juges. La loi stipule que les prélèvements doivent être effectués par un officier de police judiciaire. Or dans ce dossier, on ne sait pas précisément qui a demandé à la suspecte si elle était d'accord ou non pour subir ce prélèvement. Elle a donc bénéficié d'une relaxe, alors que le ministère public avait réclamé pour ce délit deux mois de prison avec sursis à son encontre.

Leur presse (La Nouvelle République du Centre-Ouest), 30 juillet.


Niort : Il mettait à mal des panneaux JC Decaux

M. répondait de dégradations de sucettes publicitaires, à Niort. Faits qui lui sont aussi reprochés à La Rochelle.

M. n'a pas utilisé, hier après-midi, sa comparution devant le tribunal correctionnel de Niort comme tribune politique.

Tout au long de l'audience, la vingtaine de ses ami(e)s : des militants antipubs, sans appartenance politique se définissant comme des citoyens promoteurs d'un passage à la décroissance, d'autres, membres ou proches du NPA ou de groupes anarchistes, a respecté son système de défense. Le procès, avec une conséquente présence policière, s'est déroulé sans incident.

JC Decaux mis à mal

Le Niortais de 30 ans, marginal, vivant parfois dans sa voiture et souvent présent à Poitiers, vraisemblablement dans un squat, répondait de la prévention de dégradations d'une trentaine de vitres de sucettes et d'abris bus JC Decaux abritant de la publicité.

Des faits commis, à Niort, dans la nuit du 21 au 22 mai et au petit matin du 16 juin, où il fut interpellé en flagrant délit par la brigade anticriminalité. Le préjudice, d'un montant total d'environ 8500 euros, une facture que présentait l'avocat de la société JC Decaux, partie civile.

M. nie avoir participé aux dégradations de mai mais reconnaît celles de la mi-juin, tout en insistant sur le fait que, cette nuit-là, sa compagne, prévenue de complicité, n'a rien fait. Elle dit la même chose. Le tribunal la relaxera pour la complicité mais la condamnera à 100 euros d'amende avec sursis pour avoir refusé de se soustraire au prélèvement ADN.

En détention provisoire

La situation sera plus complexe pour le jeune homme. L'air calme, parfois souriant mais jamais ironique, il fait profil bas, sans faire acte de soumission. Pourtant, depuis le 8 juillet, M., que des amis qualifient de solide, connaît la dure réalité de la privation de liberté. Il est en détention provisoire à la maison d'arrêt de Niort, dans le cadre d'une autre affaire de dégradations, toujours de vitres de mobilier JC Decaux mais à La Rochelle cette fois-ci.

L'opération destruction au sein de la préfecture de la Charente-Maritime avait été menée à grande échelle dans cette nuit du 15 au 16 juin, juste avant les bris commis à Niort. 118 vitres ont ainsi été saccagées. M. ne reconnaît que 15 dégradations et ne dit mot sur d'éventuels autres participants, une zone d'ombre sur laquelle enquêtent toujours les policiers rochelais, une information judiciaire ayant été ouverte.

Colère après condamnation

Du box niortais où il se trouve, M. expliquait que ses actes de la mi-juin, à La Rochelle puis à Niort, l'ont été sous le coup de la colère. Un état consécutif à sa condamnation, le 15 juin, par le tribunal de La Rochelle, à 300 euros d'amende [Le parquet de La Rochelle a fait appel de ce jugement] pour des dégradations de deux panneaux Decaux en février 2009, à La Rochelle. «J'étais innocent», soutient-il. Reste que les affaires se succèdent.

Le procureur de la République de Niort n'entrait pas dans ces considérations et rappelait plutôt que les services de police le suspectaient depuis des mois de nombreuses dégradations. «Et que ces dernières ont cessé à Niort depuis que vous êtes en détention», lançait-il. Il requérait 3 mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans, avec obligation d'indemniser la société JC Decaux.

L'avocat de M., réaffirmant que son client n'avait pas agi pas conviction politique ou philosophique, parvenait à démonter l'accusation pour la nuit du 21 au 22 mai qui s'appuyait sur deux témoignages indirects et fluctuants et accusait le coup pour les faits du 16 juin, des dégradations dont il tentait de minimiser la gravité.

Le tribunal relaxait le jeune homme au bénéfice du doute pour la nuit de la fin mai et le condamnait à deux mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans pour ceux de la mi-juin. M. devra aussi verser un peu plus de 3578 euros à la société JC Decaux.

À la sortie du tribunal, tous les amis et soutiens du jeune homme avaient déjà en tête le prochain procès, celui qui pourrait avoir lieu dans les mois à venir à La Rochelle, tout en espérant que M. en aura fini bien avant avec sa détention provisoire.

Leur presse (Éric Chauveau, Sud-Ouest), 31 juillet.
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