Leur justice travaille à Strasbourg
trois mises en examen, une condamnation
Les services de police ont procédé à six interpellations dans la cadre des violences commises en marge du sommet de l’Otan, début avril, à Strasbourg. L’information, révélée mercredi soir dans un communiqué du ministère de l’Intérieur, a été confirmée localement par le parquet jeudi. Deux des six personnes interpellées ont toutefois été remises en liberté pour absence de charges.
Ces interpellations sont survenues dans deux cadres procéduraux distincts. Il y a d’abord l’information judiciaire ouverte suite à l’incendie de l’hôtel Ibis dans le quartier du Port du Rhin, le samedi 4 avril, en marge de la grande manifestation anti-Otan. Un juge d’instruction et des policiers de la division interrégionale de police judiciaire travaillent sur cette affaire. C'est «l’examen des films» (des caméras de vidéosurveillance) qui a permis aux enquêteurs d’interpeller cinq personnes, dont deux ont été relâchées, indique le parquet de Strasbourg. Les trois autres sont des mineurs nés en 1993 et 1994 et domiciliés à Strasbourg. Ils ont été présentés au juge d’instruction, mis en examen, puis remis en liberté sous contrôle judiciaire (mesure de «liberté surveillée préjudicielle» propre aux mineurs) ou avec obligation de suivi éducatif. Ils sont suspectés d’avoir commis des dégradations contre l’hôtel Ibis, mais «ils ne sont pas mis en cause pour l’incendie lui-même», précise le procureur adjoint Claude Palpacuer.

Le sommet de l’Otan a été marqué par plusieurs affrontements entre contre-manifestants et forces de l’ordre. Le 4 avril, jour de la grande manifestation anti-Otan, des blacks blocks auxquels s’étaient mêlés quelques jeunes des quartiers de Strasbourg avaient détruit ou endommagé deux bâtiments des douanes, un hôtel et un ilot commercial dans le quartier du Port du Rhin, livré aux violences pendant près d’une heure et demie (voir les articles du 4 et du 6 avril pour plus de détails).
Au total, quatre informations judiciaires sont ouvertes, indique le parquet de Strasbourg. L’une pour l’incendie de l’hôtel Ibis, l’une pour celui de l’ilot commercial et une troisième pour celui des bâtiments des douanes. Deux personnes de nationalités russe et allemande ont déjà été mises en examen dans cette affaire. La quatrième information judiciaire concerne des violences contre des militaires dont le véhicule avait été visé par un pieu de bois au niveau du pare-brise, dans le quartier du Neuhof, le 2 avril.
Leur presse (LibéStrasbourg), 11 juin 2009.

Arrestation d’une militante pour cause de fumée :
À quand les barbecues syndicaux comme arme de destruction massive ?
Hier midi, une militante de Sud Étudiant a été placée en garde à vue au sujet des «violences en marge du contre-sommet de l’Otan», elle fut relâchée peu avant minuit, après que les forces de l’ordre aient perquisitionné son domicile.
Les autorités enquêtant depuis plusieurs semaines sur l’incendie d’un hôtel lors du contre-sommet de Strasbourg en avril dernier ont souhaité entendre notre camarade. Les causes de cette mise en garde à vue sont plus que douteuses. Notre camarade, lors de la manifestation du samedi 4 avril, avait reçu un projectile au visage, l’obligeant à se rendre aux urgences. Elle fut admise en Allemagne, et sorti dans la nuit du samedi au dimanche.
Les autorités allemandes ont communiqué par la suite à la police française le nom de cette militante de Sud Étudiant, qui lorsqu’elle fut admise aux urgences, «sentait la fumée» à leurs dires… Dans le cadre de l’enquête sur l’incendie de l’hôtel, le ministère de l’Intérieur semble vouloir entendre mais aussi placer d’office comme «participants aux affrontements» toutes les personnes présentes aux manifestations de Strasbourg, surtout si ces dernières «sentent la fumée» !
Il faut préciser à ce sujet qu’avant le départ officiel de la manifestation du 4 avril, un certain nombre d’affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre. Un ancien poste de douane a notamment prit feu non loin du départ de la manifestation, il était donc assez difficile d’échapper aux odeurs de fumée…
Le ministère de l’Intérieur a d’ores et déjà félicité les enquêteurs strasbourgeois pour «leur minutieux travail». Six personnes ont été interpellées hier à Strasbourg pour leurs liens présumés avec les affrontements lors du contre-sommet de l’OTAN. De plus, un des organisateurs du sommet, qui a notamment négocié le parcours de la manifestation du 4 avril a lui aussi été interpellé il y a quelques jours. Encore une fois, les autorités cherchent des responsables, et n’en trouvant pas, en inventent de toute pièce. Sous des motifs inexistants, avec comme simple preuve la présence sur les lieux, les forces de l’ordre se permettent d’interpeller et de placer en garde à vue militant-es politiques ou syndicaux, manifestant-es et opposant-es au régime actuel. Le ministère tente ici à nouveau de faire passer ceux et celles qui luttent pour des criminels.
La Fédération des syndicats Sud Étudiant estime que la gestion par les forces de police du contre-sommet de Strasbourg et ses suites a été calamiteuse. Le dispositif policier en place lors du contre sommet n’a eu qu’une utilité : empêcher toute manifestation de se tenir. C’est pourquoi aujourd’hui, alors que la liberté de manifester a été largement bafouée la police en vient à arrêter toute personne ayant pu prendre part au contre-sommet. La police a encore démontré son incompétence hier : il ne reste plus qu’à arrêter les quelques milliers de personnes qui ont participé aux manifestations de Strasbourg !
Sud Étudiant, 12 juin 2009.