Arcelor-Mittal : "Sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle"
Des salariés d’ArcelorMittal s’en sont pris mardi au siège luxembourgeois de la société, jetant des projectiles sur le bâtiment et essayant de forcer la porte d’entrée lors d’une manifestation.
Environ 2000 salariés venus de France et de Belgique participaient à la manifestation, selon la police. Certains ont lancé des fumigènes et des projectiles lors de la réunion des actionnaires de la société, pour protester contre des mesures de chômage partiel et des fermetures temporaires d’usines annoncées par la direction.
Les syndicats belges avaient averti que la tension était vive au sein de l’entreprise, la direction n’ayant pas donné de détails précis sur les dates de réouverture des usines.
En France, la décision de la direction d’ArcelorMittal de réduire sa production d’acier devait entraîner le chômage partiel d’un millier de sidérurgistes sur 2600 à Florange (Moselle) entre avril et septembre, selon les syndicats.
Leur presse (AP), 12 mai 2009.
Les salariés d’Arcelor Mittal croisent le fer contre la Direction
Il aura fallu l’intervention de la police pour empêcher un millier d’ouvriers métallurgistes, belges et français, de s’inviter à l’Assemblée générale du géant mondial de l’acier, dans un contexte économique qui ne favorisera certainement pas les projets de laminoirs à Bayonne.
Pendant la réunion annuelle des actionnaires d’ArcelorMittal, no 1 mondial de l’acier, environ 1000 manifestants venus de France et de Belgique ont lancé des pavés et des barres en acier sur le siège au Luxembourg, en réaction à la décision du groupe de laisser seulement neuf des vingt-cinq hauts-fourneaux d’ArcelorMittal en fonctionnement en Europe de l’Ouest.
Venus essentiellement des usines de Florange, en Moselle, et de Liège en Belgique, les ouvriers ont cherché à demander des comptes au groupe qui multiplie les mesures de chômage partiel et les fermetures temporaires d’usines. (…)
Leur presse (eitb.com), 12 mai.
Arcelor-Mittal : Les sidérurgistes s’en prennent au siège
Près de 2000 salariés d’Arcelor-Mittal venus de France et Belgique ont manifesté hier vers midi avec sifflets, pétards et projectiles en tous genres à Luxembourg. Ils sont venus dénoncer les mesures de chômage partiel et fermetures temporaires d’usines. Tandis qu’à l’intérieur étaient réunis les actionnaires, des salariés ont tenté de forcer la porte d’entrée !
Très vite, le ton de la manifestation a été donné. «Le capitalisme nuit gravement à la santé» affichait par exemple le calicot porté par les syndiqués de la FGTB wallonne. Pétards lourds et coups de sifflets précédaient de loin le long cortège parti de Hollerich qui, arrivé devant le siège d’Arcelor-Mittal, place des Martyrs, a en plus pris des couleurs. Rapidement fumigènes et projectiles en tous genres ont fusé en direction de la façade tandis qu’une trentaine de sidérurgistes, plus remontés que les autres, n’ont pas hésité à jeter les barrières de protection contre la porte d’entrée.
Calmés après une bonne heure d’assauts répétés, les manifestants réclameront en vain à la police, la libération d’un des leurs. Un manifestant qui s’était hissé sur une balustrade du bâtiment avait littéralement été «happé» vers l’intérieur par la police.
Leur presse (Maurice Fick, Point 24), 12 mai.
«Lakshmi Mittal détendu et zen dans les fumigènes»
Il fallait montrer patte blanche pour pénétrer dans l’enceinte du siège historique de l’Arbed, à Luxembourg. Le Palais, qui est depuis devenu le siège officiel d’ArcelorMittal, était presque aussi bien gardé que l’Élysée les jours de garden-party. On dénombrait au moins une dizaine de véhicules de police, petits et gros, et l’on notait la présence du Samu et de quelques ambulances. Côté rue, des barrières avaient été érigées à une vingtaine de mètres de la façade pour empêcher qui que ce soit d’approcher. L’accès arrière était moins protégé mais tous les véhicules qui avaient le malheur de rester stationnés étaient passés au détecteur de métaux et envoyés à la fourrière. Le climat était plutôt tendu : les autorités attendaient au moins la CGT et un syndicat belge. Et ce, malgré le mot d’ordre de la Fédération européenne de la métallurgie, qui, suite à l’ouverture de négociations avec la direction, avait décidé de ne pas faire de manifestation.
L’assemblée générale a démarré dans le calme et a été expédiée en deux heures.
Avant de s’attaquer aux comptes et au contexte économique, Lakshmi Mittal a fièrement affirmé que d’énormes progrès avaient été faits en matière de sécurité des salariés dans le groupe, sans toutefois que l’objectif de zéro dommage soit atteint. Et pour cause : un accident dans une mine du Kazakhstan en janvier 2008 avait fait au moins trente morts.
Le président-directeur général, qui détient avec sa famille 43% du capital, s’est ensuite longuement attardé sur le contexte économique et toutes les décisions que la direction générale a prises pour faire face à la crise. En plus des mesures drastiques de réductions de coûts et d’opérations destinées à faire diminuer la dette du groupe, elle a très rapidement fait baisser la production. «Actuellement, seuls 9 hauts fourneaux sur 25 tournent en Europe, et l’outil ne fonctionne qu’à 50% de ses capacités», a-t-il répété à plusieurs reprises. Il s’est attardé sur cette baisse de production, précisant bien que la demande n’avait pas chuté dans ces proportions. «Nous espérons que la demande réelle ne baissera pas de plus de 15 ou 20%», a-t-il martelé. «Mais pour le moment, nous continuons à produire peu car nous voulons poursuivre notre déstockage, dont nous espérons qu’il s’achèvera à la fin du trimestre. Mais nous ne reprendrons pas la production tant que la demande, les prix et les marges ne seront pas repartis à la hausse.»
Devant une crise qu’il a qualifiée de «la plus grave de toute sa carrière», il a proposé de diviser le dividende par deux et de suspendre la politique de rachat d’actions.
La séance de questions/réponses a à peine duré cinquante minutes. Courtois comme à son habitude, Lakshmi Mittal a répondu à la quasi-intégralité des questions lui-même. La gouvernance, notamment, a posé problème. Plusieurs actionnaires ou représentants se sont émus de le voir concentrer les fonctions de président et de directeur général, de ne pas traiter les petits actionnaires comme les gros, et de ne pas avoir d’administrateurs réellement indépendants. «Arcelor Mittal croit en une transparence forte et nous présentons des normes très élevées de gouvernance, a-t-il répondu calmement. Nous sommes tenus de nous conformer au droit luxembourgeois, tant en terme d’indépendance des administrateurs que de respect des petits actionnaires. De plus, la Bourse de New York exerce des tests avant de déclarer les administrateurs indépendants.»
Un actionnaire s’est ensuite étonné qu’un plan de stock-option soit en cours dans ce contexte économique difficile. «C’est un plan à long terme, soumis à restriction. Il vise à motiver les salariés et c’est surtout dans les périodes difficiles qu’il faut maintenir ce genre de plans», s’est-il défendu.
Enfin, à une question sur la reprise du travail en Lorraine (le site de Florange est le plus durement touché des trois sites hexagonaux d’aciers plats), il a répondu sans détour : «Nous essayons de tourner au meilleur équilibre financier. Il faudra réfléchir à la compétitivité des coûts avant de relancer les hauts-fourneaux un par un. Ce sont les plus rentables qui redémarreront en premier.»
La séance du vote, elle, a été brièvement perturbée par le déclenchement, à trois reprises, de l’alarme anti-feu. Les odeurs de fumigènes émanant du bas de l’immeuble, où les manifestants attendus s’étaient retrouvés (plusieurs centaines), n’ont pas empêché la fin du vote.
En revanche, faute d’un nombre suffisant d’actionnaires, la partie extraordinaire de l’assemblée générale n’a pas pu se tenir. Elle prévoyait de mettre au vote la possibilité de procéder à une augmentation de capital. À l’issue de l’assemblée générale, Lakhsmi Mittal et son équipe ont appelé les actionnaires à rester au deuxième étage du Palais en attendant un retour au calme. Avant d’avoir le droit de quitter les lieux, les actionnaires étaient priés de se débarrasser de toute trace (badge, sacs en papier orange) de présence à l’assemblée générale. À quinze heures, le quartier était toujours bouclé.
Leur presse (Héloïse Bolle, Challenges), 12 mai.
4000 métallurgistes défilent en Belgique
Quelque 4000 ouvriers métallurgistes ont défilé aujourd’hui à Namur, capitale régionale de la Wallonie, au sud de la Belgique, pour réclamer une convention collective plus favorable à leur pouvoir d’achat, selon les médias belges.
La manifestation à l’appel de la FGTB (socialiste) s’est accompagnée d’une grève de 24 heures dans l’industrie métallurgique en Wallonie et à Bruxelles, notamment dans les installations d’ArcelorMittal à Liège.
Les métallurgistes de la FGTB refusent l’accord sectoriel passé entre le patronat et le syndicat CSC (social-chrétien), estimant qu’il revenait sur les termes d’un accord interprofessionnel plus large prévoyant une prime de 125 euros net en 2009 et de 250 euros net en 2010.
«Sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle», pouvait-on lire sur la banderole en tête du défilé, qui s’est disloqué sans incident en début d’après-midi.
Si elle ne participait pas lundi à la manifestation de Namur, la CSC devrait en revanche se joindre à la FGTB pour un rassemblement prévu mardi à Luxembourg devant le siège d’ArcelorMittal où se réunira l’assemblée des actionnaires. Ils devraient y retrouver notamment les syndiqués français de la CGT.
La sidérurgie liégeoise devrait donc être complètement à l’arrêt ce mardi.
Par ailleurs, selon la chaîne de télévision publique RTBF, quelque 150 métallurgistes ayant manifesté à Namur devaient se rendre lundi devant le siège du distributeur du groupe Fiat à Bruxelles pour y exprimer leur solidarité aux travailleurs de cette entreprise qui l’occupent depuis jeudi.
Un tribunal bruxellois devait statuer lundi sur la situation chez Fiat, à la requête du groupe automobile italien qui a fait citer à comparaître trois des occupants.
Selon leur avocate interrogée par la chaîne de télévision privée RTL-TVI, les syndicats devaient plaider que Fiat continuait de refuser de négocier un plan social au mépris de la législation belge du travail.
Fiat veut procéder chez son distributeur officiel Italian Automotive Center (IAC) au licenciement sec de 24 employés, dont 12 délégués syndicaux, sur un effectif total de 90 personnes.
Une vingtaine de salariés occupent depuis cinq jours les locaux du distributeur, où 140 voitures neuves sont en dépôt.
Leur presse (AFP), 11 mai.